Ethan :"Fast"

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J'acquiesce, Mila a raison, je dois y aller. Je dois aller parler à Elsy, tout de suite.

Au moment où je m'apprête à partir, la chanson qui passe à la radio dans le local où nous sommes : "I put a spell on you" de Annie Lenox.

Je quitte Mila et la galerie avec cet air entêtant dans mon esprit.
Je referme soigneusement la lourde porte vitrée qui sépare son local de la rue, tout en me retournant une derrière fois pour observer le jeu des lumières sur les photos de Mila.

Je commence à sentir des gouttes perler sur mon visage. Je relève la tête vers le ciel. Il fait nuit et l'air frais envahit mes poumons. Tout en fermant les yeux, je ressens l'impact de chaque goutte sur mon visage.

Je me concentre sur cette sensation basique, cela faisait des années que je n'avais pas prêté attention à ce genre de perceptions. Cette sensation simple qui fait qu'on se sent vivant.

Je passe ma main sur mon visage et frictionne mes cheveux mouillés pour pouvoir enfiler mon casque sans le tremper totalement.

Je monte sur ma moto, je vais aller la voir, je vais enfin lui parler.
Je sais qu'elle habite à la Cité étudiante à côté de la fac, la trouver ne sera pas bien compliqué.
Elle va peut-être me prendre pour un dingue, mais il faut que je le fasse.

Pour la première fois depuis un moment, je ne pense pas à ce que je vais lui dire ou à ce que je peux ressentir pour elle. Je me content de rouler.

La pluie continue de plus belle, mais peu importe. Rien ne me détournera de mon objectif. Pas ce soir.

Arrivé sur place, je regarde sur les boîtes aux lettres. Facile, avec son nom, il me faut peu de temps pour trouver son bâtiment.

Je cherche un peu plus longtemps en revanche sa porte, les numéros sont effacés par le temps et l'usure, aussi, je suis obligé de taper à plusieurs portes, un peu au hasard.

La dernière porte qui s'est ouverte a dévoilé une jeune fille aux cheveux ébène en tenue légère. Quand elle m'a vu, elle m'a invité à rentrer, ce à quoi je lui ai gentiment répondu de retourner etudier ses partiels...

Vexée, elle a grimacé avant de claquer la porte, et je dois dire que j'ai esquissé un petit sourire à ce moment précis.

Je frappe enfin à la porte qui me semble être la bonne. N°7?
Sur la boîte aux lettres en bas dans le hall, il y avait indiqué" Elsy et Julie" suivi de leurs noms respectifs. Cette fois-ci cela devrait être la bonne.

Je me demande qui va m'ouvrir et surtout s'il y a quelqu'un. Trouver porte close serait un supplice.

On m'ouvre enfin au bout de quelques longues minutes, c'est son amie, Julie. Elle n'est même pas surprise de me voir. En revanche, elle est vraiment très pale, les yeux brillants, elle a l'air paniquée.
La veste sur son dos et le sac en bandoulière me laissent présager qu'elle était sur le départ. Elle sortait.

Sa voix chevrote et elle a du mal à reprendre son souffle:

- Elsy... c'est Julian, elle...il...

Je comprends vite qu'il se passe quelque chose d'anormal, sa respiration est saccadée.
J'ignore juste le degré de gravité de la situation.

Je l'attrape par les épaules d'un geste rassurant, elle est chancelante. Nous rentrons et elle s'assied sur le canapé. Je me m'accroupis face à elle, l'encourageant à m'expliquer ce qu'il se passe.

Puis, secouant la tête, comme si elle refusait d'y croire, elle me tend son téléphone. Un texto est encore affiché sur l'écran de son portable.

"Aide moi, j'ai peur. Il m'emmène à l'entrepôt. Je t'en supplie."

Elle m'explique tant bien que mal qu'elle l'a reçu il y a quelques minutes, qu'elle se rendait à la police, ne connaissant pas l'adresse de cet endroit.
Je comprends immédiatement. Il n'a pas choisi ce lieu par hasard.  Putain, je vais le tuer. Le pire, c'est que j'en suis capable.

Je sors sur le palier, et mon poing vient heurter violemment la cloison séparative de l'escalier. le bruit est sourd; à tel point que plusieurs portes du palier s'entrouvrent pour comprendre l'origine de cette source sonore.

Je me retourne vers Julie. Elle est effrayée et en même temps son regard est plein d'espoir. Je ne ressens pas tout de suite la douleur dans mes phalanges, et je remets mon gant sur mes articulations écorchées.

- Je vais la ramener, ne t'en fais pas. Je vais revenir avec elle.

Elle acquiesce d'un hochement de tête répétitif, elle ne dit plus un seul mot. Mais nous nous comprenons.

Tout en enfilant mon autre gant, ainsi que mon casque, je dévale les escaliers et cours rejoindre ma moto. Je démarre et je sors du parking en faisant vrombir le moteur le temps que la barrière s'ouvre.

Tiens bon, Elsy.

Évite Moi, si tu peux... (Terminée) Where stories live. Discover now