Destination...

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Je m'empressais de me diriger vers la porte d'embarquement 7D.
Jamais je n'aurai pensé pouvoir aller au bout de mon idée. Partir comme ça vers l'inconnu.

C'est bien la première fois que je fais quelque chose d'aussi dingue, et je dois dire que ça fait du bien.

Ne pas tout contrôler, tout maîtriser, se laisser porter.

Je peux ressentir ce trac, mes pulsations cardiaques se sont accélérées et amplifiées. Mon pouls se fait ressentir jusqu'à la base de mes poignets.

Le long des couloirs interminables de l'aéroport, je regarde de nouveau mon billet d'avion.
J'ai comme un besoin irrépressible de le regarder encore et encore pour réaliser que c'est réel. Je pars.
Je passe enfin un dernier contrôle avant l'embarquement.
Il est dix neuf heures trente. Mon avion va bientôt décoller.
Je regarde les panneaux signalétiques. Une flèche lumineuse indique la salle pour la destination du vol AF321 pour Londres.

Mon cœur se serre. Londres.

J'ai toujours voulu aller à Londres. Je m'étais dis que ce serait mon prochain voyage, je me trompais.

Un panneau plus tard, je repère enfin ma destination. Je respire profondément avant de m'engager vers cette nouvelle voie.

Je balaye la salle d'embarquement du regard. Des visages crispés, d'autres souriants, un enfant qui pleure, d'autres qui jouent... Je me demande en les regardant quelles sont leurs vies, quelle est leur histoire, pourquoi, nous nous rendons tous au même endroit?

Soudain, je repère deux hôtesses de l'air au comptoir qui chuchotent et chahutent discrètement. Toutes deux ont le regard ancré sur la même chose, leur attitude m'interpelle. Je n'ai qu'à fixer à mon tour ce qu'elles regardent pour comprendre.

Il est magnétique. A mon tour, je le fixe également, de profil, assis au bout d'une rangée de sièges, penché sur un livre, concentré. Il n'a même pas remarqué le petit jeu des jeunes femmes aux tailleurs bleus. Poing serré, mâchoire crispée, il reste magnifique, majestueux.
Je m'approche doucement pour ne pas briser ce moment. Son visage est tendu plus que d'ordinaire. Ses traits tirés le rendent juste plus inaccessible.

Je m'approche à pas feutrés, jusqu'à être juste derrière lui. Jusqu'à ressentir son parfum, jusqu'à m'imprégner de son odeur et me laisser submerger par l'émotion.

Soudain, il a dû sentir ma présence. Il relève la tête et parcours la salle du regard un instant.

Puis, alors qu'il allait se replonger dans sa lecture, il se retourne, et nous nous trouvons nez à nez. Il a l'air abasourdi, il ne réagit pas. Rien.

Je m'attendais à une autre réaction de sa part, je suis surprise à mon tour. Merde. Que dois-je faire? Quelques instants fragiles passent, et ces quelques instants me paraissent durer une éternité.

Puis, d'un coup, sans me quitter du regard, sans dire un mot, il se lève, et tout en me prenant la main, il me tire contre lui, me serrant dans ses bras avec passion et force. Au bout d'un long moment, il relâche légèrement son étreinte, prend un peu de recul et tout en me tenant dans ses bras, il plonge ses yeux dans les miens.

Quand je le regarde à mon tour, je vois dans ses yeux toutes les réponses à mes questions, à mes interrogations, mes doutes. Je me retrouve quelques mois en arrière, ce jour où nous nous sommes rencontrés. Ce jour où je n'arrivais pas à comprendre ce qui m'avait autant marquée dans son regard.

En une fraction de seconde, tout est clair, limpide... Barcelone, Paris, ailleurs, je sais que j'ai fait le bon choix: je nous ai choisis NOUS.



Évite Moi, si tu peux... (Terminée) Where stories live. Discover now