Frissons

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Je tremble... la porte s'ouvre en grinçant horriblement, m'arrachant des frissons incontrôlables.
Les larmes me montent aux yeux.

Julian se tient là. Devant moi.
Les yeux injectés de sang. Il n'est plus lui-même, c'est évident. Je sais à présent que tout dialogue est vain.

Il est fortement marqué sur le visage, il vient de se battre.
Il a l'arcade sourcilière ouverte tant et si bien qu'il aurait certainement besoin d'avoir des points de suture.
Sa chemise, elle aussi porte les stigmates de son combat.

Je regarde rapidement la sortie et je me lève d'un saut pour essayer de fuir cet endroit lugubre. Je bondis et cours en direction de la porte essayant d'éviter Julian au passage.
En vain, Julian me hurle dessus et il m'a attrapée par les poignets, avortant instantanément ma tentative lamentable.

- Lâche moi! Lâche moi! A l'aide! Au secours!
Je hurle de toutes mes forces.

Je croise le regard de quelques individus présents un peu plus loin. Ils s'arrêtent quelques instants pour regarder dans ma direction, puis vaquent de nouveau à leurs occupations.

Julian semble encore plus fort.
Ce qu'il a consommé semble décupler ses forces autant que cela lui ôte tout sens commun.

Il me regarde tandis qu'il retire la grosse ceinture en cuir noir qui maintient son jean.
Il prend le temps de la retirer tout en plantant son regard dans le mien et prend soin de la rouler sur elle-même, autour de l'épaisse boucle en métal qui l'orne.

Il se rapproche de moi de plus en plus et je me retrouve coincée entre son être et le bureau.

Julian prend plaisir à regarder l'effroi qui se lit sur mon visage. Et tandis qu'il se rapproche d'avantage, je sens son souffle chaud et chargé d'alcool sur mon visage.

Il s'immobilise, collé à moi, me dominant, si proche que je sens des gouttes de sang tomber sur moi.
Les gouttes s'écrasent désormais sur la soie blanche de mon chemisier, et s'étendent comme le feraient des gouttes d'encre sur un buvard, dessinant tour à tour des motifs étoilés à géométrie variable.

- Tu ne m'embrasses pas, beauté?

Je détourne mon visage pour ne pas avoir à affronter son regard et fuir au maximum le contact visuel avec lui.
Il profite de cette position pour s'approcher de ma nuque.
Il m'embrasse dans le cou, tandis que mon corps tout entier se raidit de dégoût et de colère. Je suis même parcourue par un haut le cœur que j'essaie de vaincre.

Comment un contact physique avec la même personne peut à ce point être extrême?
Comment peut-on avoir des frissons de plaisir un jour et des frissons de dégoût un autre?

Je suis coincée, impossible de bouger. Je ne peux même pas lui donner un coup de genou bien placé, comme me l'a si souvent recommandé mon cousin Cipher en cas d'agression.

Des larmes incontrôlables coulent lentement sur mon visage, je ne les ai même pas senties, je vois juste leur fin de course sur le plan de travail rouillé du bureau qui me soutient.

J'essaie de penser à autre chose, de divertir mon esprit afin d'apaiser ce qui est devenu mon supplice.

Des hurlements retentissent à proximité. Je me demande si c'est de nouveau un combat qui commence ou si c'est autre chose.

Cette fois-ci cela dure bien plus...





Évite Moi, si tu peux... (Terminée) Where stories live. Discover now