Face à Face

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Nous entrons dans un superbe bureau meublé avec goût. Le rouge écarlate des deux fauteuils clubs attire mon regard. La pièce est grande et on dirait qu'elle sort tout droit d'un vieux film de gangsters.
Ce moment est comme suspendu dans le temps. C'est vraiment une drôle de sensation.

Je n'ai pas le temps de découvrir le reste de la pièce, Ethan me tire vers lui avec puissance et il me prend dans les bras, enfouissant sa tête dans mes cheveux. Il reste comme cela quelques instants et je sens sa respiration dans ma nuque et sa châleur communicative m'envahir.
C'est comme s'il voulait s'imprégner de moi ou moi de lui.

- Que m'as tu fait douce inconnue? (Sa voix est un murmure doux et fragile)

Puis il relève mes cheveux et les enroule d'un geste expert autour de son poignet, libérant mon cou de tout obstacle.
Il embrasse tendrement chaque morceau de peau entre ma nuque et mon épaule. Je sens qu'il me désire et je le laisse poursuivre sa délicate ascension, agrippant sa chemise comme une bouée de sauvetage pour reprendre pied.

Il se redresse lentement pour me faire face, libérant soigneusement mes cheveux pour ne pas me faire mal.
Avec sa main, il enveloppe mon visage et me carresse la joue avec son pouce. Au contact de sa peau, je frémis, je me demande si je rêve ou si le moment est réel tant il est soudain.
Ce mec est tellement rassurant et sûr de lui en même temps que l'espace d'un instant je le laisse prendre le contrôle. Non, rectification faite, il a pris le contrôle sans mon autorisation. Il n'est pas du genre à demander l'aval à quelqu'un avant d'agir.

Son regard me transperce littéralement. Mes prunelles grises deviennent incandescentes à son contact.

Tandis que nos lèvres se rapprochent, je ferme les yeux et parcours les quelques centimètres qui nous séparent encore... il marque un temps d'arrêt.

- Désolé, Elsy. Je ne peux pas.

Il m'embrasse sur le front comme dans un adieu et quitte la pièce sans se retourner.

C'est une blague !? Un pari? Non, mais quel con ! Il apparaît, sorti de nulle part tel captain America, me sauve d'un connard sur la piste de danse puis me jette comme une moins que rien. Je me sens minable, lamentable et j'ai honte. Honte d'avoir cru un instant que moi, Elsy jeune provinciale pouvait intéresser quelqu'un comme lui.

Il me laisse seule, face à mes doutes et mes angoisses et dans l'incompréhension la plus totale.

J'attends que la porte soit fermée pour libérer mes larmes. Un mélange de chagrin et de colère.
Je me blottie dans un de ces fauteuils club hors de prix et mes larmes coulent sans retenue.
Je libère le stress des quinze derniers jours. Le déménagement, le départ loin de ma famille, les premiers jours de fac et ma déception avec ce crétin.

Puis je réalise qu'en quelques minutes je passe du désir aux larmes et des larmes au rire.

Je me surprends à rire de cette situation incroyable que je viens de vivre. Moi. Mais à quoi je pensais?
Ai-je vraiment envisagé quelque chose avec Lui? Avec mon prof ? Mon inconnu canon de prof ?!

Il faut que je laisse tomber... ce mec il est trop bien pour moi. Ou plutôt, je ne suis pas assez bien pour lui.
On ne joue pas dans la même catégorie, la réalité est là.

Je regarde ma montre, ça fait bien dix minutes que je suis blottie ici. Il faut que je bouge sinon Julie va s'inquiéter.

Je sèche mes larmes en me demandant comment j'ai pu être aussi naïve... aussi conne... pourtant j'aurai juré que...
Je me dis quand même qu'il ne doit pas être bien dans sa tête. Et puis il a raison je suis une inconnue, autant que lui en est un pour moi. Mais m'attirer pour mieux me jeter,  c'est limite sadique.

Je suis interrompue dans mes pensées par des acclamations venant de l'appart. Je sors de la pièce et me retrouve face à un attroupement. Une fille au milieu se donne en spectacle en ingérant des shooters de vodka. La pauvre malheureuse, vulgaire au possible semble mourir de chaud et se déshabille sous les encouragements motivés des mecs autours.

Parmi les acclamations je reconnais sa voix entre toutes...

- Allez, je suis sûr que tu peux mieux faire, dit-il en l'encourageant, sourire aux lèvres, une bière à la main.

Je lui jette un regard à la fois plein d'incompréhension et d'indifférence. Il feint de m'ignorer mais il se pince les lèvres.
Je donne le change mais au fond de moi, j'ai mal.

J'aimerai être très loin de lui en ce moment et ne jamais l'avoir rencontré ce jour là.

Je détourne le regard, je dois passer à autre chose. Je dois voir un peu de positif dans cette soirée. Pour une fois que je sors, vraiment c'est injuste, je m'en veux, je lui en veux.
Un petit coup d'oeil à ma montre, il n'est pas tard. Je décide de profiter de la fin de la soirée. Moi aussi je pourrai le pousser dans ses retranchements si je voulais. Juste comme ça. Pour voir....

Évite Moi, si tu peux... (Terminée) Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin