Chapitre XXXVII

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XXXVII

– Mais tu es fou ! Il y a encore plein de monde en bas.

– Ça n'a pas d'importance. Je me fiche du monde ; j'avais envie de te voir. Et puis, ce ne sera pas la première fois.

– Un jour, il faudra vraiment que je te fasse tabasser par ma garde pour t'apprendre à t'infiltrer dans ma chambre sans autorisation.

– Le jeu en vaut la chandelle.

Dietr se pencha vers elle, et Hannah se souleva vers lui ; d'un même mouvement, ils s'embrassèrent passionnément comme deux êtres qui se sont désirés secrètement pendant bien trop longtemps.

– Alors ? murmura-t-il. Il paraît que tu as triomphé du monstre ?

– Je n'ai rien à t'apprendre, hein ? C'est en partie grâce à toi, tu sais.

Elle n'aimait pas lui montrer à quel point elle avait besoin de lui, mais il fallait bien qu'elle s'ouvre un peu si elle voulait développer encore leur relation. Elle soupira.

– C'est en toi que j'ai trouvé mon départ de motivation. J'ai bien failli y laisser ma peau... Mais il faut bien croire que ma vie est concentrée dans mes os, et que j'ai les os solides. Et je dois bien avouer que tu avais raison de venir me prévenir au départ... D'ailleurs, sans cela, nous n'en serions pas là aujourd'hui.

– Tu es bien gentille, ce soir.

– Ça te déplaît ?

– Mmm, fit-il en se penchant pour l'embrasser à nouveau.

Elle lui mordit la langue, il la retira immédiatement.

– C'était assez méchant à ton goût ?

Il ne répondit pas et la repoussa gentiment sur le lit. Elle défit les draps et lui déboutonna avec empressement sa chemise. Leurs lèvres se joignirent à nouveau ; il s'allongea sur elle, leurs mains glissaient partout. Il dessina le contours de ses hanches, des cuisses, elle agrippa fermement ses doigts à son dos, il lui lécha le cou.

– Je t'aime, murmura-t-elle dans son oreille.

Et dès que les mots eurent franchi ses lèvres, elle se sentit plus petite, plus faible, comme si quelque chose s'était brisé en elle.

– Je te sens plus fragile. J'aime quand tu t'ouvres à moi, quand tu oses te révéler avec tes faiblesses.

Il continuer à s'attaquer à son cou et à glisser sur elle. Leur corps s'alliaient parfaitement.

– Je tiens à toi plus qu'à la vie, Hannah, et je t'aimerai jusque dans la mort.

Il la mordit gentiment et commença à lui faire un suçon. Elle gémit doucement.

***

Elle ouvrit péniblement les yeux le lendemain matin ; ses paupières étaient terriblement lourde, et à son mal de crâne cinglant s'ajouta une violente nausée soudaine. Elle se redressa pour la contenir, et c'est alors seulement qu'elle se rendit compte qu'elle était complètement nue. Même si elle n'était pas très pudique – et sûrement pas avec elle-même – elle laissa échapper un petit cri et se replia en position fœtale. Une fois encore, elle ne gardait qu'un vague souvenir du départ de Dietr, qui repartait toujours par là où il était venu, et plus discrètement encore qu'il était entré si c'était possible. Avec les quelques verres de trop qu'elle avait bus la veille, l'ensemble de son passage semblait un long rêve. Mais elle portait toujours une marque d'un rouge violacé sur le cou comme preuve irréfutable de son appartenance. Elle la tâta instinctivement. Il faudrait qu'elle la cache avant que Anne ne vienne lui apporter son petit-déjeuner. D'ailleurs, si elle n'était pas encore là, c'était qu'il était tôt. Il faudrait qu'elle se couvre aussi. Elle se leva ; chaque pas résonnait au fond de son cerveau. Tout lui semblait flou ; elle avait mal au ventre. Elle se sentait écœurée, et pourtant, elle avait faim. Elle alla ouvrit son armoire et enfila une longue chemise de nuit à fines bretelles. Elle peigna ses cheveux emmêlés sans aucun ménagement, en tirant sauvagement dessus, et se débarbouilla. Elle trouva de la poudre pour les joues en abondance dans sa table à coiffer et dans les divers placards de son immense salle d'eau, et elle entreprit de masquer le suçon avec soin. Elle n'aura qu'à demander une robe à col haut pour ce matin. Puis elle retourna dans sa chambre à coucher pour aller s'allonger à nouveau sur son lit, où elle resta immobile une heure peut-être, la tête vide et glacée, comme elle avait perdu l'habitude de le faire depuis qu'elle était sortie du bagne.

L'éveil de Karey Daa (Les XXIs, livre III)Where stories live. Discover now