CHAPITRE 5

249 51 9
                                    


Nous nous sommes toutes les trois levées tôt pour prendre le bus qui nous mènera à la plage. Ma mère et ma sœur se sont assises sur le banc, le temps que je regarde les horaires de bus.

— C'est bon, il y en a un dans cinq minutes, dis-je en m'asseyant à mon tour.

L'écho d'une moto attire mon attention. Pas besoin de me retourner pour savoir à qui elle appartient, je reconnais immédiatement le ronronnement de l'engin de la mort. Surprise de l'entendre ralentir à mon niveau, je me lève d'un bond pour être au plus proche de la route mais surtout au plus loin de ma mère et ma sœur.

Sony s'arrête juste devant moi en posant un pied à terre. Il lève son casque en remettant ses cheveux en arrière. Quand ses yeux croisent les miens, il m'adresse un sourire charmeur, qui fait flageoler mes jambes. Pourquoi à chaque fois que je le vois, des étranges phénomènes chamboulent mon corps tout entier ?

— Salut princesse, tu veux que je te dépose ?

Quoi, sur ton bolide de la mort, accrochée à tes hanches, collée contre ton dos musclé, sous le regard de ma famille ? Euh... attends voir, oui, non, non, oui... Derrière moi, ma mère et ma sœur pouffent dans leur coude, tout sauf avec discrétion. Le rouge s'empare de mes joues puis de mon visage tout entier. J'AI HONTE !

— Non merci c'est gentil, mais je suis avec ma mère et ma sœur, on va à la plage.

Attiré par les railleries des deux femmes dans mon dos, Sony passe la tête par-dessus mon épaule, afin de regarder les énergumènes qui m'accompagnent et qui osent le détailler de la tête aux pieds. Malgré tout, il leur dédicace un sourire à réveiller les morts. Génial ! Ma mère est sous le charme et ma sœur semble complétement hypnotisée. De mieux en mieux !

— Mesdemoiselles, bonjour.

Monsieur Don Juan, souligne sa politesse du légendaire clin d'œil, spécial dragueur. Et voilà que ma mère glousse ! Les deux conspiratrices, s'unissent pour lui adresser un signe de main façon miss monde. J'ai l'impression d'être victime d'une mauvaise blague ou spectatrice d'une effroyable pièce de théâtre. Contrairement à moi, Sony, semble s'amusé de la situation. Je lève les yeux au ciel, car là, j'ai vraiment honte. Sauvée voilà le bus !

— À tout à l'heure Sony.

— A tout' maîtresse.

Il m'accorde un regard séducteur, replace son casque, puis repart sur sa moto en emportant avec lui mon cœur. Je secoue la tête pour me remettre les idées en place, avant de me retourner sur ces deux collégiennes en folies.

— Vous pouvez arrêter de baver maintenant qu'il est parti ?! dis-je très en colère.

— Eh Vicky, tu pourrais peut-être me présenter à tes nouveaux amis ? demande ma sœur d'un air enjouée.

— Jane, ce n'est pas mon ami, c'est juste une personne à qui je donne des cours, quelqu'un sans importance.

— Ah bon... sans importance ? insiste ma mère. Pourtant, il te regardait avec un air plus qu'intéressé, et de toute évidence, il a de l'importance pour toi. Ton corps te trahissait jeune fille !

C'est possible qu'un corps trahisse son hôte ? Et voilà que je me heurte maladroitement à l'évidence, je deviens cette fille qui m'a toujours exaspérée, celle qui minaude pour attirer l'attention. Gênée, je pique un fard.

— Bon, on le prend ce bus, ou on reste là à tergiverser sur ce qui n'est pas ?!

— Ok, il est sans importance alors. Message reçu ! me répond ma mère amusée.

SantanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant