Santana

CHAPITRE 7

Je passe la matinée de jeudi isolée dans ma chambre. Je rumine toute la journée d'hier en compagnie de Sony ; la moto, la plage, l'étreinte, le gang, la dispute, et bien sûr, Samantha. Comment peut-il lui faire une chose pareille et comment peut-il me faire ça ? Je suis peut-être novice mais il y a des signes qui ne trompent pas. Je suis déçue que mon cœur puisse choisir un homme de cet acabit, menteur, dissimulateur et vil.

Malgré l'amertume et le mépris que je lui concède, dès que je ferme les yeux son image m'assaille me propulsant dans l'eau avec lui ; son regard...captivant, ses lèvres...envoutantes, son sourire...enjôleur, son rire...une mélodie et son corps...excitant.

Malheureusement pour moi, mon imagination est débordante, car allongée au fond de mon lit, j'arrive à ressentir son odeur et les émotions qu'elles provoquent en moi. Un mal silencieux me serre la poitrine et me dévore les entrailles. Ce garçon a eu l'audace de jouer avec mes sentiments sans se soucier des conséquences.

Bientôt, la sonnerie d'un texto me sauve de ces pensées douloureuses. J'essuie mes yeux humides de la paume de mes mains et attrape mon téléphone.

Gaby :

Ça te dit de venir manger une pizza chez moi ce soir ? Mon père n'est pas là et je n'aime pas être seule.

Moi :

Super. Vers quelle heure tu veux que je vienne ?

Gaby :

18H00 à mon appart. Bisous à plus.

Prendre l'air avec une amie, rien de mieux pour se vider la tête et ne plus s'apitoyer sur son sort.

***

Après avoir prévenu ma mère de ma sortie, c'est toujours la poitrine serrait que je me rends chez mon amie qui m'accueille chaleureusement. Nous scellons ce début d'amitié aux files des jours. On se croise souvent, discutons longtemps et apprenons vraiment à nous connaître. Cette fille à une pêche d'enfer et un charisme hors du commun. Mais ce soir, je sens qu'elle a quelque chose à me confier. Patiente, je la laisse se livrer à moi.

— Alors quoi de neuf ? demande-t-elle comme à chaque fois.

Comment te dire, je suis tombée sous le charme de Sony, qui de toute évidence est avec Samantha. Depuis, je pleure toutes les larmes de mon corps. J'aimerais tellement pouvoir lui révéler le fond de cette pensée, mais Gabrielle est la cousine de celui qui me tourmente.

— Rien de spécial, et toi ? dissimulé-je.

— Jazz m'a invitée à sortir avec lui.

Donc, j'avais visé juste, mon amie avait besoin de se livrer et elle était bien sous le charme de Jazz. Et pas qu'un peu, car elle m'annonce la nouvelle en sautant de joie et en tapant dans ses mains.

— Je suis contente pour toi. Il a l'air vraiment sympa.

— Et il est super canon ! ajoute-t-elle en roulant les yeux tout en se jetant en arrière sur le canapé dans un long soupir. Et toi, pas de garçon en vue ? me demande-t-elle sans préambule.

— Euh non, je ne sors pas beaucoup, sauf pour te voir ou faire les cours de soutien.

— Ça se passe bien avec Sony ?

Mon cœur se comprime cruellement, comme si le nom de Sony était une éguille qui se plante dans la poitrine de ma poupée vaudou.

— Il sait se montrer attentif, du coup, on a terminé les révisions hier.

— Lui, attentif ? rie-t-elle de bon cœur. Tu as dû lui taper dans l'œil, voilà pourquoi !

Septique face à cette déduction, je fronce les sourcils, confuse et sur la réserve. Gabrielle doit certainement connaitre la vie intime de son cousin et de son amie, d'ailleurs l'autre fois sur le parking, ils ne s'en cachaient pas.