CHAPITRE 12

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Une soirée à penser à cet homme. Une nuit à rêver de lui. Au réveil, je suis toujours sous le charme sans pouvoir réfléchir à autre chose. Il devient mon centre d'intérêt inondant mon esprit. D'autant plus qu'aujourd'hui c'est l'heure de vérité, a-t-il réussi son examen ? Question qui restera sans réponse, avant que lui ne m'appelle pour me mettre au courant.

Dans l'attente, je descends dans la cuisine pour dire au revoir à mon père. Vais-je un jour m'habituer à son départ hebdomadaire ? Ma mère, elle, n'a pas l'air de s'y faire. Elle pleure à chaudes larmes, dès que son mari franchit le seuil de la porte. Ma sœur est visiblement la seule à supporter ce changement. Les absences de notre paternel, sont rentrées dans sa routine morne et silencieuse.

Cette journée s'annonce longue, ...tortueuse, alors, pour éviter le mal de crâne qui plane au-dessus de ma tête, je trouve une échappatoire adéquate qui pourrait sortir ma cadette de cette étrange solitude.

— Jane, ça te dit une journée plage avec ta super frangine ?

— Si tu veux ! dit-elle en haussant les épaules sans grande envie.

— Alors, prépare-toi, le prochain bus est dans quarante minutes.

Nous avons grandi ensemble, je l'ai vu s'épanouir pour devenir une belle jeune fille. Toujours pleine d'énergie, elle éclairait notre maison par sa joie de vivre et sa vivacité sans fin. À présent, elle devient l'ombre d'une jeune femme sans vie, qui se meurt un peu plus chaque jour entre ces quatre murs.

Devant l'arrêt de bus, je constate que nous l'avons raté. Si ma sœur n'avait pas squatté la salle de bain pour se lisser les cheveux à la perfection, peut-être que nous serions déjà en train de nous baigner. Quelle idée de se préoccuper de sa coiffure, quand on sait qu'elle va être anéanti sous l'eau !

— Mince, le prochain est dans une heure.

— Hors de question d'attendre une heure sous ce soleil de plomb ! souffle Jane en s'appuyant nonchalamment contre le mur. Trouve un bus qui dessert un autre endroit ! m'ordonne-t-elle.

Et dire que c'est moi que l'on surnomme princesse, c'est sans connaître ma petite sœur ! Je serais tentée de lui dire de calmer ses ardeurs de grande dame, mais de la savoir sortie de la maison, me pousse à prendre sur moi pour son bienêtre.

— Attends, je vérifie, abdiqué-je sans relever.

Je parcours les horaires ainsi que les trajets, et je repère que la plage où m'a emmenée Sony la dernière fois est desservie par le prochain bus.

— Il y en a un dans cinq minutes pour une petite plage isolée.

— Va pour l'autre alors, dit-elle en soupirant lourdement.

Finalement, princesse, est un euphémisme pour cette petite reine en devenir !

Le trajet en bus est bien moins agréable qu'en moto, et beaucoup plus long. Entre les odeurs de transpirations des passagers, l'espace étriqué parmi les usagers, la lenteur du véhicule et le trafic routier, cela devient un vrai parcours du combattant. Pas facile de se joindre à la foule, quand un chauffeur était mis à votre disposition pour vos déplacements quotidiens.

Il nous aura fallu plus d'une heure pour être allongées sur le sable à profiter de ce soleil ardent. Jane scrute tout autour d'elle les alentours comme si elle découvrait un nouveau monde. Elle ne semble pas à son aise dans ce décor désuet d'éclat. Ma petite sœur était faite pour une vie luxueuse, marchant dans les pas de ma mère, mariée à un riche actionnaire. A présent, elle doit accepter le fait qu'elle brillera avec le commun des mortels. Une pilule bien difficile à avaler.

SantanaWhere stories live. Discover now