CHAPITRE 20

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Chez moi, en la présence de mon petit ami, je me sens tendue, alors que lui, a l'air plutôt à l'aise. Sony dégage une aisance naturelle qui ne montre aucun signe de faiblesse et sa posture assurée m'impressionne autant qu'elle me fascine.

— Voilà les jeunes, poulet basquaise, la recette me vient de ma grand-mère ! dit ma mère en posant fièrement son plat au centre de la table.

— J'aime les plats qui se passent de génération en génération, il y a cette touche d'authenticité que chacun apporte au fil des ans, souligne Sony en humant volontiers le plat.

— Ta mère doit être une bonne cuisinière pour avoir constaté ce subtil détail.

— Maman, Sony a perdu ses deux parents, rectifié-je rapidement pour ne pas tomber dans l'embarras.

Sylvia Heaton a toujours eu un penchant pour les commérages. Elle est bien connue pour poser des questions intrusives, qui ne l'avaient jamais embarrassée jusqu'à ce jour, où je la sens mal à l'aise, face à cette triste information.

— Excuse-moi pour mon manque de tact Sony, je suis désolée de l'apprendre.

— Ne vous inquiétez pas, il n'y a pas de mal.

— Alors vous vivez seul ?

— Non, je vis avec mon petit frère de seize ans.

— Quelle grande responsabilité cela doit être pour toi.

— Ce n'était pas facile au début, c'est vrai, mais maintenant la machine est bien huilée.

— Donc tu travailles au garage de votre oncle, c'est bien ça ? continue-t-elle sans préambule.

Je lève les yeux au ciel, flairant déjà le panel de questions intensif. Mais Sony semble prendre plaisir d'être au centre de l'attention de ma mère, alors je reste silencieuse car c'est pour moi l'occasion d'en apprendre davantage à son sujet.

— Oui, pour le moment, ça m'aide à payer les factures, mais j'ai l'intention de réussir mon concours d'entrée dans la société que je convoite depuis des mois. Grâce aux cours de votre fille, j'ai déjà réussi mon premier examen.

— Je croyais que ma matheuse de sœur te donnait des cours de maths, mais après votre démonstration dans le garage, ça ressemblait plutôt à des cours de langues étrangères. Pourtant je la croyais nulle dans cette matière !? explique naturellement Jane en se servant un verre d'eau.

Mon regard s'assombri vers ma cadette, que je suis à de doigts d'étrangler devant témoins. Comment ose-t-elle me faire une chose pareille ?

— Jane, arrête ! Tu les mets mal à l'aise, la réprimande ma mère.

— Il n'y a pas de mal Sylvia. Jane pour répondre à ta pseudo question, elle est très forte en maths mais je peux te garantir qu'elle encore plus douée pour les langues !

Sur ce, il lui adresse un clin d'œil complice en reprenant son aplomb habituel. Ma sœur qui pensait déstabiliser son adversaire, se retrouve K.O en rougissant honteusement. Pour ma part, je reste coite sur ma chaise sans savoir quoi dire.

— Je vois que tu as su cerner ma fille. Donc j'en conclus qu'entre vous deux c'est du sérieux ?! demande curieusement ma mère.

— MAMAN ! m'écrié-je.

Trop, c'est trop ! C'est deux personnes n'ont-elles dont pas des limites ? Je peux accepter beaucoup de choses venant d'elles, mais là elles vont beaucoup trop loin avec leurs questions intrusives.

— Victoria, j'ai besoin de savoir avec qui sort ma fille ! Ma question reste légitime et maternelle, se défend-elle.

— Ce n'est pas grave Victoria, ta famille s'inquiète pour toi et je trouve ça normal. Oui Sylvia, pour ma part c'est du sérieux. Et sans vouloir rentrer dans les clichés pathétiques, je pense avoir enfin trouvé mon idéal féminin.

SantanaWhere stories live. Discover now