CHAPITRE 41

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La route défile rythmée par les innombrables feux rouges qui me séparent encore de ma sœur. Mon téléphone n'arrête pas de sonner. Pas besoin d'être devin pour savoir qui c'est ! Sony a dû avoir la surprise de mon absence dans son salon et de sa voiture sur le parking. Je m'en excuserai plus tard, quoi que, c'est lui qui me doit des excuses ! Si on en est là, c'est seulement sa faute.

J'ai le cœur au bord des lèvres quand je pénètre sur le territoire de Jared. Un quartier malfamé qui fout immédiatement la frousse dès son entrée. Poubelles dégueulasses, épaves brulées, façades taguées et autres horreurs viennent ternir les ruelles. Seules quelques voitures clinquantes ne sont pas atteintes de vétusté. Sony avait raison, le noir mat est la couleur dominante de chaque véhicule.

Bien que je sois venue rapidement ici, il n'est pas difficile de reconnaître la maison de Jared. C'est la seule qui soit entourée de 4X4 et d'hommes étranges qui gravitent tout autour comme des gardiens.

Garée devant chez lui, j'ai une subite envie de fuir. Mais le nom de ma sœur me redonne aussitôt l'assurance d'une guerrière. Je prends mon courage à deux mains pour me présenter devant sa porte. Une armoire à glace aux airs de Barracuda me barre la route. Il ne m'impressionne pas !

— Où cours-tu comme ça, jeune fille ?

— Je viens voir quelqu'un !

Le colosse soulève un sourcil interrogateur.

— On n'est pas dans un moulin ici, on n'entre pas comme on veut !

— Je comprends, mais je dois voir mon ami Jared, c'est important.

L'homme me regarde de haut en bas, avant de rire à gorge déployée. Sa dentition s'apparente à une chaîne en or, sertie de diamant. Répugnant !

— Tu es amie avec Jared, toi ?

Moi ! Ça veut dire quoi, ça ? Que je ne suis pas assez bien pour être amie avec quiconque, ou que je dénote dans ce décor infâme ?! J'opte pour la deuxième option !

— Oui, s'il te plait laisse-moi passer, il faut que je le vois. Après tout, qu'est-ce que tu risques, je ne suis qu'une simple fille ?

Il me jauge une dernière fois avant d'ajouter :

— Très bien, mais d'abord je te fouille.

Me fouiller ? Mais pourquoi faire ? Avoir ses grosses paluches sur moi, hors de question !

— Non !

— C'est la seule option si tu veux voir le boss. Sans ça, tu fais demi-tour et tu disparais !

À défaut de pouvoir le vaincre à mains nues, j'obtempère en le laissant me fouiller. Une fouille très minimaliste, qui s'attarde un peu trop sur mes zones privées. Je prends encore sur moi le fait que ce type me pelote, plutôt que de trouver une quelconque arme. Un couteau dissimulé entre mes deux seins serait plausible, mais sur le bombé de ma poitrine, j'en doute !

Ce pervers plonge ses yeux dans les miens, quand il tâtonne mon sexe dans l'espoir d'y trouver de l'or ou une éventuelle ouverture avec moi. Il me donne plus l'envie de vomir, que de m'offrir à lui. Est-ce que tous les mecs de gang sont aussi méprisables que lui ?

Comment Samantha a pu faire pour tomber amoureuse d'un homme de son acabit ? Est-ce que Jared est aussi abject que ça ? Il n'en avait pas l'air, mais peut-être me cachait-il aussi sa vraie nature. Je ne serais pas surprise s'il jouait un rôle pour me tromper. Après tout, c'est ce que tout le monde me fait ce soir !

— Tu es clean ! C'est bon, passe. Mais si tu as besoin d'un peu de compagnie, tu sais où me trouver !

— J'en prends note !

SantanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant