Santana

CHAPITRE 15

— Maman, ce soir je sors avec des amis !

— Où ça ?

Encore une fois, je cherche un moyen de ne pas mentir à ma mère, sans pour autant lui dévoiler la vérité. Parfois, il faut savoir donner des réponses vagues lorsque les questions sont trop sensibles.

— Je ne sais pas encore, on va faire une petite virée entre potes.

Une sincérité teintée d'un demi-mensonge, dont je me garde bien de parler devant ma sœur, de peur de me faire démasquer.

— Je ne te vois plus beaucoup en ce moment ! relève-t-elle sans l'ombre d'une critique mais plutôt d'un simple constat.

— Je suis à la lettre tes bons conseils.

Je m'isole aussitôt pour envoyer un texto à Sony, afin de le voir ce matin, car si je passe la journée avec Gabrielle, je ne pourrais être avec lui qu'après la course.

Moi :

Coucou, bien dormi ?

Sony :

Pas trop.

Moi :

Pourquoi ?

Sony :

Car tu n'étais pas avec moi.

Moi :

Je peux venir te voir ce matin, car cette aprèm, je ne suis pas là ?

Sony :

Tu vas où ???

Moi :

Faire du shoping avec Gabrielle, je ne sais pas à quelle heure on va rentrer.

Sony :

Ce matin j'ai beaucoup de travail au garage, mais passe vers 11H30, on mangera ensemble sur place à midi.

Moi :

Très bien, j'apporte de quoi déjeuner.

Sony :

Ok. Tu me manques à tout à l'heure, bisous

Moi :

Toi aussi, bisous.

Je compte les maigres économies que je possède avant d'aller acheter de quoi déjeuner à l'épicerie du coin. Cinquante dollars ! Si je dois faire du lèche-vitrine cet après-midi, cela va être juste. Pas le choix, il faut que fasse en sorte de faire avec !

Dans la cuisine, je m'affaire à préparer des sandwichs, crudités poulet rôti avec ma super mayonnaise spéciale curry, faite maison. Ma sœur tourne autour de moi comme un fauve en cage, signe d'un mal de tête à l'horizon ! Je la connais comme le fond de ma poche, elle prépare une stratégie pour m'amadouer sur un sujet sur lequel je dois être en opposition. Elle peut m'appâter, elle ne m'aura pas, car je ne suis pas notre père !

— Jane accouche, qu'est-ce qu'il y a ? dis-je sans préambule.

— Est-ce que tu as changé d'avis pour ce soir ? demande-t-elle en faisant son regard de chien battu.

— Je ne suis pas papa, alors stoppe tes simagrées. Ce soir tu ne viens pas !

— Tu as honte de me présenter à tes nouveaux amis ?

— Arrête de jouer les martyres, je te présenterai à eux mais un autre jour. Fin de la discussion !

Contrariée par ma réponse, elle se braque devant moi, les deux mains sur les hanches. Son regard noir me foudroie de part en part comme si je venais de lui voler la dernière tablette de chocolat sur cette terre.