CHAPITRE 6

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Trois Semaines.

Cela fait maintenant trois semaines que nous travaillons sans relâche, quatre jours par semaine, Sony et moi. Mon élève est devenu un vrai matheux. On a revu toutes les bases du lycée et je pense qu'il est fin prêt pour son concours qui se déroulera ce vendredi.

Pour ma part, je deviens une pro du volant. Bien que Sony persiste à dire que je suis un vrai danger public. J'ai bien saisi qu'il avait le sens de l'humour plutôt taquin en ce qui me concerne, alors j'accepte et rie volontiers à toutes ses bêtises...enfin presque toutes.

Nous nous chamaillons souvent, mais apprenons l'un de l'autre à chaque minute qui passe. Ce garçon n'est pas facile à déchiffrer. J'essaie de le cerner, mais j'ai compris qu'il me laissait juste entrevoir ce que lui veut que je découvre de sa personne. Parfois, il s'ouvre à moi sans aucune barrière, puis quand il réalise qu'il se livre par mégarde, il se mure instantanément dans un silence pesant. Tantôt il me voit comme une amie et l'instant d'après comme une adversaire. Il jongle d'un pied sur l'autre sans savoir quelle étiquette me coller sur le front. C'est très déstabilisant de ne pas connaitre sa place auprès d'une personne indécise, voir instable. Il me fait penser à un chat sauvage qui ne veut pas être apprivoiser par la main de l'homme, mais qui ne refuse pas de temps à autre la chaleur et le confort de sa maison. Alors comme s'il était ce félin, je l'amadoue afin qu'il prenne confiance et s'approche de moi sans crainte.

Il va sans dire qu'il est mystérieux et qu'il aime l'être, mais je décèle en lui, une double personnalité qu'il peine à cacher mais surtout à contrôler. Sony peut se montrer doux comme un agneau mais à la seconde qui suit, il devient irritable et irritant, sans trouver le bon dosage pour se canaliser.

Les heures passées à ses côtés sont un délice, mais paradoxalement, une vraie torture. Un délice, car son charme est un sex-appeal qui laisse rêveuse. Et à la fois une vraie torture, car il est très tactile, ce qui provoque chez moi un panel d'émotions démesurées, que j'ai bien de mal à dissimuler. Il en sourit d'un regard profond et déroutant qui se teinte d'une lubricité qui n'appartient qu'à lui, jusqu'à que je me sente mise à nue. Des heures et des heures d'exquises souffrances où cet homme est devenu une réelle obsession.

Nous sommes mercredi, et je sens que Sony stresse à l'approche de ses examens. Il ne tient plus en place, sa concentration est désastreuse, sans parler de son langage fleuri qui ne cesse de me faire saigner les oreilles.

— Bordel, j'en ai plein le cul, ça me casse vraiment les couilles ce tableau.

Furibond, il se lève puis crispe ses deux mains sur le dossier de ma chaise toute en rugissant comme un lion en cage.

— Je trouve que tu as bien progressé. Il faut juste que tu apprennes par cœur l'emplacement des mesures et tu seras au top pour ton concours. Ce soir quand tu iras te coucher, regarde le une dernière fois avant de fermer les yeux, tu en garderas une image photographique.

— Le soir, ... comme si j'avais une minute à moi ! dit-il les dents serrées, avec un brin d'amertume au fond de la gorge.

— Tu peux bien t'accorder deux minutes après ton travail au garage et ta vie chez toi ?!

Sony m'observe les yeux plissés comme s'il s'apprêtait à me dire quelque chose d'important, puis il se ravise en se frottant le visage à deux mains.

— On a besoin d'une pause, j'ai le cerveau à l'envers et il fait trop chaud ici, viens !

Je n'ai pas le temps de protester, qu'il me saisit la main pour m'entrainer dehors. Monsieur l'Impatient attrape un casque de moto sur l'établi qu'il me tend. Que veut-il que je fasse avec ça ? Il enfourche son bolide et démarre le moteur.

SantanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant