CHAPITRE 18

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Sous la douche, je laisse toutes les tensions retomber, en pleurant ce qu'il me reste de larmes. Je passe plus de cinq minutes à enlever cette couche épaisse de maquillage, avant d'enfiler mon pyjama des mauvais jours, celui avec une panthère rose imprimée dessus, puis je me glisse dans mon lit. Le réveil indique deux heures vingt du matin.

Je ne trouve pas le sommeil à force de me repasser la soirée en boucle ; la révélation de Sony me disant qu'il tient à moi, notre dispute, Samantha dans ses bras, Jared, la course, le baiser de la brune, l'agression du gang, l'altercation, .... Je tourne et me retourne dans tous les sens, rien n'y fait, Morphée ne pointe pas le bout de son nez !

Des petits bruits attirent mon attention. Quelque chose tape à ma fenêtre par intermittence. Intriguée, je me lève pour ouvrir le volet, afin de découvrir Sony qui se tient tel Roméo devant sa Juliette. Le chevalier importun monte sur la rambarde du perron et se hisse comme un alpiniste, jusqu'à moi. En équilibre dans le vide, il se tient de toutes ses forces au rebord à l'aide de ses coudes.

— Victoria, il faut qu'on parle, me souffle-t-il dans une haleine liquoreuse qui me chatouille les narines.

— On n'a plus rien à se dire. En plus, tu pues l'alcool.

— Moi, j'ai des choses à dire.

Je croise les bras sur ma poitrine pour me donner une certaine contenance puis je le soutiens d'un regard sévère.

— Et c'est quoi ce truc qui a l'air important, au point que tu te glisses à deux heures trente du mat' par ma fenêtre ?

— Je suis fou de toi.

Les bras m'en tombent, je le regarde sans trop savoir quoi répondre. Est-ce une forme de déclaration ? Une lubie déclenchée par son taux d'alcool ? Est-ce sa façon de s'excuser ? Je n'arrive pas à comprendre sa démarche face à son comportement abject de ce soir. L'un ne va pas avec l'autre !

— Tu dis ça par ce que tu es bourré !

— J'ai juste bu quelques verres, je ne suis pas saoul, sinon je ne pourrais pas tenir sur mes bras comme je le fais. Tu me laisses entrer ? Je vais tomber !

Je balaye de la main, cette folle idée où je le pousse volontiers en arrière afin qu'il se brise la nuque, puis je l'aide à se hisser en le soutenant par le coude. Il se prend alors un pied sur la pile de livres posée par terre, le faisant trébucher. Dans sa chute, il a le réflexe de se rattraper de ses bras, avant de ne m'écraser de tout son poids d'homme. Mon crâne émet un bruit sourd sur la moquette qui amortie un peu le choc.

— Aïe ! maugrée-je les dents serrées.

— Ça va bébé ?

— D'après toi gros béta !? dis-je en frottant l'arrière de ma tête.

Soudain, la lumière du couloir s'allume. Ma douleur s'évapore, à la seconde où je comprends que je risque de me faire surprendre avec un homme dans ma chambre. Dans un bond, je nous remets droits sur nos jambes, avant de dissimuler Sony derrière ma porte dos contre le mur.

— Ma mère ! Reste là et ne respire plus ! lui ordonné-je la peur au ventre alors que lui s'amuse de la situation.

Toc toc toc.

Dans un bond discret, je me retrouve prêt de la fenêtre quand ma mère pousse doucement ma porte, juste assez pour y glisser sa tête, non loin de celle de Sony. Le timing est parfait, sauf mon pauvre cœur qui bat à tout rompre, prêt à lâcher prise.

— Ça va, ma chérie ? J'ai entendu un bruit, dit-elle en ouvrant plus grand pour me distinguer dans la pénombre

— Désolée maman, il fait trop chaud dans ma chambre, j'ai voulu ouvrir les volets pour laisser entrer l'air et je me suis pris les pieds dans ma pile de livres.

SantanaWhere stories live. Discover now