Petit Ange (Tome 1) //Yoonmin// ✅

Chapitre 27

Déterminé à ne pas rester seul dans son appartement, Jimin s'habilla pour aller dessiner dans un parc. Il aimait bien faire ça avant de rentrer à la fac, car après il avait dû en plus travailler au café et n'avait plus vraiment de temps pour lui. Alors qu'il passait son écharpe, il remarqua une cravate au sol. En fronçant les sourcils, il s'en empara, et l'odeur qui se dégageait du tissu lui confirma qu'elle appartenait bien à Yoongi. Il la serra dans sa main, hésitant à aller le voir. Il avait peur de le déranger, mais d'un autre côté, il en avait peut-être vraiment besoin ? Ce fut vite décidé. Après quelques recherches, il trouva l'adresse du siège de la société, enfila sa veste, et prit la cravate et son carnet à dessin avant de sortir.

Il marcha une bonne demi-heure avant d'arriver devant une grande tour semblable à celle vue sur internet. Evidemment, Jimin ne se sentait pas à sa place. Il hésita un instant avant d'entrer, ébloui par le luxe des lustres et par la classe des personnes qui grouillaient dans le hall. Ce fut là qu'il prit conscience d'à quel point l'univers de Yoongi était différent du sien. Avec un pincement au cœur, il se rapprocha de ce qui semblait être à l'accueil. La jeune femme derrière le jaugea du regard, remarquant sans doute l'usure de son jean, les salissures de ses baskets et le petit trou dans la poche de sa veste. Et elle lui demande d'un ton tout juste courtois :

« - Comment puis-je vous aider ? »

Jimin serra son carnet contre son torse pour se donner du courage, et répondit sans lever les yeux du comptoir :

« - Je... J'aimerais voir Yoongi... »

Il ne manqua pas le claquement de langue méprisant de l'hôtesse, qui lui demanda d'un ton froid :

« - Vous avez rendez-vous ?

- Non, mais... Ça ne va pas durer longtemps, c'est juste que...

- Si vous n'avez pas rendez-vous vous ne pouvez pas le voir. »

Le mépris dégoulinait de sa voix. Terriblement intimidé, Jimin essaya d'insister sans oser croiser son regard :

« - S'il vous plaît, je veux juste...

- Bon écoute-moi petit. »

Il leva un regard surpris sur la femme, qui avait croisé ses bras :

« - Monsieur Min n'a rien à voir avec un étudiant tel que toi, je me fais bien comprendre ? Tu n'as été qu'un plan-cul pour lui, alors n'espère pas avoir de ses nouvelles. Donc maintenant tu t'en vas gentiment. »

Un plan-cul ? Jimin sentit son pauvre cœur innocent se briser. Alors c'était pour ça que Yoongi était si gentil avec lui depuis le début ? Evidemment, il aurait dû s'en douter. Le grand et célèbre PDG avait bien dû rire en le voyant y croire. Des larmes de déception lui montèrent aux yeux mais il resta planté devant le comptoir, incapable de bouger. Quel imbécile il avait été... Une larme roula sur sa joue, et il sentit soudain deux paires de mains empoigner ses bras. Aussitôt, la panique envahit tout son corps frêle, et il se débattit en se sentant traîné vers la sortie. Il avait l'horrible impression de revenir au lycée, lorsqu'il se faisait empoigner de la même manière avant d'avoir la tête plongée de force dans les toilettes.

Jimin fut soudain projeté au sol, et reconnut après un instant le trottoir. Il se releva rapidement malgré ses genoux douloureux, avant de s'apercevoir avec horreur que son carnet de dessin avait atterri plus loin dans la rue, et que les feuilles volantes s'étaient éparpillées. Aussitôt, il se précipita dessus pour les rassembler, malgré ses mains tremblantes et malgré les larmes qui brouillaient sa vision. Il avait l'impression d'avoir été manipulé, utilisé, et comme un parfait imbécile il n'avait rien vu ! Un sanglot lui échappa alors qu'il ramassait enfin son carnet à dessin, le cœur en miette. Et c'est évidemment ce moment que choisit Yoongi pour sortir de l'entreprise devant les yeux larmoyants de Jimin. Le PDG sembla surpris de le voir mais se dirigea malgré tout vers sa voiture sans le quitter des yeux, ce qui blessa le serveur. Il ne comptait vraiment pas pour lui... Il s'attendait à ce que Yoongi vienne le voir, le console, lui dise que tout cela n'était qu'un mensonge et qu'il comptait vraiment pour lui, mais... Tout ce qu'il fit fut de l'interpeller alors qu'il s'éloignait en courant.