Évidence - NEKFEU

2-34

août 2019

-On vous r'contacte bientôt, disait Ken

On avait visité des maisons tout l'après-midi, sans grande concentration ni de sa part ni de la mienne. On n'avait pas beaucoup parlé depuis l'incident. J'allais bien physiquement, le bébé aussi apparement, c'était tout ce qui importait vraiment. J'étais rentré de l'hôpital la veille, après un nombre incalculable de test de la part des médecins. J'allais devoir être suivis de près pendant le reste de ma grossesse pour être sûr que tout se passe bien, que rien n'aille mal.

Je voulais quitter l'appartement. J'en avais envie, presque besoin. J'avais des flashs de cinq jours plus tôt qui me revenaient en tête dans chaque pièce, qui m'empêchaient de dormir la nuit. Quand j'arrivais à m'endormir, je me réveillais quelques heures plus tard seulement, en panique et en pleurs, obligeant Ken à me calmer. Mais malgré sa présence, qui me faisait du bien, je n'étais plus rassurée.

Rien qu'être dans mon lit était bizarre. J'étais mal à l'aise, malgré que j'ai lavé les draps trois fois et que Ken les avaient déjà lavés avant que je rentre. J'arrivais pas à effacer cette nuit là de ma tête, malgré mes efforts, et malgré le fait que la police nous ait prévenu que Mathieu était en détention provisoire en attente de son jugement.

-J'aime pas quand on s'parle pas, lâchais-je une fois dans la voiture

-Moi non plus

-Alors pourquoi on se parle pas?

-J'sais pas. J'suis en colère et t'es perturbée, c'est p't'être mieux si on s'parle pas trop pour l'instant. J'ai pas envie d'm'embrouiller

Ne voulant pas m'embrouiller également, et à cours de réponse, je restais silencieuse jusqu'à ce qu'on rentre à la maison.
J'allais à la douche directement, laissant Ken faire je ne sais quoi dans la chambre mais en tout cas il faisait du bruit.

Je détestais cette situation. On était ensemble, l'un à côté de l'autre, mais on ne se disait pas un mot et ça me rendait folle. Mais peut être qu'il avait raison. Peut être que c'était mieux qu'on ne se parle pas pendant quelques jours, le temps de se calmer tous les deux.
Je n'en savais rien en réalité. Mais si c'était ce qu'il pensait, peut être qu'il avait raison. Je n'avais aucune autre solution de toute façon.

Sortant de la douche, je prenais le temps d'hydrater ma peau et brosser mes dents puisque je n'avais pas faim et hâte de me coucher, puis sortais de la pièce pour voir ce que faisait Ken.
Je le voyais, penché au dessus de lit, essayant de fermer une valise replis de vêtements mal pliés.

-Tu fais quoi là?

-J'reviens dans pas longtemps

-Quoi?

-J'ai b'soin d'bouger, j'peux pas rester ici j'vais devenir fou

-Oh Ken tu m'fais quoi la?