Égérie (Partie II)

Chapitre 232 🖋

Narration Danielle :

Lorsque je franchi la porte de l'appartement, il est quasiment deux heures du matin. Je prends soin de la refermer derrière moi quand Nuts vient me saluer. Je m'accroupis afin de le caresser et remarque que Moh n'est toujours pas couché. Ce dernier est allonger sur le canapé, les yeux rivés sur l'écran de la télévision. Je me redresse et m'apprête à récupérer la laisse de mon chien dans le tiroir de l'entrée pour aller le promener quand il me coupe dans mon élan :

- Je l'ai sorti il y a vingt minutes, lâche-t-il, sèchement.

Je referme le tiroir avant de traverser la pièce pour le rejoindre. Je comprends très vite que mon ami me fait la tête et le pire dans tout ça, c'est que je ne peux même pas lui en vouloir.

- Tu regardes quoi ? le questionné-je intéressée, en prenant place sur l'accoudoir du sofa.
- Un film.
- Non ? Sérieusement ? rétorqué-je, pleine d'ironie.

Mohamed ignore ma réplique, ce qui me pousse à lever les yeux au ciel.

- Écoute, je sais que tu m'en veux pour toute à l'heure et je tiens à m'excuser, j'aurais du t'en parler...
- Non, tu crois ?! crache-t-il, concentré sur la télévision.
- Mohamed, je voulais pas te cacher quoi que ce soit, je te le jure ! Pour l'instant, c'est pas sérieux et...
- Pas sérieux ? Pourtant tu nous la présenté, m'interrompt-t-il, agacé.
- Oui mais ce n'était pas prévu ! Tu aurais préféré que je parte sans faire les présentations ? Je suis peut-être la reine des connes à tes yeux mais il y a des limites !
- Arrête de dire des conneries...
- Je le fréquente depuis peu. On se connaît d'avant mais on a reprit contact deux semaines avant mon retour à Paris. Ce soir, c'était la deuxième fois qu'on s'embrassait. On est pas allé plus loin.
- Pourquoi tu me racontes tout ça ?
- Peut-être pour que tu sois informé ! J'ai voulu t'en parler Moh ! Mais j'avais peur que tu me prennes pour une fille facile ou que tu te fasse des idées à mon sujet...
- Attends, tu plaisantes ? lance-t-il, stupéfait.
- Non...
- Dani, t'es une fille droite ! J'en ai jamais douté et j'en douterais jamais ! Le problème n'est pas là. Ce Evan a l'air sympa et il est plutôt beau gosse mais... À quoi est-ce que tu joues ? Je t'ai vu te lever de table toute à l'heure quand Ken a parlé des Japonaises. Tu tiens encore à lui, ça crève les yeux ! Alors pourquoi t'es avec ce type ? Pour le rendre jaloux ? C'est ça ? Parce que si c'est le cas, ça a marché mais je ne suis pas certain que ce soit la solution.

Mes yeux s'écarquillent à sa réplique.

- Il s'est passé quelque chose ?
- Quand t'es partie, j'ai cru qu'il allait péter les plombs ! Il a essayé de prendre sur lui mais... On a tous vu qu'il était sur les nerfs. Il m'a posé un milliard de questions, on a même failli s'embrouiller. Il pensait que j'étais au courant mais je lui ai assuré que non.
- Je... Je suis désolée, bafouillé-je.
- Tu parles... T'es contente, avoue ?

J'ai du mal à retenir mon sourire. Mohamed élargit le siens avant de me jeter le coussin du canapé dessus. Je le rattrape afin de le serrer contre ma poitrine.

- Evan est un garçon adorable. Je me suis beaucoup attachée à lui mais je te mentirais si je te disais que je ne penses plus à Ken. Mon retour à Paris a tout chamboulé. Le revoir, ça n'a fait qu'empirer les choses. Je sais ce que je ressens pour lui et ça me rends malade. J'aimerais tellement l'oublier et passer à autre chose mais c'est impossible, j'y arrive pas !
- Et tu penses quand sortant avec Evan, tu vas arriver à tourner la page ?
- Pourquoi pas ? C'est possible après tout.
- C'est pas un peu du forcing, ça ? grimace mon ami, perplexe.
- Peut-être... Mais on a déjà tout donné Ken et moi. J'ai pas envie de souffrir à nouveau en sachant que notre relation est voué à l'échec.
- En tout cas, tu t'es bien vengée, il a la haine.
- Ça lui apprendra à coucher avec des japonaises...
- Tu serais pas un peu jalouse par hasard ?
- J'assume totalement ! dis-je en me rapprochant de lui. Tu me pardonnes ?
- À une condition.
- Laquelle ? demandé-je.
- Plus de cachoteries.
- Promis !

Je passe les mains autour de son cou et viens poser ma tête contre la sienne.

- Et sinon, vous avez fait quoi jusqu'à maintenant ? me questionne-t-il, intéressé.
- On est aller boire un verre.
- Il a rien tenté ?
- Non, c'est un bon garçon. Rassuré ? souris-je.

Il élargit son sourire quand je lui dépose un bisou sur la joue. Son côté protecteur me touche et je suis heureuse que tout soit rentré dans l'ordre entre nous. Quant à la réaction de Ken, c'est ce que j'espérais au fond de moi. Tient-il encore à moi au point de péter les plombs ? On dirait bien... Je joue avec le feu, j'en suis consciente, mais pour l'instant, je préfère ne pas y penser...

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