Chapitre 254 🖋

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Narration Ken :

Mes yeux sont rivés sur mes notes. Je relis attentivement les phrases que j'ai surligné avant de relancer la prod, prêt à rapper :

- Maintenant c'est démodé, je suis prisonnier de mes doutes. Ah ouais tu veux m'aider ? Tu veux combien, dis moi tout ? Non j'suis pas à vendre, c'est moi qui vends. J'en ai niqué plein d'autres mais c'est moins kiffant. La Belle et le Clochard, l'amour autour d'un plat de noodles. Peu de confiance en moi, j'doutais de tout mais pas de nous deux. T'as un nouvel homme innocent, il me semble qu'on est mieux ensemble. Sur le phone propos menaçants, minuit sonne je l'emmène en sang sur le sol. Si je suis allé trop loin c'est pour ne plus revenir, c'est pas de sa faute à lui. J'suis sûr que ça te fait un peu plaisir quand t'y penses au fond de ton lit.

J'appuie sur pause, tout en m'adossant sur mon canapé. Ça fait maintenant deux jours que je travail sur ce son. Lorsque je suis parti de chez Danielle l'autre soir, je suis allé au stud pour gratter quelques textes. Certains vont boire, d'autres préfèrent sortir faire la fête, moi j'écris. Extérioriser mes sentiments sur un bout de papier, voilà ce que je sais faire de mieux. Depuis, j'essaie de finir ce morceau. Il pourrait peut-être même finir sur l'album, qui sait ?

Je repose mon regard sur l'écran de mon MacBook Pro, prêt à réécouter la prod du début quand la sonnette de l'entrée retenti dans tout l'appartement. L'heure sur mon téléphone indique : vingt-et-une heure quarante trois. Je fronce les sourcils, surpris et  traverse la pièce pour rejoindre la porte d'entrée. Par précaution, je jette un œil au judas optique lorsque j'aperçois Danielle. Je reste con. Qu'est-ce qu'elle fait ici ? J'hésite quelques secondes avant de lui ouvrir.

- Salut...

Elle se tient devant moi, un sourire timide au coin des lèvres. Elle est vêtue d'un manteau à carreaux mi-long noir et blanc, d'un jean noir et d'une paire de bottines à talons de la même couleur. Je l'observe silencieux et me tourne de façon à retourner dans le salon, laissant la porte grande ouverte. Je sens le malaise de mon ex à des kilomètres mais je préfère être distant. Elle s'avance dans le couloir et referme la porte derrière elle avant de me rejoindre, prête à discuter.

- Fait pas attention au bordel, annoncé-je.

Je prends place sur le canapé tandis qu'elle observe la pièce attentivement. La table basse est recouverte de feuilles froissé ainsi que de nombreux carnets.

- Pourquoi t'es là ? demandé-je, d'un ton sec.
- Je suis venue discuter.
- T'as encore des choses à me dire ? Sérieusement ?
- Ken, commence pas. S'il te plaît...

Sa voix est douce. Je comprends très vite qu'elle n'est pas là pour envenimer les choses, bien au contraire. Elle s'assoit sur le fauteuil qui se trouve face à moi, puis reprend :

- Demain, je pars pour New-York...
- Alors quoi ? Tu viens me faire tes adieux ?

Un sourire nerveux s'empare de mon visage. Je suis à deux doigts de péter les plombs.

- Non, je vais passer quelques jours chez Lisa.
- Et ? En quoi ça me concerne ? rétorqué-je, rassuré.
- Je veux pas partir là bas en sachant que tu me fais la tête.
- Ça change pas grand chose, si ?
- Ken, s'il te plaît, reprend-elle. Je suis désolée si je t'ai blessé l'autre soir mais arrête ça, tu veux ?
- Arrêter quoi ? répété-je. De me comporter comme quelqu'un qui tient à toi ?
- Non ! Arrête de me parler sèchement ! Si je suis venue ici, c'est avant tout pour m'excuser, pas pour empirer la situation. L'autre soir, j'ai paniquée ! J'ai envie d'être avec toi mais il me faut un peu de temps...
- Du temps pour quoi ? Depuis que tu es revenue à Paris, je fais mon possible pour regagner ta confiance ! Oui, il y a huit mois, j'étais maladroit et stupide mais je t'ai jamais trompé Dani ! Là, j'ai l'impression de faire du surplace !
- Une partie de moi a peur que ça ne fonctionne pas...
- Pourquoi ça ne fonctionnerait pas ? Tu vas prendre le risque de passer à côté d'une belle histoire par peur ?
- Ken... Tu n'étais pas là, tu ne m'as pas vu...
- Et toi ? T'étais là ? enchainé-je, sèchement. Quand t'es partie, j'étais anéanti ! Je me suis réfugié dans le travail. J'ai écrit des textes sur nous, sur toi. Même quand on était à l'autre bout du monde, t'étais dans mes pensées ! Alors oui, j'ai couché avec d'autres filles et j'en suis pas fier. Mais j'étais censé faire quoi ? T'attendre comme un con ? J'étais même pas sûr que tu reviennes un jour ! Alors oui, j'ai couché avec d'autres filles, mais tu sais quoi ? Elles étaient pas toi ! À chaque fois que je le faisais, c'est à toi que je pensais ! À toi putain ! Ça me rendait dingue ! Puis t'es revenue et j'ai compris que j'arriverais pas à passer à autre chose. L'autre soir, j'avais qu'une envie : que tout redevienne comme avant. J'ai besoin de toi Dani.

Je la regarde un instant quand ses yeux s'humidifie de plus en plus.

- Pleure pas, arrête...
- Je veux que ça marche mais une partie de moi et tétanisée, avoue-t-elle en essuyant ses joues.

Je me lève afin de la rejoindre. Je m'assois sur le rebord du fauteuil quand elle se blottit contre moi.

- Je veux qu'on reparte sur des bases solides. Je veux qu'on soit sûr de nous.
- Et si tu rencontres un beau New-Yorkais ? lancé-je, d'un ton léger.

Un sourire se dessine sur son visage.

- Personne ne t'arrive à la cheville Samaras.

Je souris à mon tour, touché de sa réplique avant de passer ma main sur sa joue. Ses magnifique yeux bleus se perdent dans les miens.

- Tu ne m'en veux pas ?
- Non, bien sûr que non...

Difficile d'en vouloir à la fille dont vous êtes fou amoureux. Au finale, peut-être que j'ai réagi de façon excessive. Danielle a raison. Si on veut repartir sur de bonnes bases, on doit faire les choses correctement. Son escapade à New-York ne m'enchante pas mais cela va sûrement nous permettre de faire le point. Et qui sait ? Peut-être recommencer une belle histoire.


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Égérie (Partie II)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant