Égérie (Partie II)

Chapitre 299 🖋

Narration Danielle :

***

Le ton de sa voix monte d'un cran, les reproches sont au rendez-vous. Je rétorque déterminée quand il s'agace de plus en plus. Les insultes fusent et je finis par prendre le dessus. Ken coupe court à cet échange mouvementé en préférant quitter les lieux. La porte claque brusquement, ce qui a pour conséquence de me faire sursauter. Mon regard se pose dans le vide avant de passer la main dans mes cheveux, dépassée. Encore une nouvelle dispute... C'est la troisième en moins de vingt quatre heures. Mes yeux se remplissent de larmes. Je prends place sur le canapé, perdue. Alors c'est ça l'amour ? S'aimer ? Puis se déchirer ? J'essuie mes joues, anéantie, lorsque Adèle me rejoint dans le séjour.

- J'ai entendu du bruit, tout va bien ?
- On s'est encore disputé...
- Encore ? s'étonne-t'elle en prenant place à côté de moi.
- Je crois que c'est de pire en pire Adèle...
- Il t'oppresse ? Tu as l'impression qu'il te fait toujours des reproches ? Qu'il n'est jamais content ? Ou bien qu'il ne te calcule pas assez ? Au final, rien n'est plus comme avant ?

Je hoche la tête en guise de réponse positive et baisse les yeux, déçue. J'arrive pas à croire que ça nous arrive à nous...

- L'amour ce n'est pas définitif Dani. Ça va, ça vient...
- Adèle à raison, intervient 2zer en s'avançant dans la pièce. Avec Ken tu as vécu quelque chose de fort. Malheureusement, il faut savoir accepter la fin d'une relation. Il n'y a plus rien entre vous.
- Pourtant on s'aimait tellement, rétorqué-je, brisée.
- J'aimais Morgan aussi, reprend Adèle, sincère.
- Quand j'ai demandé mon ex femme en mariage, j'étais persuadé de finir ma vie à ses côtés. Seulement le bonheur n'est pas éternel, il faut savoir dire stop.

Les larmes coulent sur mes joues. Je dois me rendre à l'évidence. On se hurle dessus tout le temps, on ne se supporte plus. Pourquoi rester ensemble ? Pour se gâcher la vie ? Tout ça est ridicule...

- Je suis désolée Danielle, chuchote Adèle en me prenant dans ses bras.

***

Lorsque mes yeux s'ouvrent, ma respiration se coupe subitement. Je manque d'air ! Paniquée, je pose ma main droite sur ma poitrine en essayant de me calmer. Je me sens mal, une sensation horrible envahit mon corps tout entier. Je respire doucement en observant la pièce. Il fait sombre et mes joues sont trempées. Où suis-je ? Quelle heure est-il ? Je tends mon bras vers la table de nuit afin d'attraper mon téléphone. L'écran affiche : trois heures vingt six. Je le repose quand je suis prise de panique. Où est-il ? Je me retourne et l'aperçois. Dieu merci, il est là. Ken dort confortablement à côté de moi.

Dani, calme toi ! C'était juste un mauvais rêve, OK ?

J'essaie de me rassurer comme je peux et pousse le drap afin de sortir du lit. Je me dirige vers le mini bar pour y prendre une petite bouteille d'eau et marche jusqu'à la terrasse. Il fait nuit noire mais j'ai besoin de respirer...

Je prends place sur la banquette en rotin, mes mains sont tremblantes. J'ai beau me répéter qu'il s'agit d'un cauchemar, les larmes continues de couler. Tout ça paraissait si réel...

Je ramène la bouteille d'eau à mes lèvres, je suis effondrée. La discussion de l'autre jour avec Ken m'a visiblement secouée. Et si ce rêve n'était qu'une prémonition ? Et si notre couple était voué à finir comme celui de Doums et Adèle ? Ou 2zer ? Je baisse les yeux, anéantie

- Bébé ? lance une voix rauque. Qu'est-ce que tu fais sur la terrasse ? Il est trois heures du matin.

Je tourne légèrement la tête quand Ken passe la baie vitrée. Il s'avance vers moi lorsqu'il remarque mon état.

- Hey...

Je m'empresse de le prendre dans mes bras avant d'éclater en sanglots. Ce qui le pousse à réagir :

- Tout va bien ?
- J'avais juste besoin de te sentir contre moi.
- Je suis là, calme toi.

Ken se détache doucement de moi pour me faire face. Il me regarde inquiet.

- Pourquoi tu pleures ?
- Tu vas trouvé ça stupide...
- Dis-moi.
- J'ai fais un cauchemar..., avoué-je, honteuse.
- Un cauchemar ? Quel genre de cauchemar ?
- On arrêtait pas de se disputer. Adèle et 2zer était là, Ils m'ont clairement fait comprendre que ça ne servait à rien de continuer, que l'amour n'était pas quelque chose d'éternel, et que notre relation devait prendre fin, comme la leur. Je sais qu'il s'agit d'un mauvais rêve mais... Ça semblait si réel, dis-je en pleurant de plus belle. Je veux pas qu'on finisse par se détester, je t'aime et...
- Dani, me coupe-t-il. Je t'aime aussi et l'idée de te savoir loin de moi me rend malade. Arrête de penser au pire. Doums et Adèle était jeune, ils ont vécu une histoire passionnel, ils ont eu Ismaël rapidement, Adèle était focus sur sa carrière, Doums voulait profiter. Ils étaient pas prêt. 2zer quant à lui, il a revu ses priorités. Il avait besoin de respirer, de profiter davantage. Moi, j'ai assez profiter, ma carrière est lancée, j'ai fais tout ce que j'avais à faire. Depuis que je te connais ma vision des choses a totalement changé. J'ai plus les mêmes envies, j'ai vingt neuf ans. Je t'ai trouvé toi et je veux  construire quelque chose de sérieux. Je vais pas te mentir, je ne sais pas de quoi sera fait demain. Est-ce qu'on sera encore ensemble dans dix ? Vingt ? Trente ans ? sourit-il. Une chose est sûre, c'est que je t'aime et que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour préserver notre relation. On vie un truc tellement incroyable. Tu crois que j'ai envie que ça s'arrête ?

Un sourire se dessine sur mon visage quand il vient me déposer un bisou sur le front.

- Un jour tu porteras mon nom, tu seras la mère de mes enfants, alors ne laisse pas tes doutes détruire tout ça, OK ?
- Je t'aime.
- Je t'aime aussi mon gros bébé, viens là.

Ken me prend dans ses bras et je suis aussitôt soulagée. Même si ce cauchemar m'a rendu malade, il ne représente en rien la vérité. Notre relation est forte. Je dois arrêter d'avoir peur ! Ken me prouve chaque jour qu'on est fait pour être ensemble et je compte bien profiter de lui le plus longtemps possible.

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