LOVERS |h.s|

51.

« Qu'est-ce que tu veux? » Je grogne en voyant la seule personne que je ne voulais pas voir ce soir ou pour le reste de ma vie, s'installer au bar.

« Je suppose que tu sais. » Lola soupire.

« Qui ne le sait pas ? » Je lève les yeux au ciel en me répétant ce que Harry aurait dit s'il était là : il faut traiter tout le monde avec gentillesse. Même Lola. Et puis, on ne frappe pas les femmes enceintes.

Ouais, tout le monde est au courant. Et je préfère garder sous silence cette catastrophe et j'ai aussi la flemme d'expliquer à quel point Eleanor était en colère et en pleure : ce qui, en toute honnêteté, n'a pas donné le plus beau des mélanges. Mais c'était horrible et pas beau à voir.

« Je sais que tu me déteste. » Elle commence et je prends la peine de lui servir un verre d'eau parce qu'elle porte le bébé de Louis. « Et peut-être que ce sont les hormones qui parlent mais je me déteste un peu aussi. J'ai été une vraie salope avec toi. »

« Ouais. » Je hausse les épaules. « Parce que tu voulais Harry. »

« Non, » Elle laisse un échappé un rire amer. « je voulais ce qu'il représentait et être placée au même rang qu'il te place, par jalousie. »

« Tu étais jalouse de moi? » Je pouffe. Ça c'est la meilleure.

« Carrément. » Elle grimace. « Harry est canon et il est dingue de toi, qui ne rêverait pas d'être à ta place? »

C'est la meilleure que j'ai pu entendre aujourd'hui.

« Je suis désolée. » Elle prononce finalement. « Et je ne m'attends pas à ce que tu me prennes dans tes bras mais je veux juste être en paix... par rapport à tout ça. »

« Ok. » Je hoche de la tête. Une chose est sûre : je n'ai jamais envisagé de la prendre dans mes bras.

Le silence qui suit est un peu gênant puisque nous ne parlons pas et j'en profite qu'un client demande une bière pour m'éclipser quelques minutes. Lorsque je reviens, elle pleure. Non mais, est-ce le karma qui me fait passer un message quelconque? Je suis plus que embarrassée. Est-ce que je dois lui tapoter le dos de façon amicale? Je n'ai pas de notice prévue à cet effet.

« Pardon. » Elle renifle et à cet instant, toute la jalousie que j'ai pu ressentir à son égard disparaît avec ce bruit disgracieux qu'elle émet. Je lui tends un mouchoir et un nouveau verre d'eau. « Ce sont les hormones. »

Ok, je suis peut-être une garce mais je ne suis pas sans cœur non plus. Elle attend un bébé et ça se voit qu'elle est complètement chamboulée. Je prends ma pause, vole un bol de chips et de quoi boire et nous allons nous installer sur une table dans le fond de la pièce.

« Quand tu m'as croisé entrain de parler avec Harry à la soirée, je ne cherchais pas à remettre ça, j'ai compris qu'il ne voudrait jamais de moi juste à la façon dont il te regardait. » Elle explique. « Je lui disais que j'allais lui foutre la paix pour de bon et disparaître de vos vies. » Ouais, c'était la chose à faire. « J'ai fini bourrée et mon chemin à croiser celui de Louis, tout aussi bourré que moi. Il venait de se prendre la tête avec elle, on a parlé et puis les choses ont dérapé. »

Je l'écoute comme si j'étais au cinéma, j'ignore même mon téléphone qui n'arrête pas de vibrer.

« Et je ne voulais pas le garder. » Elle continue en faisant référence au bébé. « Enfin, franchement, tu me vois avoir un bébé? » Elle pouffe en sortant un papier plié en deux de son sac et me le tend. « J'avais une échographie planifiée pour ensuite parler des options envisageables. »

Je déplie le papier pour voir son échographie. Voir son bébé. Le bébé de Louis. Oh mon Dieu. Mon cœur fond. 

« Et je l'ai vu. Et j'ai su que je ne pouvais pas le laisser. » Elle renifle. « Ce sera probablement la meilleure des décisions que j'aurai prise dans ma vie. »

Pour une fois, je suis d'accord avec elle.

« Et je ne veux pas que mon enfant grandisse sans savoir qui est son père. » Elle ajoute. « J'ai dit à Louis qu'il n'était obligé à rien mais le bébé a le droit de savoir qui est son père. »

« Tu lui as vomis dessus. » Je rigole et elle grimace. « Vous allez avoir un bébé. »

Parce que j'ai compris que même si Louis était en état de choc et désorienté, qu'il allait tout de même endosser ce rôle de papa.

« Je sais qu'on sera jamais les meilleures amies du monde » Je dis au bout d'un moment. « mais je pense que je peux faire l'effort et te tolérer, parce que tu portes le bébé de Louis. »

« Merci. » Et elle se met à pleurer de nouveau avant de se jeter dans mes bras. Oh non. Elle pue toujours la connasse, à croire que c'est son odeur naturelle.

J'ai pas signé pour ça par contre.