LOVERS |h.s|

68.

« Ok, tu préfères adopter ou avoir recours à une mère porteuse? » Je demande à Harry.

« Ni l'un ni l'autre. » Il soupire et je perçois son irritation à travers l'écran de mon téléphone.

« Tu proposes bien de kidnapper Raphaëlle, Allie ou Freddie. » Je remarque.

« Oui, sauf que moi, je rigole alors que toi, tu es un peu trop sérieuse. » Il rétorque en retour.

Ce n'est pas que je suis sérieuse mais il vaudrait mieux envisager toutes les possibilités.

« Ok dans ce cas, tu préfères adopter un nouveau chat ou prendre un chien? » Je demande à nouveau.

« Kayla. » Il soupire.

« Quoi? » Je feins l'étonnement. « Tu n'as jamais voulu de chien? »

« Je sais très bien ce que tu essaies de faire. » Il remarque.

« Non, tu ne sais pas. » Je grogne.

« Tu ne comptes pas me parler des tes analyses? » Il demande finalement.

Ah ça. En prévision de mon rendez-vous chez la gynécologue demain, j'ai eu des analyses sanguines et urinaires à faire qui seront envoyées demain avant mon rendez-vous. Maintenant, je n'ai plus qu'à patienter.

Et je meurs de faim. Donc je m'empresse de prendre le premier paquet de biscuits que je trouve dans le placard avant de m'étaler dans le canapé.

« J'ai fait pipi dans un pot et j'ai donné un peu de mon sang. » Je marmonne avant de fourrer un biscuit dans ma bouche. « Pas besoin de s'étaler dessus. »

« Et? » Il insiste.

« Tu penses quoi d'un labrador? » Je change de sujet.

Il n'y a vraiment rien à dire là-dessus à part que c'est très dur de viser dans un pot et que je mérite une médaille juste pour avoir réussi à ne pas me pisser sur la main.

En fait, je pourrais très bien dire à Harry que je suis à deux doigts d'annuler mon rendez-vous pas parce que ça ne sert à rien mais parce que j'ai peur. Je n'ai pas envie d'entendre que je n'arrive pas à tomber enceinte parce que je ne suis pas en mesure de faire des bébés à cause d'un soucis quelconque. Je n'ai pas besoin de l'entendre parce que je le sais au fond de moi.

Je sais reconnaitre quand j'ai une gastro donc c'est pareil pour ça.

« Est-ce qu'il y a une chance que tu adoptes un chien avant mon retour? » Il demande avec un soupçon de crainte dans sa voix. Il revient après-demain. Enfin!

« Peut-être. » Je hausse les épaules. « Tu ne sais pas de quoi je suis capable. »

« Justement, c'est ça le problème. » Il peste.

« Et tu m'aimes pour ça. » Je lui souris.

Nous finissons par raccrocher quelques minutes après parce qu'il doit se rendre à sa conférence. Quant à moi, je fais une sieste et quand j'en ai marre de tourner en rond dans la maison, je décide d'aller faire un tour chez Chase puis chez maman.

« Est-ce que tu es déçue de moi? » Je lui demande.

Nous sommes entrain de jardiner, activité qui me plaît plus que je n'aurai pu penser. Et j'ai réalisé que je n'agissais pas comme je devrai le faire. Une culpabilité soudaine me frappe et m'agace autant que Sidney qui est assise sur une chaise longue derrière nous à faire des commentaires à tout bout de champ.

« Pourquoi je le serais? » Elle fronce les sourcils et arrange une bégonia.

« Et bien, Chase est l'enfant modèle par excellence : des études, un bon travail, une femme, un bébé. Il a placé la barre très haute. » J'explique. « Et il passe te voir tout le temps: » Et c'est vrai, il trouve le temps de faire ça alors que moi j'ai juste la flemme je suppose. Ce qui n'est pas une bonne excuse. « Bon, Sidney c'est une autre histoire parce qu'elle vit encore ici et que c'est une enfant. »

« Je ne suis pas une enfant. » Elle grogne.

« C'est tout comme. » Je peste avant de dire à maman : « Mais moi, je ne fais pas tout ça. »

« Chérie, tu n'en fais qu'à ta tête depuis toujours. » Elle constate. « Tu as toujours mené ta vie comme tu voulais, on s'y habitue. »

« Et c'est mal? » Je demande, perdue.

« Non, je suis fière de ce que tu as accomplie. » Elle me sourit et je me sens rougir. « Sauf cette connerie. » Et elle pointe mon tatouage avec un regard noir. Elle n'a toujours pas digéré cette nouvelle, heureusement qu'elle n'a jamais vu le piercing.

« D'ailleurs, quand est-ce que je pourrai avoir un tatouage? » Sidney demande.

« Jamais. » Maman déclare et je lui tire la langue. « Est-ce que tu veux rester manger avant de partir travailler? Je vais préparer des lasagnes. »

« Impossible de refuser. » Je lui souris.

Elle me rend son sourire avant de se lever et de disparaître dans la cuisine.

« Tu sais, il paraît que l'enfant du milieu aurait le pire des caractères et serait le moins supportable. » Sidney m'informe.

« Personne ne t'a sonné, la naine. » Je grommelle en aplatissant un tas de terre.

« Je suis presque plus grande que toi. » Elle remarque et n'a pas tort.

« Va voir ailleurs si j'y suis. » Je soupire, cette enfant a le don de m'agacer.

« C'est plus ma maison que la tienne. » Elle rétorque. « Rentre chez toi. »

« Maman, j'ai décidé de faire des efforts! » Je me lève et rejoins maman dans la cuisine. « Je passerai ici le plus souvent possible! »