Chapitre 4 : Caresse ton... ombre! (pas ton chat)

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Je ne baissais les yeux face à son regard obsidienne. Il y avait quelque chose chez lui qui me gênait au plus haut point. Son ton arrogant, sa posture ou juste lui, je ne savais pas trop.

- On a failli tous mourir sur ce foutu skiff!!! Excusez moi mais j'étais plus concentré sur sauver ma vie et la sienne que sur ce que faisait les autres pour s'en sortir. Si vous vouliez savoir exactement ce qu'il s'est passé... Il fallait partir avec nous, Einstein.

Il haussa les sourcils.

- Ah, j'oubliais... Je m'appelle Giva... Aïe!

Alina venait de me pincer les côtes sans aucune discrétion.

- Qu'est-ce que vous êtes?

- Deux filles survivantes d'un massacre digne d'un roman d'épouvante. Pourquoi? Jaloux? Ouch!!! Alina, arrête.

- Toi, arrête!!! Tu vas nous faire tuer si tu continues. Excusez là, Général. C'est une civile. Alina Starkov, assistante cartographe dans le Corps royal des Topogr...

- Une civile? Ici? Comment a t-elle pu s'introduire dans le camp. Qui est le responsable des gardes? S'écria un grisha roux en kefta bleu.

- Je me pose la même question. Dit le général toujours aussi calme.

Je n'étais pas dupe, il était en colère lui aussi. La tente déjà sombre le devint encore plus, le froid s'intensifia aussi. Les ombres semblaient nous entourées. Elles se mouvaient pareilles à des tentacules, masquant la moindre parcelle de lumière venant de l'extérieur. Un Invocateur de ténèbres comme l'homme dont m'avait parler la Sainte. Il fallait que je réponde et rapidement ou je ne donnais pas cher de notre peau.

- Je me suis glisser dans le camp, hier soir et j'ai profité de l'agitation de l'embarquement pour me cacher dans la cale du skiff. Je ne suis qu'une dessinatrice qui voulait passer de l'autre côté du Fold.

Il ne parut pas convaincu par mon mensonge. En même temps, je n'étais pas vraiment une experte en la matière.

- De laquelle de vous deux provenait la Lumière? Je ne répéterai pas la question alors ne gaspillait pas votre salive en phrases inutiles. Nous prévint-il, plus menaçant que jamais.

Alina et moi échangeâmes un regard.

- Nous l'ignorons toutes les deux. Alina allait être emportée donc je l'ai agrippé de toutes mes forces. De son côté, elle voulait que je la lâche alors nous étions plus préoccupé par ça que par tout autre chose. Je sais juste qu'après la Lumière était partout et qu'elle a anéanti les bestioles qui étaient à proximité de nous. Peut-être venait-elle de moi ou d'Alina... Pourquoi pas de nous deux en même temps? Je ne saurais le dire.

- Avez-vous était tester? demanda t-il alors que les ombres se retiraient petit à petit.

- Tester? C'est à dire?

- Vous l'ignorez, donc?

Il semblait sincèrement surpris. C'est Alina qui m'expliqua.

- On teste les enfants entre 9 et 11 ans pour savoir si ils sont grishas ou pas. Ceux qui réussissent sont envoyer au Petit Palais pour y être formé et entrer dans la Seconde armée.

- Je pense avoir échapper au maille du filet. Ce test... C'est vraiment une obligation?

Les murmures outrés de tous les grishas présents sous la tente, me firent un poil paniquer. Ils ne semblaient pas très content.

- Et vous? Il s'adressait à présent à Alina.

- J'ai passé le test à 11 ans, à l'orphelinat de Keramsin. Je ne suis pas grisha.

Elle avait dit cette phrase avec aplomb.

- Avez-vous falsifier le test?

- Parce qu'on peut le fausser? demandai-je parfaitement ignorante de l'état de calme instable de mon interlocuteur, alors que les ombres revenait de nouveau. Je sentis le contact froid de l'une d'elle sur ma joue et sur ma cheville droite alors qu'elle s'y enroulait doucement.

- Taisez-vous, maintenant. Vous ne voulez pas me voir hors de moi.

L'ombre serra ma cheville à m'en faire mal. Mais au lieu de montrer qu'elle me faisait mal, je décidais de me baisser pour mieux la voir à l'oeuvre. Si je montrais ma peur ou quoique se soit du même registre, il pourrais le percevoir comme de la faiblesse.

- D'accord, je ne dirais plus rien. Faites comme si j'étais pas là.

Je me mis à jouer avec l'ombre ou plutôt j'essayais de l'enlever de ma cheville en douceur. Parce que plus je tentais de la prendre de force, plus elle se resserrait. C'était drôle et d'un niveau de maturité frisant la maternelle. Malgré tout, cela me permis de décompresser un peu.

C'est le silence pesant qui régnait dans la tente, depuis quelques minutes déjà, qui me fit lever la tête.

Tous me dévisageaient comme si j'étais un animal curieux.

- Euh... Est-ce que j'ai quelque chose de bizarre sur le visage?

- Le général Kirigan va nous tester toute les deux. Juste au cas où. Qu'est ce que tu fais, Giva?

- Je... voulais la retirer. C'est assez drôle au touché d'ailleurs. Fis-je remarquer en la caressant comme un chaton.

- La retirer? Vous ne pouvez vous en défaire sans mon accord. Pourtant, vous la caressez comme un animal de compagnie...

Il paraissait totalement abasourdi par la situation, sans prévenir il rit. Il rit sincèrement, laissant les autres trop choqué par sa réaction pour esquisser le moindre geste ou la moindre parole.

- Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de drôle. Alina... Pourquoi rit-il?

- Tu viens de "t'amuser" avec le pouvoir le plus redouter de Ravka. Le général Kirigan est le grisha le plus puissant que ce pays ait connu et toi tu touches ses ombres sans en avoir peur. Il doit te penser folle ou juste stupide.

- Charmant... Notre général national, ici présent, pense cela de moi. Alors suis-je folle ou stupide? Dis-je en prenant la voix la plus autoritaire que j'avais en stock, tout en me relevant.

Cela du marcher car le général en question cessa de rire aussi vite qu'il avait commencé et s'approcha de moi.

- Peut-être un peu des deux... Tendez votre bras et relevez votre manche.

Je fis ce qu'il me demandait, puis vis la griffe en argent à son pouce. Mais il tenait déjà mon bras. Je sentis quelque chose monter en moi. C'était à la fois familier et étranger cependant quand la griffe transperça la peau tendre de mon avant-bras, je me mis à hurler. C'était chaud, brûlant comme si de la lave parcourait mon corps depuis la pointe de la griffe.

Puis la douleur me poignarda le crâne. Des bribes d'images et des voix, des cris, le chaos. Au milieu de tout ça, un homme. Le même qui me tenait le bras. Un nom répété en boucle, jamais tout à fait de la même manière. Alek, Sander, Alexandre, Alexis... Aleksander.

Toutes les personnes dans la pièce se tenaient la tête comme si elles subissaient le même supplice que moi. Seul Alina et Kirigan semblaient bien se porter.

- Arrêtez, je vous en supplie... Lâchez moi, Aleksander. Gémis-je.

Il me lâcha comme si je l'avais brûlé. Ne plus sentir son contact me fit l'effet d'une prise que l'on débranche brusquement. Le choc me fit voir trente six chandelles et je me laissais tomber au sol. Heureusement qu'Alina pouvait tenir sur une jambe parce que sinon je l'aurais entraîné dans ma chute. Il s'agenouilla devant moi prenant soin de ne pas me toucher.

- Qu'avez-vous dis?

- Giva, ça va?!

Mais il était trop tard, les ténèbres s'étaient de nouveau refermer sur moi.

Put***, j'en ai marre...




Istorii zabivatyy (Histoire oubliée)Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon