Chapitre 37 : Le collier

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Je reçus la réponse de Baghra le lendemain matin. Il y avait un Fabrikator compétent à Ryevost, ma ville natale imaginaire. Par contre, convaincre un homme de talent de faire quelque chose gratuitement serait une tâche délicate, d'autant plus que je n'avais plus un rond. Mon arrêt au resto n'était peut-être pas la meilleur idée que j'avais eu. Mais l'odeur de la nourriture, m'avait rendue totalement irrationnelle, sur ce coup-là.

Je me mis en route sans attendre, repensant à son approche pour persuader l'artisan. Je savais que les mots étaient des outils puissants, mais je devrais trouver le ton juste pour toucher la corde sensible de cet homme. Plus vite j'arrivais à le convaincre, plus vite je pourrai dire à Baghra de faire partir Alina loin de Kirigan.

À mon arrivée à Ryevost, toujours sur Zvevda, je me mis en quête de la demeure de l'artisan. Le quartier avait quelque chose familier, bien que je sache que je n'y avais jamais vécu. Cette ville me semblait à la fois réel et imaginaire. Comme si je voyais au travers d'un voile. C'était très perturbant.

Dans la rue principale, je vis des maisons avec des pancartes suspendues au dessus des portes. Un coiffeur, une boutique de vêtement, un maraîcher et mon artisan (à moins qu'il y en ai un autre). J'hésitai un instant, rassemblant mes pensées, tout en descendant de ma monture. Puis, je frappai sur le battant. L'homme, les cheveux grisonnants et les yeux scrutateurs, ouvrit la porte, exprimant clairement son impatience.

- Qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-il d'un ton abrupt.

Je pris une profonde inspiration, puis commençai à parler. 

- J'ai avec moi, les bois d'un amplificateur. Mon amie a besoin de cette artefact pour pouvoir détruire cette chose hideuse qui sépare vo...Notre pays. Me repris-je au dernier moment.

C'est mon pays aussi. Mon monde. 

- Enfin, tout cela pour dire que votre aide me serait plus que précieuse. En revanche, je n'ai pas d'argent.  

L'artisan m'écouta, les sourcils froncés, mais il ne m'interrompit pas. Quand j'eus fini, il resta silencieux un moment. Puis, il marmonna quelque chose sur le caractère entêté des jeunes gens qui pensent pouvoir tout changer.

J'attendis patiemment, espérant avoir réussit à le convaincre.

- Faire ça gratuitement ? Non, je ne suis pas un philanthrope. Déclara-t-il finalement.

- C'est Baghra qui m'a donné votre adresse. Si vous ne croyez pas en moi, croyez au moins en elle. Je vous jure que vous ne le regretterai pas. De plus, vous n'aurez sans doute plus jamais l'occasion de travailler un amplificateur de cette qualité. 

L'artisan sembla réfléchir, puis, après un long moment de silence, il soupira.

- D'accord, je le ferai. Mais ne t'attends pas à quelque chose d'extraordinaire. J'avais une dette envers ta maîtresse. Tu devras lui dire que nous sommes quitte. Dit-il, montrant son accord avec un simple geste de la main.

Je sentis un mélange de soulagement et de gratitude. Je m'empressais de remercier l'homme et lui promit de transmettre son message à ma "maîtresse". Je lui tendis les bois et ses yeux s'écarquillèrent de surprise en voyant la couleur blanc ivoire de ces morceau de ramures.

- Reviens dans une heure. Me dit-il avec un sourire. 

J'en fus tellement étonnée que j'acquiesçai bêtement en faisant un pas en arrière

En attendant que mon nouvel associé ai terminé son ouvrage, j'errai dans les rues de Ryevost, . Les ruelles pavées étaient calmes, le silence seulement rompu par les claquements des sabots sur la pierre. La ville, nichée au pied de la chaîne de montagnes de Petrazoi, était baignée d'un climat doux, préservée des rigueurs glaciales des terres du Nord. Elle avait une atmosphère à la fois mélancolique et accueillante, comme un refuge isolé du tumulte du monde extérieur. Je m'y sentai bien.

Istorii zabivatyy (Histoire oubliée)Where stories live. Discover now