Chapitre 18 : Franc-parler campagnard

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Je ne sais pas exactement quand nous cessâmes de parler... Mais l'obscurité avait pris le pas sur la lumière du jour quand nous prîmes conscience que la pluie tombait et qu'il était presque l'heure du dîner. Ni une, ni deux, nous courûmes sous les gouttes glacées pour rejoindre le Little Palace. En arrivant, Genya et Gerda nous attendaient toutes les deux sur le péron.

Autant dire qu'elles nous passèrent un savon quand nous nous arrêtâmes devant elles, nos vêtements et nos cheveux dégoulinant de pluie. Enfin, quand je dis qu'elles nous passèrent un savon... C'est surtout Genya qui se défoula sur nous. Gerda s'inquiétait surtout du rhume que nous risquions d'attraper.

Genya... fini-je par soupirer. Tout va bien, nous sommes désolés de vous avoir inquiété toutes les deux.

Nous n'avons pas vu le temps passer... Et puis, ça m'a fait du bien de discuter normalement avec quelqu'un. Renchérie Alina. Sommes-nous en retard de beaucoup ?

- Oh non... Seulement de vingt minutes. Dit théâtralement Genya avec un sourire si forcé que je me demandais si son visage parfait allait se fissurer.

Alors allons-y. Fit Alina, avec une détermination qui me surpris.

Mais et vos vêtements ? S'enquit Genya totalement paniquée.

Je pense qu'ils survivront à la vision de leur invocatrice trempée. Lui répondit calmement Alina en avançant dans l'entrée.

J'adore ce plan !

Et puis, ils pourront toujours se rabattre sur moi pour les commentaires blessants. Dis-je, en entrant à mon tour dans le bâtiment, sans me soucier de tremper les tapis et le carrelage.

Je suivis ma nouvelle meilleure amie, un sourire radieux sur le visage. Une fois arrivée à la même hauteur qu'elle, je lui dis sans détour.

Je n'aurais jamais cru que tu oserais faire ce genre de chose. Tu m'impressionnes.

- Giva... J'ai autant ma place que toi, ici. Toutes ces manières et ce protocole ne me conviennent pas. Je suis une fille comme les autres, avant d'être l'invocatrice de Lumière. Il serait temps que tout le monde ici le comprenne.

- Alors là... Tu m'épates vraiment.

Nous arrivâmes rapidement devant la porte de l'immense salle à manger. Alina s'arrêta brusquement, la main sur le poignet, hésitante.

En avant, Alina ! Il est trop tard pour reculer. Lui dis-je comme encouragement.

Elle hocha la tête et ouvrit la porte. Quand nous entrâmes, toutes les têtes se tournèrent vers nous comme un seul homme. Le Darkling siégeait face à la porte, la place à sa droite était vide, de même que le siège le plus proche de la sortie. Pas la peine d'être Einstein pour comprendre à qui était destinée celle-ci.

Bon, je crois que nous nous séparons ici. Va à côté du Darkling. Je reste proche de la sortie si jamais tu as besoin de t'enfuir. Lui murmurai-je en cachant ma bouche avec ma main.

Tu couvres mes arrières alors ? Tu ne préfères pas aller à côté de lui à ma place ? Me taquina-t-elle en retour.

Et m'attirer les foudres de ses admiratrices endiablées ? Non, sans façon. Vas-y, ma belle. Je te laisse le soin de les humilier à ma place. Lui dis-je, en faisant une révérence exagérée.

Nous nous fîmes un signe de tête entendu, puis Alina partit vers le maître de cœur de toutes les dames de l'assistance... J'exagèrais peut-être un peu, mais c'est comme ça que je le ressentais sur le moment.

Istorii zabivatyy (Histoire oubliée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant