Chapitre 22 : Ombres perdues

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Quand j'ouvris les yeux, il faisait sombre. Je me trouvais assise sur quelque chose de dur comme de la pierre. Après avoir regardé, je confirmai bien que c'était de la roche brute.

Devant moi, des hommes et des femmes au teint aussi blanc qu'un cachet d'aspirine marchaient lentement de long en large. Ils avaient le regard vide et leurs vêtements étaient plus ou moins en lambeaux. Ils étaient de tout âge, certains avec des keftas et d'autres avec l'uniforme des soldats de la première armée. Il y avait aussi des enfants au regard aussi vide et sans vie que les autres.

Où suis-je Pensais-je en ayant l'impression que quelque chose n'allait pas du tout.

Je ne me sentais pas bien ou peut-être que si. J'avais l'impression d'avoir du vide à l'intérieur de ma poitrine. Et ça faisait mal sans être insupportable. À contrario, mes veines brûlaient, je sentais quelque chose grouiller dans mon esprit et mes pensées n'arrivaient pas à s'organiser. C'était comme si mes pensées m'étaient arrachées sans ménagement par des mains avides et râpeuses. Ma gorge était sèche et le spectacle de ces gens déambulant tel des zombies me mettait mal à l'aise.
Bizarrement, ce n'était pas mes seules pensées, j'étais également satisfaite de moi. Je tirai de ces visages hagards et vides une intense satisfaction. La joie du travail bien fait Mes pantins, mon armée

Qu'est-ce qui m'arrive ? Pourquoi ? Qui?

Et puis, je ressentis une douleur sourde me vriller les tympans. Ou plutôt un hurlement perçant. Cela me força à fermer les yeux.

Qui que tu sois, Sors immédiatement de mon esprit. Je te sens et je te trouverai ! Me menaça une voix glaciale, inconnue.

Quand je rouvris mes paupières, il faisait sombre... Et chaud. Horriblement, chaud.

Oh non... Grognai-je d'une voix éraillée et la bouche rendue pâteuse à cause du manque d'eau.

- Tiens! Voyez qui se décide enfin à revenir parmi les vivants. Souffla exaspérée Baghra en s'approchant de moi avec une tasse fumante de quelque chose qui sentait très mauvais.

Qu'est-ce que je fais, ici ? Demandai-je. Qui m'a amené ?

Toujours aussi mal élevée. C'est mon fils qui t'a porté jusqu'ici. Il avait des coupures sur les avant-bras et le visage.

Oh... Dis-je en me rappelant les récents événements.

J'avais encore gaffé.

Tiens, petite écervelée. Bois cela avant que ça ne refroidisse.

Elle me releva la tête sans douceur. Pourquoi tant de froideur dans sa voix ? J'avais compris mon erreur, j'en payais déjà le prix. Elle me fit boire un breuvage trouble, sentant l'ail, l'eau croupie et le poisson fermenté. Il n'y avait vraiment pas que l'odeur qui donnait envie de vomir. Je voulais recracher, mais sa voix m'en dissuada.

Si tu ne le bois pas, je trouverai un moyen bien moins agréable pour te le faire avaler.

Peu désireuse d'essayer ce fameux moyen, je me décidais à prendre ce remède démo-miraculeux. Pour mon plus grand malheur, j'avalais la substance malodorante. J'imagine que la grimace que je fis m'aurait valu une belle photo dossier chez moi. Une chance que je n'y sois pas...

Puis-je avoir de l'eau, s'il vous plait ?

- Non. Il faut que le remède agisse d'abord.

Istorii zabivatyy (Histoire oubliée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant