Chapitre 17: Faire connaissance

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Alina m'avait attendue dehors, mais je voyais bien à ses yeux interrogateurs que je devrais lui raconter ma discussion avec Baghra. Ou du moins un condensé crédible, en omettant bien sûr la partie sur mon entraînement secret avec la vieille femme. Je lui raconterai si jamais nos séances se révèlaient fructueuses.

- Alors?

Je te raconterai ce soir après le repas. Où devons-nous aller maintenant ?

Alina sort une feuille de papier de son kefta bleu. Elle était toute chiffonnée comme si mon amie l'avait consultée beaucoup et remise précipitamment dans sa poche.

Rien du tout. Il doit être aux environs de 17 heures. Nous pourrions aller aux écuries... J'aimerais bien faire un tour. Ça serait l'occasion de revoir Zveda et Blanca.

Je souris à cette idée. Oui, nous pourrions aller voir les chevaux et discuter pour mieux nous connaître. C'est dingue, mais depuis que nous nous connaissions, il y avait toujours eu quelqu'un avec nous. Nous n'avions jamais vraiment été seules toutes les deux. C'était l'occasion d'en profiter, car même si nous passions la soirée toutes les deux, j'aurai mis ma main au feu que Gerda ou quelqu'un d'autre serait resté devant la porte.

Plus j'y réfléchissais et plus je sentais que le Little Palace était une sorte de cage dorée. Ma conversation avec Baghra m'avait encore plus conforté dans cette idée.

Ici, on entraînait les Grishas à devenir des soldats obéissants et redevables à une seule et unique personne. Le général Kirigan, le plus puissant des Grishas. Enfin, jusqu'à ce qu'Alina entre dans l'équation. Ne dit-on pas que la lumière triomphe toujours de l'ombre ?

Espérons juste qu'il ne décidera pas de l'éliminer une fois le Fold détruit ou si elle décide de vivre sans lui.

Si, comme Baghra m'avait dit, Kirigan mijotait quelque chose d'énorme et qu'Alina était sa pièce maîtresse... Alors, j'avais tout intérêt à faire attention à nos arrières. Hors de question de la laisser devenir le pantin du premier crétin super puissant venu.

Parce que oui, ce général est un crétin fini s'il pense que je ne veillerai pas au grain.

Nous mîmes peu de temps à rejoindre les écuries. C'était un long bâtiment avec de grandes portes à double battants. Le sol n'était pas dallé comme je m'y serais attendue. La terre avait été aplanie par les multiples passages et les boxes étaient assez spacieux pour garantir un confort maximal à tous ces nobles destriers.

Alina salua le palefrenier, qui bégaya quelque chose que je ne compris pas. Un autre un peu plus vieux et bougon, d'après sa mine renfrognée, le rappela à l'ordre d'une puissante tape dans le dos.

Alina m'invita à la suivre dans le fond. Les trois chevaux que je connaissais s'y trouvaient. Blanca et Zveda côte à côte se donnaient des coups de tête affectueux. Le destrier du général était en face. Sa robe foncée avait des reflets de feu à la lumière.

Quand il nous vit, ses oreilles se mirent en arrière et ses naseaux se dilatèrent. Pas besoin d'avoir bac plus dix pour comprendre qu'il ne nous appréciait pas. Cependant, j'aimais les défis. Autant dire, qu'un cheval se laissant approcher par une seule personne au caractère aussi trempé que lui... S'en était un, plus que tentant.

Et bien, quel accueil. Tu ressembles vraiment à ton cavalier ou bien est-ce lui qui te ressemble ? Lui dis-je en le regardant droit dans les yeux.

Il tapa dans la porte de sa stalle, la faisant trembler dans ses gonds.

Et susceptible en plus. Calme-toi un peu, je n'ai pas l'intention de t'approcher...

Istorii zabivatyy (Histoire oubliée)Where stories live. Discover now