Istorii zabivatyy (Histoire oubliée)

Chapitre 19 : Voyennaya Khronnika

J'avais passé au moins une heure parmi les rayonnages de cette énorme bibliothèque. Évidemment, je n'avais déchiffré aucun des ouvrages présents sur les étagères. Cependant, en feuilletant certains, j'avais permis de déterminer en partie le classement de cet endroit.

Les mythes et légendes (incluant la religion) se trouvaient sur le premier rayonnage en face de la porte. La science et la physique étaient au fond de l'allée principale, à droite. La magie grisha ou Petite Science, comme me l'avait expliqué Feydor dans la Darkmobile, avait sa place à gauche de l'allée principale. Les livres qui traitaient de ce sujet faisaient penser aux manuels explicatifs d'art martial. Chaque geste, mouvement de main, etc... Tout était répertorié par ordre et genre de pouvoir.

Mais le rayonnage qui m'intéressait était celui des livres d'Histoire avec un grand H. Même si j'ignorais ce que « Voyennaya » voulait dire, « Khronnika » n'était pas difficile à comprendre. Les chroniques sont des récits longs sur une personne ou un événement précis. Dans ce cas-ci, la guerre précédent la création du Fold.

Le livre devait être grand et épais, avec une couverture en cuir sombre et des pages jaunies par le temps. Avec un peu plus de quatre cents ans dans une bibliothèque, il devait être un peu abîmé. Mais gardé dans un endroit un peu à l'écart et à l'abri de la lumière directe, son état ne devait pas être catastrophique. Je cherchais donc un pan d'étagère un peu en retrait qui aurait pu abriter l'ouvrage.

Mais je ne pus trouver le rayonnage exact. C'est ainsi que je terminais ma recherche dans la bibliothèque.

Bien sûr, ne sachant pas lire le Ravkan... Je lâchais l'affaire. Si je voulais que Baghra m'aide, je devrais apprendre à lire dans les deux jours ou trouver quelqu'un qui pourrait me servir de traducteur.

Mon amie l'invocatrice, par exemple...

Je n'avais pas perdu au change, étant donné que ma colère injustifiée contre le Darkling s'était évanouie pour l'instant.

J'étais donc à présent assise à une des tables, la tête en arrière sur le dossier de la chaise et les paupières fermées. Les bras balançant dans le vide et les jambes tendues et écartées. Ce temps passé seul m'avait permis de faire le point sur ce que j'avais fait un peu plus tôt.

— Qu'est-ce qu'il m'a pris de m'en prendre à lui comme ça ? Marmonnai-je.

– Nous nous posons donc la même question. Que vous ai-je fait pour que vous me teniez de tels propos ?

La voix du Darkling me fit me redresser sur ma chaise. Mais je ne vis personne.

Génial ! Je commence à avoir des hallucinations auditives, maintenant.

Je me réinstallais comme avant, tentant de garder une posture décontractée, mais je gardais les yeux ouverts cette fois. Peut-être que quelqu'un profitait de la mauvaise luminosité pour me faire une farce et imiter la voix du général.

Non, ils ont une trop grande estime de lui pour oser faire ce genre de stupidité en son nom... Bien, essayons d'être diplomate.

— Je n'y peux rien si quelque chose en vous me met hors de moi.

Pour la diplomatie, je crois que c'est cuit.

– Je serais curieux de savoir ce qui vous gêne tant. De plus, vous vous êtes permis de faire des allégations assez déconcertantes en présence de tous mes protégés.

Son ton était calme, mais les ombres du plafond grossissaient à vue d'œil, montrant les sentiments dissimilés de l'invocateur. Le doute n'était donc plus permis. C'était bien lui.