Chapitre 26 : Amplificateurs

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Les jours passèrent, puis se transformèrent bientôt en mois.

Cinq mois, pendant lesquels je m'évertuais à progresser et à mieux appréhender ce que je ferais avec un tel pouvoir. J'imagine que je devais être sur la bonne voie, car la Sainte ne s'était plus montrée depuis un moment. J'aurais pourtant cru qu'après mon coup d'éclat de la dernière fois, elle aurait voulu de nouveau me faire la leçon ou me punir. Mais rien du tout.

Je ne m'attardais pas trop sur ce que cette absence de réaction de sa part pouvait signifier, trop occupé par mon entraînement.

Et on pouvait dire que j'avais fait du chemin depuis ma première leçon avec Baghra. J'arrivais maintenant à prévenir mes sautes de pouvoirs, comme je les appelais. Kirigan gardait ses distances avec moi depuis ce que j'avais fait et moi, je ne recherchais pas non plus sa présence. Nous mettre dans la même pièce équivaudrait à un cataclysme et briserait tout le self-control que je m'évertuais à nourrir.

Autre détail important, j'avais appris que la force que j'avais projetée était mon esprit lui-même sous sa force brute et que je pouvais ainsi créer un double de moi si j'apprennais à le modeler. Morana expliquait en détail ce phénomène dans son journal. Elle disait qu'elle était passée par là, elle aussi. Et je me sentais de plus en plus proche de mon alter ego du passé.

Mon pouvoir se servait de ma colère (non justifiée). En le privant de ce sentiment, grâce à l'absence de Kirigan qui, pour une raison toujours inconnue, me mettait dans une rage folle dès qu'il me voyait, j'avais dû essayer de trouver une émotion assez puissante pour pouvoir utiliser mon pouvoir.

La tristesse était une bonne alternative en attendant de trouver une émotion plus positive. Ce chagrin qui me prenait à la gorge depuis que la Sainte m'avait propulsé ici. Ma famille adoptive me manquait, mon travail aussi, même si je n'avais même pas pu y mettre les pieds, mes amis et leurs soucis, ma maison et toutes ces petites choses qui font qu'on veuille s'y accrocher de toutes ses forces.

Dieu, que j'aurais adoré pouvoir leur dire au revoir. Et c'est ça qui me rendrait plus forte. J'ignorais encore jusqu'où mon don pouvait aller.

En revanche, ma capacité à lire les esprits s'était volatilisée. Mais je pouvais sentir les esprits des autres autour de moi, avec de plus en plus de force. C'est comme si je pouvais les toucher et en faire ce que je voulais. Mon instinct me disait que franchir ce pas me changerait en quelque chose que je n'étais pas. Morana n'en faisait aucune mention dans son journal. Peut-être était-ce la particularité dont Baghra m'avait parlé, celle de modifier l'esprit de quelqu'un ?

Si c'était vraiment celle-ci, alors elle voulait que j'utilise cette capacité contre elle. Je ne lui en dirais rien. Hors de question de la lobotomiser. Je tenais trop à cette sorcière populaire.

De son côté, Alina avait passé l'épreuve de la présentation au bal de l'automne auquel moi, je n'avais pas participé. Suite à mon excès de zèle à côté de la statue de Morana, aux nombreuses plaintes directes et indirectes, le tsar avait décidé que je devrais ne plus paraître en public avant de savoir me tenir. C'est surement l'une des meilleures décisions qu'il ait jamais prises.

La vague de pouvoir que j'avais libérée s'était faite sentir au-delà des frontières de Ravka, aussi bien à Shu Han qu'à Fjerda ou Ketterdam. Et les rumeurs avaient atteint Novi Zem en quelques jours. Maintenant, tout le monde était sur les dents d'après ce qu'Alina m'avait raconté.

Kirigan était pris en étaux par le tsar, les ministres et toutes les personnes qui s'intéressaient à mon cas. Il pressait donc Alina de maîtriser ses dons à la perfection pour pouvoir détruire le Fold au plus vite afin de pouvoir faire face aux multiples menaces qui pesaient maintenant sur le pays.

Istorii zabivatyy (Histoire oubliée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant