Chapitre 39 : Panique

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Je gravis de nouveau la route pentue qui menait à la ville. Katia et Alina devaient être arrivées maintenant. Mon déguisement m'attira les regards dégoutés de pas mal d'habitants, mais vu que c'était l'effet escompté, j'imaginais les possibles soldats que je croiserais en faisant de même. Ils détournent le regard de moi de dégoût.

M'armant de ma seule témérité, je me mis à faire le tour de la ville tranquillement, limite en sifflotant. Comme quoi, mon culot n'avait plus aucune limite. On me laissa tranquille tout du long. Je n'ai aperçu Alina et Katia nulle part. Peut-être étaient-elles entrées dans l'auberge se situant sur la place du marché ? Tout en me dirigeant vers la bâtisse, j'observais les alentours. Il y avait plus de gardes et de soldats que la veille. Et des grishas aussi cette fois...

Mon message aurait-il été intercepté ? Ou Alina m'aurait-elle trahie ? J'allais devoir aller à la pêche aux infos. Je m'approchais d'un étale de fruits et de légumes. Un homme moustachu et avec un bel embonpoint me regarda de manière oblique, retroussant la patate qui lui servait de nez avec dégout.

Dégage de là, Avorton. Tu vas faire fuir mes clients.

Je pris une voix un peu plus grave pour lui répondre.

Eh, Monsieur, pourquoi y a tant de soldats ici ? C'était pas comme ça hier et avant-hier.

— Je t'ai dit de fiche le camp. Ne te mêle pas des affaires de l'armée. Retourne à ton écurie et va te débarbouiller, tu es écœurant.

Les affaires de l'armée

— Mais il n'y a rien ici. Pourquoi que l'armée viendrait ? Je demande en me grattant la tête comme si je ne comprenais rien de ce qu'il me disait.

Il soupira.

Ils cherchent la traîtresse qui a tué le cerf de Morozova. Elle lui a arraché ses bois, le général Noir en personne a découvert ses méfaits.

Oh mon Dieu... J'ai fait quoi ? Le cerf est mort Mais,

J'étais trop sous le choc pour répondre tout de suite. Je mis deux bonnes minutes à réagir. Le commerçant ne parut pas s'en formaliser plus que ça. Je répondis rapidement.

Un cerf et une traîtresse ? Et le général noir ? C'est trop compliqué pour moi. Je retourne travailler. Merci m'sieu! Lui criai-je en partant en trotinant.

Ils me cherchent bien. Kirigan a eu ce qu'il voulait. Mais les bois du cerf sans son accord ne lui servent à rien. Il sait tout... Alina doit être plus surveillée qu'avant, Baghra ne l'a sans doute pas mise au courant pour Kirigan... Elle ne peut pas avoir quitté le Little Palace, même si Baba Yaga lui était venue en aide.

Mon cerveau tournait à cent à l'heure.

Ce message était un piège. Et le précédent l'était surement tout autant. Je n'aurais pas dû utiliser un animal comme messager. C'était trop risqué. Ce bâtard sans scrupule Il m'a laissé faire tout le travail. Et moi, comme une idiote, j'ai obéi sans me poser de question.

Je passais à côté d'un groupe de Grisha. J'entendis des mots comme « À , « Ne pas nous échapper », « Cette traîtresse », « récompense » et « invocatrice ». Et si Kirigan était si sûr que ses chiens de chasse me retrouvent et m'amèneraient à lui et à Alina. Il voudrait tester son nouveau jouet le plus rapidement possible sur le Fold. Ils étaient forcément à Kribirsk.

Et il me tuerait après avoir récupéré le collier afin d'être sûr que je ne retourne pas Alina contre lui. Même si mon don était unique, il ne prendra jamais le risque de perdre sa précieuse invocatrice. La mort m'attendait au bout du chemin si j'étais prise avant.

Istorii zabivatyy (Histoire oubliée)Where stories live. Discover now