Istorii zabivatyy (Histoire oubliée)

Chapitre 21 : Morana

J'étais partie récupérer le sac préparé la veille. Gerda n'était pas dans la chambre, ce qui était étonnant, la connaissant.
Tout en me dirigeant vers les écuries, je me pris à prier pour ne croiser aucun Grisha avant d'aller voir Baghra. Étant donné qu'il ne me restait que quelques chapitres avant d'avoir fini de lire ce qui m'intéressait.
Baghra avait raison en disant que ce livre me permettrait de mieux comprendre certaines choses. Mais je pense aussi qu'elle avait fait exprès de me diriger vers un livre que je n'étais pas censée pouvoir lire.

Dommage pour elles...

Pour résumer, ce que j'avais appris dans ces pages, Morana était une femme sortie de nulle part comme moi. Pas de détails sur sa famille, sur son passé, l'auteur n'avait pas précisé quoi que ce soit. Par contre, il était fait mention de ce dont elle était capable. Apparemment, elle aurait pu modifier les souvenirs des gens. Mais aussi les asservir d'un simple regard. J'avais un doute sur ce point. Après tout, les historiens ont toujours tendance à exagérer certains détails.

D'après le livre, l'Hérétique Noir et elle s'étaient rencontrés pendant un raid sur le village de Balakirev. La jeune femme était alors seule au milieu d'une dizaine de paysans appeurés voulant la brûler vive. L'herétique lui avait alors sauvé la vie. Par la suite, ils étaient devenus un duo redoutable. Elle alla jusqu'à devenir son bras droit et sa porte-parole.

Physiquement, c'était une très belle femme. Une gravure la représentait avec de longs cheveux bruns aux reflets de feu, des yeux verts lumineux. Des ronces et du lierre entouraient l'image. Le regard qu'elle lançait au lecteur était emprunt de fierté et de détermination. Elle semblait dure et intraitable.

Une expression qui ne m'était pas étrangère. Je l'avais vu récemment sur la statue dissimulée dans le parc.

Je vais devoir retourner y faire un tour.

J'arrivais aux écuries quelques minutes plus tard. La brume matinale commençait à tomber. Quand j'entrai dans le bâtiment, le jeune palefrenier bègue de la dernière fois nettoyait le box vide du cheval du Darkling.

- Bonjour! Le saluais-je en posant mon sac, le faisant sursauter par la même occasion.

- Par tous les Sa..sa...Saints!!! Voilà... Vous m'avez fait peur. Dit-il avec autant d'empressement que son beugissement le lui permettait.

- Excusez moi... Piotr. C'est bien ça ? Demandai-je en tentant de me rappeler de son nom. Je ne voulais pas t'effrayer. Après tout, nous risquons de nous croiser souvent tous les deux.

- Co...Co... Comment ça ? S'inquiéta-t-il en posant sa pelle contre la porte de la salle.

Je lui expliquai rapidement les raisons de ma présence et le fait que nous allions cohabiter pendant une durée indéterminée. La nouvelle ne paru pas le réjouir.
Et je compris pourquoi très vite.
Le palefrenier en chef de la dernière fois pénétra dans l'écurie tel un taureau fonçant sur le torero dans l'arène.

— Qu'est-ce que c'est que cette histoire ! Rugit-il de sa voix grave et légèrement rocailleuse. Une femme dans mes écuries et Grisha en plus ! On aura tout vu !

— Monsieur, calmez-vous, s'il vous plait. Je ne vous dérangerai pas. Je peux même vous aider en contrepartie. De plus,

— Je n'en ai rien à faire de l'aide d'une étrangère. Quittes mes écuries sur le champ, sale parasite ! Et que je ne te revois plus !

Il s'était approché de moi tout en disant ces mots brutaux. Et moi, j'avais bêtement reculé jusqu'à me retrouver acculé contre le mur au fond de l'écurie. Il fallait dire que se retrouver face à ce genre de personne pouvait avoir tendance à miner la confiance en soi d'une personne avec du répondant comme moi. Zvezda et Bianca s'agitaient dans leur box, nerveuses face à l'animosité de ce palefrenier lapidaire. Pourquoi tant d'aversion envers les Grishas ? Il travaillait ici pourtant.