Chapitre 43 : Sankt Stolas

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J'ouvris les yeux brusquement. J'étais dans une salle circulaire. Je savais pourtant que j'étais inconsciente sur le pont du skiff. Je sentais le bois du pont contre ma joue, la tension des chaînes sur mes bras, mais je savais que j'étais aussi dans cette pièce.

Des sièges vides étaient disposés à intervalles réguliers le long des murs. Des arches de bois sculptés de dessin complexe et enchevêtrés faisaient le tour de la salle, le tout rehaussé de dorures ciselées. Un travail remarquable et familier. J'avais l'impression d'être déjà venue ici.

Un siège plus imposant que les autres se trouvait en face de moi. Bien qu'il soit bien austère comparé à ses voisins. Il n'était que bois torsadé et massif. Les fauteuils disposés dans la pièce, bien que de même taille, avaient chacun un détail dans leur fabrication qui les rendait uniques. Le bois de l'un ressemblait à un assemblage d'Os, blanchis par le soleil. Son voisin était en pierre brute taillée grossièrement. Pour celui d'encore après, des roses étaient sculptées tout autour du dossier. Le bout de leurs épines était rouge comme perlé de sang. Aucun ne se ressemblait.

Le bruit d'une porte s'ouvrant me fit sursauter. Je ne bougeais pas, j'en étais incapable, comme si mes fesses étaient collées au sol par une force invisible.

Un homme d'un certain âge passa derrière moi pour rejoindre le siège massif. Il portait une longue toge, d'un gris nuageux. Ses cheveux étaient longs, poivre et sel, au même titre que sa barbe soigneusement taillée. Son regard sévère me scrutait, comme si j'étais une petite bête curieuse.

- Comptez-vous parler un jour ? osai-je enfin, brisant le silence oppressant.

Il haussa les sourcils, mais son expression demeura neutre.

Et vous ? Comptez-vous laisser votre pouvoir vous échapper comme il est en train de le faire ? demanda-t-il d'une voix grave, qui résonna dans la pièce.

Parce que vous pensez sincèrement que je ne préférerai pas botter les fesses du fou furieux qui tient mon corps enchaîné. répliquai-je avec un mélange de sarcasme et de frustration.

Il soupira, dépité. Sa main se crispa sur l'accoudoir de son siège.

Vous rendez-vous compte que vous n'avez fait qu'effleurer la surface de vos capacités ?

- Hein ? Non, impossible ! J'ai bien assez de pouvoir comme ça. protestai-je, sachant pourtant que je n'avais pas encore atteint mon plein potentiel.

Je savais que je n'étais pas à mon maximum. Mais de là à dire qu'il y avait plus que lire dans les pensées, envoyer des MMS mentaux et manipuler les émotions. Je n'y croyais pas un seul instant.

Vous êtes détentrice du Spyritus, le pouvoir sur l'esprit et poussé à son maximum sur la perception même de la réalité. Vous pourriez asservir des nations, persuader des gens que le rouge est blanc et même devenir une déesse aux yeux de...

Je vous arrête tout de suite, Gandalf ! Personne dans cette pièce n'asservira de nation, ne brisera des vies innocentes ou ne deviendra un tyran de plus dans ce monde de barge.  l'interrompis-je, déterminée. Je veux seulement aider à détruire le Fold et sauver ma meilleure amie. Après, je prends des vacances bien méritées loin de toute civilisation.

Son expression n'a pas changé. Mais son regard était brillant. Serait-ce de la fierté que je sentais ? Ou de l'excitation ? Ma réponse était pourtant totalement logique quand on me connaissait un peu. Si je pouvais renoncer à mon pouvoir, je le ferai, mais pas avant de débarrasser Ravka de Kirigan une bonne fois pour toute.

Je ne suis pas fier de toi, Giva. Je suis seulement heureux de constater qu'Ekaterina n'a peut-être pas tout fait de travers finalement. Admit-il.

Istorii zabivatyy (Histoire oubliée)Where stories live. Discover now