Chapitre 27 : L'Apparat

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Je choisis un amas de buisson comme cachette pour me changer. Le kefta neuf remis dans sa boîte, je décidais de me rendre à la bibliothèque comme prévu un peu plus tôt, ma boîte sous le bras. Je ne croisais pas de grishas à cette heure-ci. Il était approximativement 10 heures et Botkine devait surement torturer ses élèves en ce moment. 

Cela me laissait le champ libre pour une petite incursion au Little Palace. 

Un sacré remue ménage m'accueillit. Les serviteurs courraient partout avec des rideaux, des victuailles, des chaises et des tapis. Ne perdant pas de temps à regarder ce spectacle pour le moins insolite, je me dirigeais d'un pas décidé vers ma destination. 

Quand je me retrouvais enfin devant la porte de la bibliothèque, un homme mince en tenue religieuse sobre m'aborda. Ce devait être l'Apparat. Un personnage important car il s'occupait d'entretenir la foi dans le cœur des Ravkans. Alina m'avait parlé de lui. Elle m'avait mise en garde, aussi. Cet homme était une véritable fouine. 

- Mademoiselle Krasowski? Demanda t-il d'une voix particulièrement dérangeante. 

Mentir ne servirait à rien, il m'avait reconnue. Me demander si c'était vraiment moi n'était qu'une manière maladroite de m'aborder. 

- Oui, c'est moi. En quoi puis-je vous aider? 

- Vous n'êtes pas sans savoir que je suis le messager des Saints sur cette terre. Ma tâche en temps qu'Apparat est de guider le peuple dans ses croyances afin d'apaiser leurs souffrances.

Vous m'en direz tant... Il ressemble plus au gourou d'une secte.

- Ce sont de belles paroles, mais je ne vois pas en quoi cela me concerne. Lui répondis-je fermement. 

- Vous êtes la Protectrice que les Saints ont envoyé pour guider notre chère Invocatrice de lumière. Je souhaitais seulement m'entretenir avec vous afin de pouvoir au mieux parler de vous aux habitants de nos contrés. 

- Les gens ont-ils vraiment besoin de savoir que j'existe? Je ne suis que l'amie de l'invocatrice. Pas une gardienne mystique que d'obscurs Saints auraient envoyés. 

Même si, c'était en partie vrai. 

- Vous n'imaginez pas à quel point l'image que vous renvoyez est importante. Grâce à mon aide, vous pourriez faire en sorte que tout le peuple vous suive. 

- Et pourquoi aurais-je besoin de cela? 

- Le temps du Darkling arrive à son terme. Bientôt notre invocatrice lui rappellera où est sa place.  

- Oh... Voyez vous ça. Et comment pensez-vous qu'une telle chose se produira? 

- L'avenir seul nous le dira. Et vous allez y jouer un rôle important. Je n'en doute pas un instant. 

- Je vous trouve bien sûr de vous, Apparat. Il y a cependant un détail qui vous a échappez. 

- Quel est-il? 

- Vous partez du principe qu'Alina est la solution à tous vos problèmes. Qu'elle doit sauver votre monde. Seulement, elle reste une jeune femme comme les autres, avec des pouvoirs exceptionnels certes, mais c'est aussi une jeune femme qui souhaite qu'on lui lâche la grappe et qu'on la laisse vivre. 

Le regard de l'Apparat fut étonner mais il eut un sourire en coin, toujours aussi dérangeant. 

- Votre réaction me conforte dans le fait que mon intuition était bonne. Vous êtes appelé à faire de grandes choses, mademoiselle Krasowski. Les habitants de Ravka seront ravi que leur Sainte soit accompagné d'une alliée telle que vous. 

Et avant que je n'ai pu ajouté quoique ce soit, il tourna les talons et partit simplement.  Quand j'ouvris la porte de la bibliothèque, une migraine commençait à se faire sentir. Je sentais que cet individu serait une épine dans mon pied et dans celui d'Alina. Cette dernière m'avait prévenu, mais je ne savais pas trop comment interpréter les actions de cet homme. 

Que préparait-il? Quel plan tordu germaient dans ce crâne d'ecclésiastique bizarre? 

Je n'avais pas le temps de m'inquiéter de ça tout de suite. Il fallait que je trouve plus d'information sur les amplificateurs de Morozova. Comment un grisha pouvait créer la vie à partir de parties de son propre corps? En en plus, des animaux légendaires sans aucun lien avec un être humain? Il y avait surement plus derrière cette histoire. 

Je traversais les rayonnages. Grâce à ma compréhension du Ravkan ancien, je n'avais pas mise longtemps avant de pouvoir lire des livres plus récents. Les différences n'était pas si énorme que ce que je pensais au début. Et passer de l'ancien au nouveau s'était révélé plus simple que l'inverse. Je ne tardais pas à trouver quelques livres parlant de ce qui m'intéresser mais sans plus d'information que ce que je savais déjà. 

En résumé, leur existence n'était pas prouvé et les fous qui s'étaient lancé à leur recherche étaient tous rentré bredouille, à moitié fou ou tout simplement mort. Cependant, une de ces créatures avait été aperçu : le cerf blanc de Morozova. Il serait en Tsybeya au nord-est d'Os Alta. Sa localisation exacte n'a cependant jamais été déterminée. 

C'est peut-être pour cela que Kirigan avait décidé de le rechercher en premier. Mieux valait baser ses recherches sur des témoignages plutôt que sur des fables floues. Si je voulais de plus ample informations... Je devrais soit demander directement à Kirigan (ce dont je ne me sentais pas du tout capable actuellement) soit me glisser dans son bureau quand il n'y sera pas. Comme ce soir, par exemple. 

- Cette fête n'est peut-être pas une si mauvaise idée finalement. Murmurai-je en terminant de ranger les ouvrages que j'avais feuilleté à leurs place respective.

Baghra devait surement en avoir fini avec la jeune femme qui nous avait interrompu tout à l'heure. Peut-être que je devrais aller la rejoindre pour me préparer là-bas? Ou trouver une pièce vide? Retourner voir Baghra maintenant serait une perte de temps... La deuxième option était la plus simple. 

Longeant les couloirs en évitant les domestiques en plein travail, je me mis en quête d'une pièce épargnée par tout ce remue-ménage. Tâche on ne peut plus difficile dans ce dédale. Alors que je tournais à un embranchement, ma tête percuta celle de quelqu'un d'autre, nous faisant tombé, avec le bruit du fracas d'un vase qui se brise sur le sol et le son humide de l'eau qui se répand sur le marbre. 

- Excusez-moi, Mademoiselle ! S'écria une voix que je connaissais bien. En m'aidant à me relever avec empressement. 

- Gerda, ne t'excuse pas voyons! Je ne regardais pas où j'allais donc c'est de ma faute. La rassurais-je avec un gros sourire. 

- Je... Merci. Me dit-elle simplement. 

- Au fait, je voulais te voir par rapport au kefta que tu as fais faire pour moi ce soir. Merci beaucoup, il est parfait. La complimentai-je en espérant faire disparaître sa gêne. 

- Ce n'est rien. Je me suis souvenu de ce que vous m'aviez dis il y a quelques mois. En plus, vous en aviez fais des croquis donc...

- C'était une excellente idée, Gerda. D'ailleurs, est ce que tu pourrais me montrer une pièce vide pour que je me change? Avec tout ce remue-ménage il est difficile de savoir où trouver un lieu sans personne pour se changer. Lui demandai-je un brin embarrassée. 

Elle arqua les sourcils puis sourit de toutes ses dents. 

- Bien sûr! Je vous y amène de suite, par contre vous n'y serez pas seule. 

- Euh... Comment ça? 

- Le seul endroit épargné par toute cette pagaille est la chambre d'Alina. Elle est d'ailleur en train de se préparer en ce moment même. 

- C'est super! Allons-y! 

Gerda s'empressa de me conduire aux appartements de mon amie. J'avais hâte de la voir. J'en profiterais pour tater le terrain concernant sa relation avec Kirigan. Il ne faudrait pas qu'elle soit trop proche de lui si jamais nous devions prendre la fuite. 

Istorii zabivatyy (Histoire oubliée)Where stories live. Discover now