Chapitre 16 : Le Spirytus

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Il faisait toujours aussi chaud dans l'antre de Baghra. Le froid lui faisait-il si peur ? Elle ne m'invita pas à m'asseoir, je restai donc debout. Mon vêtement gris était beaucoup trop chaud pour un tel endroit. Si je le gardais, aucun doute que ma transpiration doublée de la chaleur étouffante du lieu me ferait cuire doucement dans le vêtement. L'ôter et le poser sur le rebord d'une alcôve me semblait être une bonne alternative. La vieille femme me regarda faire avec attention. Elle avait repris place sur le même fauteuil qu'il y a quelques heures.

Pour être honnête, le don que vous possédez... N'est pas un pouvoir grisha à proprement parler. Commença-t-elle, d'un ton bas. Je n'en connais pas grand-chose. Je peux juste vous dire qu'au temps de l'Hérétique Noir, une femme maîtrisait un don similaire. Elle avait une certaine emprise sur les esprits.

Je ne suis donc pas la seule ? Il y en a d'autres ?

– À ma connaissance, elle était la seule. Mais je suis sûre d'une chose... Cette femme ne pouvait pas lire les esprits. Si cela avait été le cas, elle aurait su que l'Hérétique Noir ne lui témoignait de l'intérêt qu'à cause de ses capacités et qu'il n'hésiterait pas à la tuer si elle avait le malheur de se mettre sur son chemin.

Son regard était dur et sa voix l'était tout autant, si ce n'est pas plus.

- Attendez... Vous voulez dire qu'elle est mort ?

Elle soupira de dépit.

Bien sûr, qu'elle l'est. Mon enfant, ce temps remonte à plusieurs siècles maintenant. Aucun Grisha ou je ne sais quel autre être vivant ici-bas ne pourrait vivre aussi longtemps. Railla-t-elle.

Mais comment pouvez-vous savoir tout cela ?

Baghra prit la tasse fumante de thé qui se trouvait sur la table. D'un geste délicat, elle la porta à ses lèvres à la manière d'une aristocrate accomplie. Mais ses vêtements sombres, un peu trop éliminés pour être neufs, me faisaient plus penser à une femme qui s'accrochait à un prestige depuis longtemps éteint.

Ma famille est ancienne. Mes ancêtres ont consigné de nombreuses choses au fil du temps, dont certains témoignages de cette époque.

- Je vois... Pour quelqu'un qui disait ne rien savoir, vous en savez plus que ce que vous disiez. Dis-je en la scrutant du regard.

– Je ne connais que l'histoire. Pour ce qui est de la pratique de votre don Grisha... Je ne peux pas grand-chose. Ajouta-t-elle, pas du tout gênée.

– Vous ne pouvez vraiment rien m'apprendre pour maîtriser mes capacités ? Pourtant Alina est la seule de son ordre, elle aussi. Alors expliquez-moi comment vous comptez lui apprendre quoi que ce soit.

– Vos deux dons sont bien différents, mademoiselle Krasowski... Je crains de ne pas pouvoir faire grand-chose pour vous de ce côté. Alina Starkov est une invocatrice, une Etherialki. Votre don n'est apparenté à rien. Bien que l'on pourrait croire que vous ayez un lien avec l'ordre des Caporalki,... Ajouta-t-elle songeuse.

J'avais du mal à la croire. Elle me cachait quelque chose.

— Quelle mauvaise blague, je n'entre dans aucune case... Comment suis-je censé faire sans personne pour m'apprendre ?

– Je devine votre déception, mademoiselle Krasowski. Mais,

Je repensais à ce que Baghra avait dit sur le rôle de l'herétique noir dans la vie de cette femme mystérieuse d'un autre siècle.

Istorii zabivatyy (Histoire oubliée)Where stories live. Discover now