Chapitre 15

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— On y est, indiqua Sora en pointant du doigt une parcelle de la cour délimitée par quelques rondins placés au sol, et auprès de laquelle figurait une cabane en bois à la porte entrouverte.

De ladite cabane s'extrayèrent Jade et Silvia, qui saluèrent leurs compagnons d'un simple signe de la tête. L'une et l'autre étaient vêtues d'un pourpoint en cuir et de grègues bouffantes ; une tenue à la fois protectrice et souple, de façon à lier l'utile à l'agréable. Elles risquaient néanmoins d'avoir froid, aussi légèrement habillées... A condition de demeurer immobiles, bien sûr. Ce qu'elles ne firent pas : si tôt aventurées sur le terrain de terre battue, elles se livrèrent à quelques exercices d'échauffement en frappant leurs deux épées d'entraînement à intervalles réguliers. D'abord silencieux observateur, Akis constata que Silvia menait la danse avec grâce et précision. Ses gestes, incisifs et délicats, plaçaient Jade dans une situation strictement défensive des plus inconfortables. La demoiselle, qui ne cessait de céder du terrain, bondissait fréquemment de manière à se positionner hors de la portée de son aînée ; mais ses bras, plus courts que ceux de la noble guerrière, peinaient à suivre le rythme et la contraignaient, ainsi, à ne jamais répliquer franchement.

Il demeura là, à lorgner dans leur direction d'un air absent, vaguement contemplatif ; tant et si bien qu'il ne remarqua pas qu'Andrek et Sora s'étaient eux-mêmes introduits dans la cabane branlante qu'occupaient les deux dames quelques secondes plus tôt. Lorsque ses deux amis apparurent à nouveau, ce fut pour lui lancer un gilet matelassé qu'il réceptionna maladroitement ; il entreprit de l'enfiler machinalement en remarquant que le froid s'était fait mordant, porté par un vent qui tourbillonnait en continu autour du donjon principal de la forteresse.

— Vous devriez vous mettre en route pour Corgenna avant ce soir... Lida nous a demandé de commencer à te former. Alors on va débuter par quelques passes d'armes, histoire de voir ce que tu vaux et de te donner l'arme qui te conviendra le mieux.

Dubitatif, Akis arqua un sourcil en écoutant dans un silence studieux les explications d'Andrek. Finalement, il opina du chef avec lenteur, imaginant sans trop de difficultés que c'était là un passage obligé compte tenu de la nouvelle affiliation qui était la sienne. Même s'il peinait encore à croire que l'une des Brigades Royales avait choisi de le recruter, il prenait acte des conséquences que ce recrutement importun engendrait : et puisqu'il était destiné à devenir un guerrier, mieux valait, pour lui, s'habituer à porter des armes.

— Tiens, l'apostropha Sora en lui tendant une épée en bois relativement courte. Je pense que ça t'ira plutôt pas mal, pour commencer.

Le plus jeune membre de la Huitième Brigade attendit que l'apprenti veuille bien saisir cette arme d'entraînement pour en brandir une autre. Akis comprit que Sora souhaitait l'utiliser contre lui, et il se mit à pâlir dangereusement, plus encore que la neige qui les dominait, des centaines de mètres plus haut, au sommet du Pic Zygos. Un poulet caqueta en lui jetant un regard imbécile tandis qu'il balbutiait quelques excuses piteuses que Sora balaya avec bonhomie.

— Quoi ? Mais ? Euh... Je me suis fait mal à la cheville, là... on devrait remettre ça à plus tard... En plus, j'ai mal au poignet, et... Comment dire... J'aime pas trop les épées...

— Ne t'en fais pas. Quand tu auras les bases, on trouvera quelle arme te convient le mieux. Amara a un grand chakram ; j'utilise des kusarigama, et Malir préfère les dagues. Il n'y a pas de limite : les forgerons sont capables de nous fournir des équipements sur mesure, en fonction de nos demandes ! Quant à tes blessures imaginaires... Epargne-nous ton baratin ! Je vais m'en tenir à une posture défensive. Andrek nous regardera pour te donner des conseils.

Le Royaume de BalhaanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant