Le Royaume de Balhaan

Chapitre 106

En guise de préambule, voici la position géographique des personnages impliqués dans cette bataille, sur une idée de Casapen_Ivryss que je remercie chaleureusement !

Au cœur de l'Esplanade :
Lida, Nakata, Akis, Rolan, Silvia, Charles Delistel, et L'Oracle.

Aux abords des murailles : 
Erik, Jade, Sora, Istios, les subordonnés d'Aiz, et Aiz, Vivel, Amilista, leurs subordonnés respectifs.

A l'entrée de l'Esplanade :
Andrek, Amara, Kurl, Laley, Satin, Malir.

A l'extérieur de Corgenna :
Mezagar et Ajima.

***

Les derniers bâtiments partiellement rongés par l'obscurité que l'Oracle était en mesure de générer à l'envi s'effondrèrent piteusement, soulevant d'épaisses volutes de poussières qui empêchèrent les combattants de s'en retourner à l'assaut prématurément. Il valait mieux redoubler de prudence, a fortiori considérant le fait qu'ils étaient désormais plus nombreux à pouvoir tenir tête à leur adversaire légendaire... Si Charles faisait évidemment pâle figure, privé de son glorieux Cydylaïn, Akis, Rolan, Silvia et surtout Emilia pouvaient incarner une aide inestimable aux yeux de leurs deux supérieurs hiérarchiques. Ainsi, tous entreprirent de se regrouper, en veillant néanmoins à conserver quelques mètres d'espace entre eux pour ne pas risquer de se marcher sur les pieds ; tous sauf l'Orpheline crocodilesque qui, avec la lenteur d'un prédateur, se laissa glisser dans le sol, à demi recouverte d'écailles verdâtres. Elle entendait bien faire continuellement planer la menace d'une irruption de sa part pour empêcher leur opposant de multiplier les mouvements les plus audacieux...

Opposant qui leur apparut enfin, d'un pas traînant, lorsqu'il entreprit de s'extirper du nuage de poussière qui retombait paresseusement, à quelques mètres de là. Il n'était pas blessé ; pas plus, en tout cas, qu'il ne l'avait été au moment de sa chute. Il devait être capable d'amortir ce genre de malencontreux faux pas par le biais de son pouvoir qui lui permettait d'agripper l'atmosphère, à n'en pas douter... Lida et Nakata se renfrognèrent quelque peu, en considérant qu'ils allaient devoir redoubler de vigilance afin de s'assurer qu'aucun de leur partenaire n'ait à subir de déconvenue majeure. S'ils avaient eu le loisir de s'exprimer à ce sujet, l'un comme l'autre auraient pu jurer qu'ils ne s'attendaient pas à ce que la tension continue à s'accroître... Force était d'admettre que leur vénérable ennemi avait le sens du théâtre.

—  C'était bien tenté, ricana-t-il en lorgnant du côté d'Akis puis de Nakata. Vraiment bien tenté. Quel dommage que mes possibilités soient déjà si nombreuses...

— Commandante ! se fit entendre le rouquin d'Aville.

Lida eut à peine le temps de se tourner dans la direction de sa dernière recrue en date que celui-ci lui lançait son épée ; armée de cette lame et de son sourire le plus amusé, satisfaite de voir qu'il pouvait être si prompt à prendre de bonnes initiatives, elle se jeta à la rencontre de l'Oracle, frontalement, sans la moindre finesse. Le Saint Homme, qui ne s'y attendait probablement pas, prit le parti de faire apparaître un sabre dans sa main gauche ; puis il leva sa main droite haut dans le ciel, soulevant du sol tout un tas de dalles qui ne manquèrent pas de retomber sur les combattants qui le toisaient si courageusement, dans une pluie aussi drue que continue.

— Il ne faut pas qu'elle nous distance, Silvia ! clama Nakata en se jetant à la poursuite de Lida, non sans glisser entre les projectiles pour éviter de se faire percuter inconsidérément.

L'autre guerrière opina du chef en comprenant bien que ça n'était pas une éventualité admissible. Ils ne savaient toujours pas comment l'Oracle avait été en mesure de s'emparer du pouvoir d'Amara, mais ils pouvaient raisonnablement partir du principe qu'il lui avait fallu du temps pour y parvenir ; sans cela, il ne se serait pas gêné pour le faire sans détourner préalablement l'attention de Silvia et de Sora. En outre, il aurait certainement veillé à s'emparer des capacités des deux Invincibles pendant qu'ils livraient bataille, isolés de l'ensemble de leurs pairs... Mais s'il parvenait, envers et contre toutes leurs précautions, à s'attacher la faculté de l'un des deux Orphelins, il allait sans dire que rien ni personne ne pourrait jamais plus lui opposer résistance. Leur lutte serait vaine, celle que ne manqueraient pas de livrer les autres combattants des Brigades en comprenant qu'il ne voyait en eux que du bétail le serait plus encore. Tous finiraient dépossédés de leurs talents, pour lui permettre d'assurer son hégémonie éternelle.