Chapitre 1 - Fucked up

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— Tu veux bien arrêter de me tirer les cheveux, putain ?

Pour seule réponse, je n'ai droit qu'aux râles grossiers et insupportables de Cole, qui se trouve derrière-moi. Pourquoi est-il toujours aussi brut de décoffrage ? Par moments, j'ai l'impression de n'être qu'une dinde qu'il essaye de fourrer vite et bien avant de l'enfourner pour le repas. Quoi que, on ne bave pas sur les fesses de la dinde, en général.

Rah... Est-ce que c'est de la sueur, ou de la salive ? Je ne suis même pas certaine d'avoir envie de le savoir. C'est gluant, passablement chaud... Oui, j'opte pour de la bave. Définitivement.

— Cole, tu me fais mal !

Il tire de plus belle sur mes mèches blondes pour les réunir en un bouquet douloureux, puis pose une main avide sur mon sein droit. Je connais ces gémissements primitifs. Ça veut dire qu'il va bientôt finir et ça ne manque pas : je sens les tressaillements de son sexe à l'intérieur de moi, jusqu'à ce qu'il me déborde.

Il se retire avec lenteur, puis s'écroule sur le côté en soupirant tandis que je reste en plan quelques instants avant de me diriger vers les toilettes.

J'ai à peine le temps d'en sortir que j'aperçois mon petit-ami qui se rhabille en vitesse. Sans m'adresser la parole, il recoiffe rapidement ses cheveux d'un geste de la main, enfile son t-shirt blanc, puis attrape son sac de cours.

— Tu pars déjà ? Je pensais que tu resterais ici pour la nuit, au moins.

Le regard qu'il me lance me glace complètement. Ses yeux cyan me transpercent et gèlent ma chair autour de mes os. Est-ce du mépris ? Je ne parviens pas à en être certaine. Non, je ne peux pas le croire. Cole et moi sommes ensemble depuis trois mois, maintenant. Trois mois, c'est un cap, non ?

— Je dois bosser, Bianca.

Réponse froide, laconique, prononcée avec détachement. Mmh... Je dois probablement me faire des films. Cole est juste très occupé. Nous sommes dans la même université et pourtant, nous nous voyons peu souvent. Soit il passe du temps avec ses amis, soit il est en cours.

— Mais... On se revoit bientôt, non ? Je voulais organiser une fête pour mon anniversaire et...

— On verra, OK ?

Qu'est-ce qui me prend, de rêver ? Cole et moi avons officialisé notre relation dans le plus grand secret. C'est à dire que nous sommes les seuls à savoir que nous sortons ensemble. Je ne sais pas quelle force mystique m'a poussée à accepter une telle infamie, mais voilà : Cole vient dans ma chambre de temps à autres, je lui sers — entre autre — de vide couilles, puis il s'en va. Je tire et je me tire. Je crois qu'il devrait se tatouer ces mots quelques part sur le torse. Au fil du temps, j'ai eu la naïveté de croire que la situation s'arrangerait et, je crois que je l'ai encore. Lui, le beau gosse, blond, ténébreux et moi, celle que personne ne remarque, ou presque.

Il a honte de moi. J'en suis certaine. Sinon, il m'aurait déjà présentée à ses potes, ou à ses proches. Or, personne ne nous a jamais vus ensemble. C'est comme si je n'existais pas. Comme si je n'étais qu'une parenthèse dans sa vie.

— D'accord. Je pensais qu'on pourrait...

Sans prendre la peine de m'écouter jusqu'au bout, Cole prend la porte de ma chambre étudiante, puis disparaît dans le couloir à pas de loup.

L'ego en miettes, désespérée, je m'assois sur mon lit en soupirant. Qu'est-ce qu'il me laisse, à chaque fois qu'il s'en va, à part une capote usagée et ma fierté en lamelles ?

Pourtant, inlassablement, dès qu'il passe la porte, je me jette de nouveau dans ses bras. Ce que je peux être conne !

Il est près de minuit lorsque j'enroule mes bras autour de mes jambes, sur le lit de ma chambrette. Impossible de dormir après une soirée pareille...

Je me saisis de mon téléphone et m'attelle à faire défiler les photos de gens aux vies bien plus intéressantes que la mienne et ce, jusqu'à ce que je tombe sur une photo d'elle : Camilla_Daria_Estadillas. Ça, c'est une vraie femme. Un exemple inspirant. Elle ne se laisse pas marcher dessus. Jamais. Je la suis depuis des années déjà et elle a toujours été une source d'inspiration, pour moi. Star internationale de la musique, à la fois rappeuse, chanteuse, musicienne et productrice, elle s'est imposée dans l'univers culturel en seulement quelques années. Elle en est devenue une figure incontournable. Si elle a pu le faire... Si elle a pu devenir si forte, alors, j'imagine que moi aussi. C'est toujours ce que je me dis, quand je l'entends chanter ou que je vois ses photos sur Instagram. Camilla, c'est une véritable rockstar !

Elle est assise sur un fauteuil de cuir et ses magnifiques cheveux aux pointes bleues tombent sur ses épaules rehaussées d'une veste de survêtement. Elle agite ses mains pleines de bagues, en parlant, et lorsqu'elle laisse tourner son poignet, le tintement de ses bracelets m'hypnotise.

Oh, bon sang, c'est une interview pour une grande chaîne !

« Quand j'ai commencé, je n'avais rien du tout. Ni de parents, ni de famille. J'étais vraiment seule au monde. Je crois que c'est aussi ce qui m'a donné la rage d'aller au bout de mes rêves. Je me suis dit... Foutue pour foutue, autant tenter le coup, non ? Je crois que ce sont ceux qui n'ont rien, qui sont vraiment au bout du rouleau et qui n'ont pas d'autre choix que de se donner à fond qui parviennent à réaliser leurs aspirations. Parce qu'ils savent que l'échec n'est pas une option. C'est ça, ou crever. »

Merde... Elle a tellement raison. Et à chaque fois, la comparaison est douloureuse, quand je regarde mets côte à côte la vie de Camilla et la mienne. Nous avons le même âge et pourtant, nous n'avons rien à voir l'une avec l'autre. Moi, une stupide étudiante fauchée et introvertie et elle, une femme puissante, multimillionnaire, sûre d'elle et passionnée. Je ne suis pas de taille et pourtant, c'est en elle que je me rêve lorsque je ferme les yeux. Bon sang, si seulement elle savait comme j'aimerais être à sa place. Je serais prête à tout, pour ça.

Foutue pour foutue...

[[Hey, Camilla. Je suis sûre qu'on doit te dire ça tous les jours, mais... Je suis ta plus grande fan ! J'adore vraiment ce que tu fais. Je dois avoir l'air un peu bête de te raconter tout ça alors qu'on ne se connaît pas. Mais c'est parce que d'une certaine façon, moi, j'ai l'impression de te connaître alors que toi, pas du tout. Ça a l'air de sonner super bizarrement, comme approche, mais je t'assure que ce n'est pas le cas. Je... En fait, voilà, je voulais juste te donner de la force pour continuer dans ta carrière. Je te soutiens à fond !]]

Je presse le bouton pour envoyer. C'est idiot, je sais qu'elle ne verra jamais ce message, mais je m'en fiche. C'est juste que... Ça me fait du bien de lui envoyer. Si elle avait dû me remarquer, ça aurait déjà été le cas. Je réagis sans cesse à ses stories avec des emojis, et jamais elle n'a rien vu. Elle doit recevoir des milliers de DM du genre chaque jour.

Alors que je referme l'application pour essayer de dormir, l'impensable se produit. Ce n'est qu'un mot. Rien de plus. Et pourtant, il fait palpiter mon coeur comme si je venais d'avaler une trentaine de cafés.

Vu. 

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