Chapitre 35

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You only live once

Assise au balcon de l'appartement de Camilla, j'ai une vue imprenable sur toute la ville, mais ce ne sont pas les lumières aveuglantes qui me mouillent les yeux. C'est l'idée d'avoir perdu Nate à tout jamais. Nous nous sommes embrassés et tout me semblait si intense. Dans un monde idéal, Nate aurait arraché mes vêtements et nous aurions fait l'amour à l'arrière de la voiture, loin des regards indiscrets. Rien de tout cela ne s'est produit. Lorsqu'il m'a dit que nous ne pourrions jamais être ensemble, j'ai demandé à George d'arrêter la voiture et de le laisser partir. C'était tout ce que je pouvais faire.

J'ai une tequila à la main. L'ivresse me monte doucement à la tête et me permet d'oublier un peu l'accumulation de problèmes de ces dernières semaines.

L'humiliation d'Annie Goldberg, la pression des fans, la pression des réseaux sociaux, la pression des ventes, les menaces d'Anton Demazio, les menaces de Justin, les faux amis hypocrites et les photos de moi volées durant l'anniversaire d'H3yliie...

Camilla est riche, mais elle paie cette vie extrêmement cher. En vaut-elle vraiment le coup, finalement ? Je n'en suis plus si sûre. Je suis au centre de l'attention à chaque fois que je me rends quelque part et l'anonymat est une denrée si rare que je serais prête à vider une bonne partie du compte en banque de ma soeur pour la retrouver. Le simple fait de marcher dans les rues sans avoir besoin d'une tonne d'artifices pour ne pas être reconnue est tellement agréable. Ce bonheur me paraît si lointain, maintenant, que j'ai l'impression de ne jamais l'avoir connu.

La vie de star est une pute, c'est vrai. J'imaginais que ce ne serait que du plaisir à l'état pur, lorsque j'ai accepté cet échange. Mais Camilla m'a roulée. Elle savait dans quoi je m'engageais. Elle avait raison sur ce point.

J'ai tellement d'argent à disposition. Des millions... Des dizaines de millions et pourtant, même ce montant ne suffirait pas à faire revenir Nate. Ce qui est drôle, quand on a trop d'argent, c'est qu'on veut ce qu'on ne peut pas obtenir. Et c'est lui. Je peux me faire livrer des repas de luxe en hélicoptère, voyager à l'autre bout de la Terre en un claquement de doigts et tout cela me coûterait extrêmement cher. Mais lui, je ne peux pas l'obtenir. Je ne peux plus.

De rage, j'explose le verre de tequila en l'envoyant contre le mur avant de pleurer à chaudes larmes.

[[Tu m'as niquée, Camilla. Ta vie est horrible !]]

[[Du calme, qu'est-ce qui t'arrive ?]]

J'ai besoin de ses conseils. Au moins, d'entendre sa voix. Qu'est-ce qu'elle ferait, dans cette situation ? Je décroche mon téléphone pour l'appeler et elle répond à la première tonalité.

— Qu'est-ce que tu as ?

Elle me trouve en pleurs, à l'autre bout du fil. Ma respiration est saccadée. Je ne sais pas quoi dire, ni par où commencer. Tout est tellement catastrophique que j'ai l'impression que le souci vient de moi. Est-ce que j'ai tout foiré ? Est-ce que je suis nulle au point de ne pas pouvoir assumer la vie facile d'une star ? Non. Je peine à y croire. Tout ce que j'ai trouvé, dans ce milieu, ce sont des toxicomanes extrêmement riches qui se prennent pour les maîtres du monde alors qu'ils ne sont que des chiens en laisse, à la botte de gens encore plus cinglés qu'eux. Et on appelle ça le « show-business ».

— Bianca ?

— Tout va mal, lâché-je en un sanglot.

— Je t'avais prévenue. Je t'avais dit que tout n'était pas aussi rose que tu le pensais.

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