Chapitre 23

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Party hard 2.0

J'ai les yeux qui se ferment. Je suis tellement épuisée que je n'ai pas la force de me relever, malgré les voix que j'entends partout autour de moi.

« Camilla, Camilla ? », « Elle est défoncée ? », « Laissez-la respirer ».

Le plus cruel, ce n'est pas d'être au centre de l'attention de cette triste manière, mais bien les rires sournois qui accompagnent mon état. Je n'ai tiré qu'une seule foutue latte sur ce joint et c'est ce que je revendique en boucle, en essayant de parler.

— Une... une seule... Une seule latte... Je... Je...

Pourquoi se moquent-ils de moi ? Je pensais qu'ils m'adoraient ! Je croyais que je ne devais pas traîner avec des gens moins importants que moi. Mais les charognards sont là. Lorsque les animaux les plus majestueux s'effondrent, on les trouve toujours autour, pas très loin, prêts à dévorer leur cadavre. C'est à cet instant précis que le flash me traverse et que je comprends enfin : tous ceux qui sont ici et qui prétendent m'apprécier ou être mes amis ne sont rien de plus que des concurrents. Si je disparais, ou si mon image est entachée par un scandale, cela fera toujours plus de place pour eux. Au fond, tout ce que souhaitent ceux qui disent nous admirer, c'est que nous trébuchions. De cette façon, nous redevenons un peu plus normaux. Plus communs. Plus... Comme eux. Ils jalousent le succès avec une telle hardiesse qu'ils en viennent à se moquer de moi et à prendre des photos de mon malheur.

— Non... Pitié... Pas de photos !

La bassesse humaine est bien implantée, même au plus haut niveau de la société. Mes supplications ne font qu'intensifier les rires.

« Bougez tous de là ! »

C'est la voix de Nate. Je la reconnais. Je sens qu'on m'attrape par les épaules et qu'on m'aide à me relever. C'est lui. Mon robot préféré. Il me tient de toutes ses forces et me permet de m'appuyer sur lui. Contre son épaule, ou contre son torse. Je ne sais pas exactement quelle partie de son corps je suis en train de toucher, mais je m'en fiche.

Nate m'aide à marcher pour me tirer hors de la fête, à l'intérieur de la villa.

— Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? demande-t-il.

— Une seule... Une seule latte, Nate... Je... Je promets.

— Je me charge de tout. Repose-toi.

Mon garde du corps et assistant me dépose sur un canapé. De là, depuis la baie vitrée, je peux le voir s'activer autour de la piscine pour interroger les personnes qui ont assisté à ma chute. J'étais certaine d'avoir déposé mon téléphone à l'entrée de la villa pour éviter les photos, justement. Je croyais que tout le monde en avait fait autant. Bon sang, je vais ruiner la carrière et la réputation de Camilla. Rien que d'y penser, je suis dévastée. J'ai foncé tête baissée dans le piège et il s'est refermé sur moi.

J'entends que le ton monte, dans la soirée. Nate n'est pas en train de se faire que des amis. Il attrape le téléphone de l'un des invités présent, puis le brise en l'écrasant contre le sol. Forcément, le type pète un plomb, puis colle une droite à Nate, qui riposte aussitôt d'une clé de bras. Merde, tout est de ma faute...

Mon garde du corps maintient le type en respect, sous les regards médusés de tous les convives. Pour finir, il l'attrape par le cou et le balance dans la piscine avec puissance.

— Il y en a d'autres qui ont des photos de Camilla ? Je ne plaisante pas.

Forcément, personne ne répond. Nate n'est pas très impressionnant, physiquement. En tout cas, aux premiers abords. Quand on le connaît un peu mieux, on comprend vite qu'il vaut mieux ne pas s'y frotter.

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