Chapitre 7

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7.

Alone

Un nouveau jour se lève sur le campus Highlight et j'ai toujours autant envie de mourir. Le réveil a sonné à plusieurs reprises, mais j'ai décidé de rester au fond de mon lit. Je n'ai pas la force de me rendre en cours. Ce n'est pas possible. Je sais que je vais voir Cole, Vicky et les autres et même s'ils ne me diront rien de ce qu'il se passe entre eux, ce sera toujours aussi humiliant. J'ai passé la nuit à me poser des milliers de questions et à vomir mes tripes de dégoût.

Je ne crois pas que je pourrai m'en remettre. Jamais. J'ai été humiliée, frappée d'un coup de poignard jusqu'au plus profond de mon être. Cole n'était peut-être pas l'homme de ma vie, mais j'avais envie de croire qu'il était au moins sincère. Ça aurait été la moindre des choses.

Message sur mon téléphone.

[[Il faut qu'on parle]]

Je me redresse d'un bond : il s'agit de Camilla. Qu'est-ce qu'elle peut bien me vouloir ?! Ça doit être une erreur, ça ne peut être que ça.

[[Euh... Tu... Tu sais qui je suis ?]]

[[Ne fais pas l'intéressante. Sors du campus, je suis là]]

Je dois être en train de rêver. Ce n'est pas possible. Camilla est une star internationale. J'étais déjà surprise qu'elle me réponde lorsque je lui ai envoyé un message la première fois, mais je suis encore plus étonnée qu'elle décide de m'en renvoyer un d'elle-même, surtout pour me demander de sortir du campus. Est-ce que c'est une sorte de... télé-réalité ? Parfois, je sais que les célébrités aiment bien faire ce genre de choses. Elles font vivre une journée hors du commun à leurs fans pour la promotion d'un album, ou un truc dans ce goût-là. Ça peut ne peut être que ça.

Je m'habille en vitesse, puis, ne serait-ce que par curiosité, décide de me rendre en dehors du campus afin de voir ce qui m'y attend.

Je me retrouve devant l'université, mais bien évidemment, personne ne m'y attend. Je m'assieds au niveau de la fontaine, puis une main se pose sur mon épaule.

Je me tourne brusquement : casquette, lunettes de soleil, masque chirurgical... Mais je reconnais ses yeux. Je les ai suffisamment vus en photo dans ma vie, sur Instagram. C'est bien elle : Camilla est vraiment devant moi.

— Je... Je... Je n'arrive pas à y croire. Enfin, c'est... Pourquoi ? Je veux dire...

— Arrête de pâlir comme ça, putain, tu vas nous faire repérer, rétorque-t-elle sèchement en regardant autour d'elle. Tu veux bien me conduire dans un lieu sûr ? Je veux te parler.

Je vais de surprises en surprises et l'incompréhension me gagne. C'est à tel point que j'oublie tout le reste. Je ne pense même plus à Cole et Vicky, aux cours que j'ai manqué, au prêt étudiant que j'ai sur le dos et à l'enterrement de ma mère.

Sans perdre un instant et en tremblant de tous mes membres, je conduis Camilla jusqu'à ma chambre. Lorsqu'elle entre, elle se pince le nez puis retire enfin son masque.

— Sérieusement, tu vis ici ?

— Euh... Oui, je...

— Mais c'est un vrai trou à rats. Et ça pue.

— Mais ce n'est pas cher.

Elle se fend d'un soufflement de nez moqueur.

— Encore heureux. Il ne manquerait plus que ça.

Je ne sais pas comment aborder le sujet avec elle, mais j'aimerais vraiment savoir ce qu'elle fait ici, dans ma chambre étudiante, alors que c'est une superstar internationale. Mon cerveau refuse de comprendre la situation. Comme s'il y avait un blocage.

— Tu... Tu veux boire quelque chose ?

Camilla jette un oeil écoeuré à la petite kitchenette, puis tire une moue terrible.

— Sans façon. Merci.

— Oh, euh... Bien... Alors, euh... Je... Je suis une très grande fan, tu sais, et...

— Putain, mais c'est qu'il avait raison, ce con...

La superstar s'approche de moi et commence à toucher mon visage. Elle attrape mes joues entre ses mains, puis les malaxe comme s'il s'agissait de pâte à modeler. J'ai l'impression qu'elle me regarde sous toutes les coutures.

— De... De quoi tu parles ?

— De notre ressemblance.

Est-ce qu'elle a pété les plombs ? Je veux dire... En dehors du fait que nous soyons toutes les deux latino américaines, nous n'avons pas du tout le même physique. Enfin, je crois ? Maintenant que je la regarde d'un peu plus près, je me rends compte qu'elle n'a pas tort. Même taille, même couleur de cheveux — au naturel, j'entends bien — et les mêmes yeux noisettes.

— Tu... Tu penses ?

— Ouais. Carrément, même. Si je n'avais pas vu ça de mes propres yeux, je crois que je n'aurais pas pu le croire. Merde... Tu es mon copié-collé. T'as quel âge ?

— Euh... Vingt-quatre ans ?

— Pareil, répond-elle avec un air absent.

J'ai l'impression qu'elle n'est pas tout à fait avec moi, mais qu'elle est en train d'échafauder un plan tordu dans sa tête. C'est en tout cas ce que me laisse entrevoir l'expression de son visage.

— Bon, qu'est-ce que tu aimes, dans la vie ? demande-t-elle tout à coup.

Je vais de surprises en surprises, avec Camilla.

— Euh... Ta musique ?

Je vois qu'elle commence sérieusement à s'agacer. Mince... Est-ce que je la déçois d'une manière ou d'une autre ? Je me le pardonnerais pas.

— Arrête de faire la lèche-cul et oublie les « euh... », OK ? Concentre-toi et réponds à ma question ! Qu'est-ce que tu aimes ?

— Je... J'aime lire, j'aime dessiner, j'aime faire la cuisine, enfin tout un tas de choses.

À mesure que je parle, j'ai l'impression qu'elle s'ennuie de plus en plus.

— T'es vraiment aussi chiante que ça ?

— Mais... Non, c'est juste que ce sont des préoccupations normales.

Camilla inspire un grand coup, puis se positionne en face de moi en me prenant les épaules.

— Essaye d'oublier que je suis une star internationale juste deux secondes, OK ? Je ne suis pas censée être là, et on n'est pas censées se parler non plus. Mais j'y mets du mien parce que je veux te connaître.

— Mais... Pourquoi ?

Un demi sourire se dessine sur le visage de Camilla.

— Toi et moi, nous sommes soeurs jumelles.

Twins CampusWhere stories live. Discover now