Twins Campus

Chapitre 30

30

Live forever

— Qu'est-ce que tu veux ? lance Percy d'une voix caverneuse.

Je reste planqué derrière l'allée.

— C'est à toi que je parle, Bianca. Qu'est-ce que tu fous ici ?

Lentement, il se tourne vers moi, puis me regarde, les yeux humides. Je crois que je ne pourrais pas plus avoir l'air d'une conne que maintenant.

— Je... Eh bien, je...

— Tu es loin d'être discrète et cet endroit est loin d'être fréquenté.

Puisque je n'ai plus de raison de rester cachée, je décide de me montrer entièrement et de le rejoindre, en face de la tombe.

— Je ne savais pas que...

— Tu ne devrais pas être là.

J'aperçois le nom sur la tombe : Georgia Aiming.

— C'est une personne de ta famille ?

— S'il te plaît, ne fais pas semblant de ne pas avoir entendu.

— J'ignorais que tu avais perdu ta mère.

Pas de réponse. Percy est perdu dans ses pensées. Il a le poing serré, comme s'il s'apprêtait à relâcher une fois de plus toute la haine qu'il porte en lui en frappant, encore et encore.

— Moi aussi, je l'ai perdue récemment.

Il me lance un regard compatissant et plein de questions à la fois.

— Je ne savais pas. Comment est-ce arrivé ?

Je secoue la tête sans trop savoir par où commencer.

— Je ne la connaissais pas vraiment. J'ai découvert que j'avais une mère en même temps que j'ai appris sa disparition. C'est... C'est un peu drôle, non ? ris-je faussement. J'imaginais que j'aurais enfin une famille, une vie un peu plus... Normale. Mais rien de tout ça ne s'est produit. Et toi ?

Sans me répondre, Percy s'agenouille en face de la tombe de sa génitrice, la nettoie, puis se relève aussi brusquement qu'il s'est baissé.

— Elle me manque, Bianca. Tu te souviens de la chanson, affichée sur le mur de ma chambre ? Ce n'était pas une rupture difficile. C'était pour elle.

Si j'en juge par la date qui est affichée, la mère de Percy est morte il y a près de dix ans. Il devait en avoir quinze. Pas plus.

Une intuition ? Un éclair foudroyant que je n'avais pas vu venir ? Je ne sais pas ce qui me pousse à attraper la main de Percy et à la lover dans la mienne. Petit à petit, son poing se desserre pour accepter mes phalanges entre les siennes. Et son souffle s'accélère, jusqu'à ce qu'il fonde en larmes, serrant ma main un peu plus fort.

Il ne voulait pas craquer. Percy serre les dents, puis essuie ses yeux larmoyants d'un revers de manche, avant de se tourner vers moi.

— Viens. Partons d'ici.

Nous nous asseyons dans un café, à deux pas du cimetière. Percy a l'air encore remué par la visite de la tombe de sa mère. C'est comme s'il s'était tout à coup refermé. Muré dans le silence le plus total. Il remue l'allongé dans sa tasse d'un geste mélancolique.

— Tu peux me parler, si tu en as envie. J'ignorais, pour ta mère. Tout ce que je voulais, c'était...

— Me suivre ? Pourquoi, au juste ?