Chapitre 28

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Stabbed in heart

Je n'ai pas vu Percy depuis une semaine. Après la soirée, la reprise des cours a été difficile. Toutes les émotions sont remontées à la surface. J'ai tourné et retourné l'affaire dans mon esprit et il y a encore des trous que je dois combler. Cole a essayé de me violer et Percy est intervenu une fois de plus pour me sortir de ce mauvais pas. Mais cette fois, il n'y es pas allé de main morte. J'ai vu la violence, dans ses yeux. J'ai senti qu'il était prêt à aller au bout et à tuer Cole, si on lui en avait laissé l'occasion. Ni Cole, ni lui ne sont revenus en cours et tout le monde ne parle que de ce qu'il s'est passé chez Jessica qui, elle, se montre la plus discrète possible.

Je crois qu'elle se sent responsable de ce qui est arrivé. Aussi, entre deux cours, je l'interpelle. La petite blonde se tourne et lorsqu'elle croise mon regard, le sien s'assombrit.

— Oh, Bianca, c'est toi. Écoute, je suis un peu pressée, alors...

Je plaque ma main contre son casier pour l'empêcher de me dépasser.

— Ça suffit. Ça fait une semaine que tu m'évites.

— Après ce qu'il s'est passé, tu peux comprendre, non ? C'était sous mon toit ! J'ai été interrogée par les flics, Bianca !

Je lève les yeux au plafond. Les flics ? La belle affaire. Si elle savait le nombre de fois où ils se sont intéressés à moi en tant que Camilla. Pour tout et rien.

— Je veux juste savoir ce qu'il s'est passé. Pour Percy.

Jessica secoue la tête.

— Laisse-moi tranquille, s'il te plaît. À chaque fois que tu es dans les environs, il se passe des choses terribles.

— De quoi tu parles, putain ?

J'ai haussé le ton. La réponse ne me plaît pas. Je tente de me contrôler pour ne pas être trop agressive, mais j'ai besoin qu'elle m'en dise un peu plus que ça.

— Tu as frappé Vicky. Ensuite, Percy a presque tué Cole dans la salle de bain de mes parents. Il a cassé le miroir, et... Enfin... Tu vois, quoi.

— Cole a essayé de me violer !

— Oui, c'est ce que tu dis...

Je passe outre sa remarque et insiste sur le sujet de Percy.

— Je ne sais pas, rétorque-t-elle. Je crois qu'il n'y a pas eu de plainte, mais il a aussi été interrogé par la police. Je peux y aller, maintenant, ou tu comptes me retenir encore longtemps ?

Je me rends compte qu'à l'évocation du nom de Percy et de cette affaire, chez Jessica, j'avais la main plaquée sur l'épaule de ma camarade pour l'empêcher de bouger. Ce n'était pas contrôlé. Uniquement instinctif.

Je relâche mon emprise sur elle et décide de sécher les cours pour le reste de la journée. Je dois retrouver Percy. Je dois comprendre ce qu'il s'est passé et surtout, faire taire le feu qui hurle en moi lorsque je pense à lui. Je vais aller le voir et lui dire d'arrêter de me protéger et de jouer au prince charmant. Je ne me plais pas dans le rôle de celle qui doit être sauvée et celui du preux chevalier lui sied très mal également.

Tout ce qu'il s'est passé l'autre soir n'a aucun lien avec l'université. Je suppose donc qu'il n'a pas été renvoyé mais que s'il ne met pas le pied en cours, c'est pour d'autres raisons.

Je me rends jusqu'à sa chambre et frappe à de nombreuses reprises. Jusqu'à ce qu'il ouvre.

La porte s'ouvre sur la silhouette élancée de Percy, qui me regarde avec tout le mépris dont il est capable. Il est très propre sur lui. Il a enfilé un costard et attaché ses cheveux.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Toi. Ne t'avise plus jamais d'agir comme tu l'as fait l'autre soir. Tu as compris ?! Je ne suis pas ta meuf, je n'ai pas besoin de toi pour être secourue et ton comportement commence vraiment à me briser les ovaires puissance mille !

Toutes mes paroles ont l'air de glisser sur lui comme sur une poêle anti-adhésive. Il ne bronche pas le moins du monde.

— Je vois. J'imagine que j'intervenais durant une partie de jambes en l'air consentante et parfaitement maîtrisée. J'y penserai, la prochaine fois.

— Il n'y aura pas de prochaine fois ! Je contrôlais la situation.

— C'est tout ce que tu avais à me dire ? Dans ce cas, tu peux me laisser passer.

— Tu comptes fuir cette conversation ?

Percy me bouscule sur son passage, ferme la porte de sa chambre, puis, sans s'arrêter un seul instant, poursuit dans le couloir

— Hé ! Je te parle !

— Quelle conversation, au juste ? demande-t-il sèchement en se tournant. Tout ce que tu sais faire, c'est accabler les autres de reproche. Mais très bien : je n'essaierai plus de t'aider.

Pas un mot de plus. Je me demande ce qu'il peut bien avoir en tête. Pour en avoir le coeur net, je prends Percy en filature. Il marche, déterminé, dans les rues de Palm Beach. Il s'arrête d'abord chez un fleuriste pour acheter un bouquet. Mmmh, j'aurais dû m'en douter. Habillé comme ça, il ne peut que se rendre à un rencard.

Régulièrement, il se tourne, comme s'il sentait mon regard persistant sur lui. Sa route le conduit jusqu'au cimetière le plus proche et moi, je reste perplexe. Sourcils froncés, je continue de le suivre. Je suis allée trop loin pour renoncer, maintenant.

Percy s'immobilise devant une tombe, puis y dépose les fleurs. Tout à coup, je me sens tellement bête d'être venue jusqu'ici. Cachée derrière une allée, je l'observe, en train de parler seul.

— Salut, maman.

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