Twins Campus

Chapitre 19

19

Be yourself

Il est 6 h 30 du matin lorsque les volets de ma chambre s'ouvrent d'eux-mêmes. J'ai traîné extrêmement tard sur les réseaux sociaux, beaucoup trop nerveuses de voir les commentaires à propos de ma prestation. J'ai passé la nuit à regarder les # me concernant, à écumer Instagram et twitter et à essayer de recueillir des avis à propos de mon intervention dans l'émission d'Annie. Je pensais que tout le monde était plutôt unanime, mais je me suis trompée. J'ai aussi ramassé pas mal de seaux de merde auxquels je ne m'attendais pas.

« Enfin, Camilla sait faire autre chose que de la merde ! », « Elle montre juste son cul c'est pour ça qu'elle perce », « rhabille-toi, salope », « DM moi pour lancer ton business en ligne ».

Il y a bien sûr des commentaires positifs et des choses un peu plus gentilles à mon égard, mais la haine est légion sur internet et j'ai l'impression que tout le bon est noyé par le mauvais. Et faire défiler ces commentaires, encore et encore, est une véritable drogue. Je ne m'en passe pas. Je suis devenue accro. Je ne lis même plus les compliments et me contente seulement de réagir avec mauvaise foi à toutes les critiques qu'on m'inflige.

En moins d'une heure, j'étais en TT sur #CamillaEstadillasFinalyHasTalent. Comme si tout le monde en doutait auparavant. Ça devrait être une bonne nouvelle, mais très rapidement, d'autres hashtags plus haineux se sont multipliés pour me descendre. Être aussi exposée me donne mal à la tête. Ce n'est pourtant pas mon nom qui est porté aux nues ou traîné dans la boue, mais je me sens profondément concernée.

— Mmh... Mais qu'est-ce qu'il se passe ?...

Nate est déjà là, debout dans ma chambre, tiré à quatre épingles.

— L'heure du réveil, madame.

— J'ai rendez-vous ?

— Évidemment. Avec Teddy.

J'essaye d'ouvrir les yeux, mais j'en suis presque physiquement incapable. J'ai besoin d'une marmite entière de café pour me réveiller. Je suis encore toute hagarde. Comment Nate peut-il être aussi frais et dispo ?

— Qui est Teddy ?

— Votre coach sportif, rétorque-t-il en déposant un shaker sur ma table de chevet.

Un coach sportif ? Merde... J'aurais dû m'en douter. Camilla ne peut pas naturellement avoir un physique aussi avantageux que le sien. Il y avait forcément un secret et le voilà : elle voit régulièrement un coach qui l'aide à rester en forme.

— Quand ?...

— Dans moins de quarante-cinq minutes.

Ce qui me laisse donc peu de temps pour m'extirper du lit et me préparer.

— Et tu ne peux pas annuler ? râlé-je en replongeant ma tête dans l'oreiller.

Nate s'approche du lit, puis me lance ce que je devine être un sourire extrêmement discret.

— Je regrette, mais je ne peux pas. Madame doit rester en forme en toutes circonstances pour assurer ses shows.

— Bien...

C'est à regret que je me lève alors que le soleil, lui, dort encore. Pourquoi une telle torture ? Je me le demande...

Trois-quart d'heure plus tard, je me retrouve nez à nez avec Teddy, un grand type afro-américain de la trentaine passée aux bras plus épais et musclés que mes cuisses. Ce n'est pas un homme, c'est un colosse au grand sourire de nacre immaculé.