Chapitre 11

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11.

Deal

Je n'arrive pas à croire ce que je suis en train d'accepter. Je ne crois pas que Camilla se rende bien compte de la situation. Ou alors, c'est moi qui ne parvient pas à me l'imaginer. Je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, nous commençons sérieusement à discuter des modalités. C'est moi qui prends la parole en premier :

— Donc... Je serai toi et tu seras moi ?

Camilla hoche la tête.

— Combien de temps ? continué-je.

— Jusqu'à ce que je n'aie plus besoin de vacances, j'imagine.

Je prends la remarque comme un affront. Est-ce qu'elle a l'impression que ma vie est une partie de plaisir ? Que je me lève tous les matins avec l'impression de n'avoir rien à faire de mes journées ? Si c'est le cas, elle va être déçue, aucun doute là-dessus.

— Pff. OK. Tu vas le regretter.

— Et toi donc.

Une idée me traverse.

— Attends. Parce que pour que l'immersion soit parfaite, je dois être complètement toi, nous sommes bien d'accord ?

Camilla hausse un sourcil, puis acquiesce.

— Ouais, j'imagine ? Et alors ?

— Dans ce cas, donne-moi ton téléphone portable.

— Tu penses que je suis dingue ? Cet appareil te permettrait de détruire ma carrière, si tu le voulais. J'ai absolument tout, dedans. Y compris des numéros de stars.

Je reste confiante. Si je nous n'échangeons pas toutes nos vies, ça n'a pas réellement de valeur et je comprends bien que Camilla est sur le point de craquer vis-à-vis de sa carrière. Je garde la main tendue, droit en face d'elle.

— Bien ! concède-t-elle. Mais je te préviens : si je vois le moindre écart, ou la moindre merde, je rapplique aussitôt et je te casse la gueule. Enfin, de toute façon, Nate est au courant de notre arrangement. Il fera ce qui est nécessaire en cas de problème.

— Et je dois admettre que je n'approuve pas cet échange, madame. C'est... Presque de la démence.

— Je me fiche pas mal d'être folle, Nate. Pour être un artiste, il faut l'être au moins un peu. Sinon, on choisit un autre métier.

Comme à son habitude, Nate ne bronche pas. Il se contente d'encaisser sans prononcer un mot plus haut que l'autre.

— Je n'y crois pas... Je tiens vraiment ton téléphone... m'exclamé-je avec surprise.

— Ouais, ne t'avise pas de foutre la merde dans ma vie.

— J'allais dire la même chose pour toi. Je suis une étudiante respectable et j'ai bonne réputation. Personne ne me connaît et ce n'est pas plus mal.

— Bien. Disons qu'on peut toutes les deux détruire la vie l'une de l'autre et que nous pourrons facilement prouver la supercherie en cas de problème. Moi, avec Nate et toutes mes connaissances dans le milieu et toi, avec tes petits camarades, je suppose. Mais qui aurait envie de reprendre ta vie ? Rappelle-toi que ce ne sont que des vacances. Ne t'habitue pas trop vite. C'est clair ?

Le deal est conclu, mais pas encore signé. Camilla y tient et à vrai dire, moi aussi. Mon coeur bat à mille à l'heure. Je n'arrive pas à croire que nous allons vraiment faire ça. C'est complètement fou.

Voilà les clauses du contrat :

Ne pas détruire la vie de l'autre. Si l'une des deux parties souhaite arrêter, l'expérience prend fin. Pas de relations amoureuses.

Camilla appose sa signature sur le bout de papier puis c'est à mon tour de m'y plier. Une fois le document ratifié, il entre dans la poche de Nate — et certainement qu'il n'en ressortira plus jamais.

— Bien, me lance Camilla. Puisque tu es moi, désormais, tu vas avoir besoin d'un peu plus qu'une tronche d'intello. Tu vas devoir me ressembler un peu plus. Pour ça, je vais t'aider. Ensuite, je me rendrai super banale pour être comme toi.

Je ne relève même pas la pique qu'elle vient de me lancer et me contente d'acquiescer d'un vague mouvement de tête. Je me doutais que je devrais passer par cette étape. Si je veux être crédible dans le rôle d'une star internationale, je dois avoir l'allure d'une star internationale.

— Attends, je vais devoir porter des tatouages ? m'étranglé-je.

— Non. Enfin... Pas des vrais, en tout cas. Tu as bien la tronche d'une meuf qui a peur des aiguilles. Je ne vais pas te contraindre à ça, même si j'en ai très envie.

— Alors, euh... Comment tu gères ta vie, de manière générale ?

Camilla se fend d'un sourire moqueur.

— Je croyais que tout était facile ?

— Tu ne m'as donné aucun détail, pesté-je. Tu ne peux pas m'en vouloir de poser une question ou deux.

— Si tu veux savoir comment doivent se dérouler tes journées, tu t'en réfères à Nate. Il est ta boussole dans le noir. Compris ? Et quand tu n'as pas envie, tu dis juste « non ». C'est aussi simple que ça. Nate comprendra. Pas vrai ?

L'intéressé opine du chef, puis se retourner pour se frotter les mains en face du feu qui crépite dans la cheminée.

— Entendu. Devenir une star, ça ne doit pas être si compliqué... Et... Pour parler de sujets un peu plus triviaux... Tu as donc sûrement appris que ma mère... Enfin... Que maman était morte. Et... Je n'ai pas du tout de quoi payer l'enterrement, alors...

— Ça va, me coupe-t-elle, je m'en charge. La femme qui m'a donné la vie et a décidé de m'abandonner sera enterrée dignement. Et nous commencerons cette expérience après la cérémonie. Ça te convient ?

— C'est d'accord, rétorqué-je.

— Et pour te montrer que je suis sûre de moi, j'ai envie de pimenter les choses avec un petit pari. Qu'est-ce que tu en penses ?... 

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