Chapitre 38

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One more time

Je n'ai pas parlé à Percy depuis plusieurs jours. Ce n'est pas entièrement de sa faute. C'est aussi de la mienne. J'ai été blessée par ce qu'il a dit à propos de moi — même s'il ne savait pas qu'en parlant de Camilla Estadillas, il me touchait personnellement —, mais la responsabilité revient aussi à Bianca. Je commence à développer des complexes vis-à-vis d'elle. Comment est-ce possible ?! Je ne devrais pas me soucier de ses performances. Elle a sûrement eu de la chance. Tout comme je ne devrais pas m'occuper de l'avis de Percy. Tout le monde se fiche bien de ce qu'il peut penser. Je suis célèbre et talentueuse. Je suis une artiste.

Enfin, je crois...

Quand on a des carrières aussi explosives que la mienne, bien sûr, on profite et on se fait cirer les pompes de tous les côtés. Mais on se demande aussi : et si j'avais décidé autrement ? Et si je m'étais trompée ? Est-ce que cette voie me rend vraiment heureuse comme je l'aimerais ?

— Alors, la weirdo, on n'est plus avec son petit-copain ? me lance Vicky au détour d'un couloir.

Ça, c'est ce que j'appelle une charogne. Avec Percy, nous ne nous sommes plus affichés ensemble depuis que j'ai cessé de lui parler à cause de ma petite crise. Forcément, toutes les vipères du campus en profitent pour cracher leur venin. C'est toujours quand on est au plus bas, avec une tête de déterrée et des idées noires plein l'esprit que les pires ordures attaquent. C'est ce qu'on appelle des vautours. Ils viennent se repaître des cadavres.

Comme si Percy avait été ma seule protection jusqu'à présent. Ce n'est pas le cas. J'ai très bien pu me défendre contre ces pétasses par mes propres moyens.

— Qu'est-ce que tu veux ? rétorqué-je en faisant claquer mon casier.

— Wow, wow, wow... Du calme, la zarbi. Je ne suis pas là pour faire la guerre.

— Commence par m'appeler différemment, dans ce cas.

— J'aimerais bien qu'on parle toutes les deux dans un endroit un peu plus tranquille, si tu vois ce que je veux dire...

Je fais rouler mes yeux dans leurs orbites, puis, piquée par la curiosité, accepte de suivre Vicky jusque dans un escalier reculé de l'université. Nous nous asseyons sur les marches et elle dégaine une cigarette, avant de m'en proposer une.

— Mmh... Pourquoi pas. Ça fait longtemps que je n'ai pas tiré sur une clope.

— Je ne t'imaginas pas fumer.

— Il y a beaucoup de choses que tu n'imagines pas, sur moi.

Vicky allume nos cigarettes, puis hoche la tête avec un air compréhensif. J'ai l'impression qu'elle essaye de faire ami-ami avec moi et ça ne me plaît pas du tout.

— Tu as changé de catégorie, avoue-t-elle en expirant sa fumée. Tu étais une fille bizarre et seule et maintenant, tout le monde te craint. À croire que tu es Mercredi Addams.

— Je t'assure que je n'ai rien à voir avec elle, rétorqué-je en plantant mon regard dans le sien. Parce que moi, je suis bien réelle.

Vicky me lance un sourire que je devine presque sincère. Dingue. Je n'imaginais pas qu'elle retournerait sa veste aussi facilement.

— Où sont tes sbires ? continué-je.

— Je voulais te parler seule à seule.

— C'est rare. Le Diable ne se promène jamais sans ses diablotins.

Twins CampusWhere stories live. Discover now