Chapitre 14

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14.

An eye for an eye

— Ça va, foutez-moi la paix, argh. Merde... pesté-je.

L'infirmière me regarde avec un drôle d'air. Qui est-elle pour me toucher, celle-là ?

— Je suis médecin. Je dois remettre votre épaule, mademoiselle, lance un grand monsieur au crâne dégarni en entrant dans ma chambre.

Je lève les yeux au plafond. Je n'arrive pas à croire ce que je viens d'entendre. Et il va faire ça comme ça, peut-être ? Peu après le mauvais coup que j'ai reçu de la part de ce connard de Cole, j'ai demandé à ce qu'on appelle une ambulance. La douleur était trop intense. Maintenant que je suis à l'hôpital, j'ai une furieuse envie d'envoyer des baffes à tout le personnel. Pourquoi personne ne s'est occupé de moi jusqu'à présent ?

— Putain, vous avez pris votre temps.

— Vous êtes dans une clinique surchargée, mademoiselle. Vous avez l'épaule démise et moi un patient en phase terminale et un enfant qui a avalé un lego et qui était en train de s'étouffer, ce qui a demandé une trachéotomie d'urgence.

Sa réponse était glaciale. Je préfère ne rien dire et laisser la pression retomber.

— Vous avez une assurance ? demande-t-il.

— Oui. Je m'appelle Cam...

Et merde. Tout à coup, je réalise. Bianca n'a pas mes moyens. Elle n'est sûrement pas couverte pour ce genre d'incidents. Pour... Certainement rien du tout, en fait. Elle n'aurait même pas pu enterrer sa mère dignement sans moi, donc je suppose qu'elle n'a pas l'argent pour payer un séjour à l'hôpital. Ce que je peux être conne... J'aurais dû y penser.

— Vous avez quoi ? Finalement, je me sens mieux. Arghh... Je vais y aller, OK ?

L'infirmière et le médecin me regardent comme si je venais de prononcer une énormité et m'enjoignent de me rallonger sur le lit.

— Vous n'êtes pas assurée ?

— Non. Et qu'est-ce que vous allez faire ? Me foutre en taule ?

— Vous allez au moins régler le transport en ambulance. Ensuite, nous verrons.

Ouais. J'aurais dû m'en douter. Dans ce pays, si on n'a pas d'argent, on n'est pas malade. C'est comme ça. Tout se monnaye. Merde, j'aurais dû y penser. J'étais tellement persuadée d'être encore assurée sous ma vraie identité que j'en ai oublié notre échange, avec Bianca.

Au moment où nous quittons la pièce pour nous rendre à la réception — où je suis censée régler —, je démarre un sprint monumental pour quitter l'hôpital au plus vite.

Je suis d'abord poursuivi par le docteur, puis par les agents de sécurité à l'entrée. Mon épaule me lance tellement que j'ai envie de mourir, mais je ne me laisse pas démonter. S'ils m'attrapent, cette fois, je ne risque pas seulement de payer, mais aussi de finir sur un strapontin au poste de police. Le pire, c'est que j'ai les moyens, c'est juste que j'ai tout laissé dans ma chambre universitaire, au fond de mon sac.

Pieds nus, chaussures à la main, je déambule dans les rues de Palm Beach en essayant d'échapper au regard vigilant des agents de sécurité qui sont encore à ma poursuite. Bon sang, vont-ils finir par me foutre la paix ? Ce n'est pas comme si j'avais tué quelqu'un ! D'accord, je quitte l'hôpital sans régler l'ambulance, mais ce n'est pas la mer à boire !

Ma fuite me conduit jusqu'à la plage, ce qui me permet de me réparer vis-à-vis du campus. Putain, cette fois, je vais vraiment avoir l'air ridicule. Même Bianca n'aurait pas fait un truc aussi stupide.

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