Twins Campus

Chapitre 45 - FIN ?

45

Once upon a time

Un chapitre se termine, un autre s'ouvre. C'est ainsi qu'une nouvelle page de mon histoire s'offre à moi. Je pose les derniers mots de mon roman en cours. Cinq longues années ont passé depuis que nous nous sommes installés, avec Camilla, dans cette maison du Michigan dont nous avons fait un formidable foyer.

— Papa ? Tu viens jouer avec moi ?

Charlène est le portrait craché de sa mère. Elle a son caractère de feu. Ce roman était un but, pour moi, mais elle est ma nouvelle raison de vivre. Elle est ce qui me porte tous les matins. Elle et sa mère sont mes trésors les plus précieux et je suis heureux de la vie que nous menons, aujourd'hui.

— Je ne peux pas, ma puce. Je dois...

— Percy, tu viens ?! La table ne va pas se mettre toute seule ! Charlène, toi aussi !

— Tu as entendu ta mère, mmmh ?

— Tu vas te faire gronder parce que tu es resté sur ton ordinateur ?

Perspicace. Je hoche la tête avec un air complice, puis lui adresse un clin d'oeil.

Bianca et Nate ne vont pas tarder à arriver pour fêter Thanksgiving avec nous.

— Ta tante et ton oncle seront bientôt là, ma puce. Tu devrais préparer tous tes instruments pour les montrer à tata Bianca.

Je ne suis pas un expert en ce qui concerne les fins heureuses, mais je crois qu'enfin nous pouvons dire que globalement, tout va pour le mieux. Je n'imaginais pas que ma vie puisse un jour ressembler à cela. Je me suis toujours considéré comme un artiste maudit, incapable d'être compris par la société. Je crois que je le suis encore aujourd'hui. La différence c'est que Camilla, elle, me comprend. Au-delà de ça, elle me soutient. Elle m'accompagne dans toutes les nouvelles épreuves que j'ai à franchir. Finalement, je crois que c'est ça, l'amour. Le vrai. Lorsque je la regarde, je vois au fond de ses yeux qu'elle n'est pas simplement une femme qui love sa main dans la mienne. Non. C'est bien plus que cela. C'est une alliée. Une amie fidèle, une amante d'exception et une mère de rêve. Elle me rappelle à chaque instant que quelles que soient les épreuves à venir, je ne les traverserai plus jamais seul, ou dans le noir. Il y aura toujours sa présence, près de moi, pour me rassurer.

J'ai beaucoup avancé sur moi-même. Mon père a tué ma mère. C'est vrai. Il l'a poussée à commettre l'irréparable et je serai toujours ce gamin brisé par la vie, au fond de lui. Mais au lieu de me venger et d'en vouloir au monde entier, j'ai décidé de prendre ma revanche autrement : en offrant à Charlène et à Camilla la vie qu'elles méritent. Parce qu'on ne réussit que dans le bonheur. Il n'y a rien d'entreprit par la haine qui puisse tenir sur le long terme. J'ai mis longtemps à l'accepter et à faire mon deuil. Définitivement. C'est une cicatrice du passé, désormais.

Tout le monde a fait du chemin. Je ne suis pas le seul. Camilla, elle, a décidé de reprendre doucement ses activités musicales. Elle compose, écrit quelques textes mais surtout, elle investit ce qu'il lui reste d'argent dans la découverte de jeunes artistes prometteurs qu'elle accompagne pour qu'ils se développent. C'est ça, désormais, son travail. Ce qu'elle aime le plus ? Voir des paillettes dans les yeux de ceux qu'elle épaule. Et surtout, c'est une chevronnée : elle est en mesure de les préparer au show-business, au star-système, pour d'autres, et de leur en éviter les écueils.

Bianca est devenue aussi célèbre qu'une chanteuse de pop américaine puisse le devenir. D'abord étoile montante de la musique, elle est aussi connue pour ses prestations touchantes et mélancoliques que pour ses prises de position audacieuses. Toutes les deux travaillent ensemble, avec Camilla, pour développer un label musical plus éthique et moins toxique pour les jeunes artistes qui s'y essayent.

Quant à Nate, malheureusement, même si sa mère est décédée, il n'est plus obligé de combattre dans des arènes clandestines pour gagner quelques dollars. Son nouveau job de manager le comble de bonheur et de défis. D'abord uniquement celui de Bianca, il est progressivement devenu celui de toute l'écurie artistique du label. C'est une véritable petite entreprise familiale dans laquelle je ne trouve pas ma place, mais je m'en fiche.

— Salut, la famille ! lance Bianca en passant la porte et en attrapant Charlène par la taille. Oh, comme tu as grandi, ma chérie !

Charlène réplique tout de suite en agitant ses mains.

— Avant, j'étais comme ça et maintenant, je suis haute comme ça !

— C'est clair ! Tu vas bientôt me dépasser.

Poignée de main avec Nate. Sourires. Apéritif.

— Pffiouh, si tu aimes ta nièce tant que ça, tu n'as qu'à la garder, tiens, réplique Camilla. Je te jure que ce n'est pas un ange tous les jours.

— Tu plaisantes ? Je tuerais pour avoir une enfant aussi adorable !

— Mouais. On échange, si tu veux.

Leurs regards se croisent, puis l'hilarité leur monte aux joues. Toutes les deux comprennent l'absurdité de la situation.

— Non. Pas cette fois. Hein ?

— Tu crois que je ne serais pas capable de gratter à la guitare et de chanter en ayant l'air de pleurer ? taquine Camilla.

— Vous n'allez pas recommencer, pas vrai ? s'inquiète Nate.

— Qu'est-ce qui te dit qu'on ne l'a pas déjà fait ?

Les deux soeurs, plus complices que jamais, échangent un sourire et un clin d'oeil.

C'est la fin d'une histoire, mais aussi le début d'une nouvelle.

— Et ton livre, Percy ? demande Nate.

— Finalement, je crois qu'il n'est pas tout à fait terminé.