Chapitre 26

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Hell is a good place to live

— Je vais reprendre ce qui est à moi, parce que putain, je te jure... Depuis que tu te la joues un peu plus badass, tu m'excites encore plus, lance Cole en s'approchant d'un pas.

Il a déjà la main sur sa ceinture et moi, je recule autant que je peux. Cette fois-ci, je suis toute seule et crier ne me sera d'aucune utilité. Je dois me défendre d'une manière ou d'une autre.

— Dégage, je ne veux pas de toi.

— Ça aussi, c'est excitant. Viens-là !

Il se jette sur moi comme une bête, puis m'attrape par les hanches avant de me retourner contre l'évier. Il maintient ma tête tandis que je me débats.

— Qu'est-ce que tu fous ? Putain, lâche-moi, sale taré !

Je sens qu'il utilise l'une de ses mains libres pour tenter de retirer mon pantalon.

— Laisse-toi faire, ça ira plus vite. De toute façon, je sais que tu aimes ça. Tu gémis comme une chienne à chaque fois que je te baise.

Ce n'est pas ce que j'ai lu dans le journal détrempé de Bianca. Bien au contraire. Les relations sexuelles avec Cole n'étaient presque jamais consenties et lorsqu'elles l'étaient, elles étaient décrites comme désagréables, violentes et douloureuses. Jamais Bianca n'a pris le moindre plaisir avec lui, tout simplement parce que ce type est une brute de la pire espèce qui n'hésite pas à utiliser la force pour obtenir ce qu'il veut.

J'agite mes jambes pour essayer de le déstabiliser, mais cela ne fonctionne pas. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens impuissante. Incapable de me défendre. De vieux traumatismes de producteurs véreux refont surface. Avant que je ne rencontre Anton, j'avais déjà essayé d'être produite et je suis tombée sur pas mal de tordus qui ont essayé de profiter de moi au lieu de me signer. Tout ce qu'ils voulaient, c'était m'utiliser comme branlette améliorée avant de me jeter comme un mouchoir sale. J'ai toujours réussi à préserver ma dignité et malheureusement, je ne suis pas étrangère à ce genre de situations. C'est comme un cycle qui se répète sans cesse. Les agressions sexuelles, les violences...

Cole réussit à me déshabiller suffisamment pour avoir un angle de pénétration, même si je me débats de toutes mes forces. Je ne peux pas croire qu'il va vraiment réussir à...

Je me tourne d'un geste sec et suis réprimandée d'une gifle qui me décolle presque la tête.

— Tu as voulu jouer les putes ? Assume, maintenant.

Abasourdie, j'essaye de me raccrocher à ce que je peux. OK, j'ai un entraînement régulier avec Teddy et je suis plutôt du genre résistante, mais Cole est dans l'équipe de foot de l'université et il n'est pas en reste en ce qui concerne les muscles. Il me surpasse largement sur le plan physique. Je déteste avoir à le reconnaître, mais je suis parfaitement impuissante. Je n'arrive pas à savoir si mon cerveau pense à cent à l'heure ou au ralenti. C'est comme si mes sens ne répondaient plus. Le sang pulse dans mes tempes.

Cole, beaucoup trop heureux de me tenir et de me violenter, approche sa bouche de mon oreille sans me toucher.

— Je vais prendre mon temps et tu vas adorer ça.

La porte de la salle de bain s'ouvre avec fracas sur la silhouette courroucée de Percy. Ses deux yeux sont chargés de nuages noirs, comme si une tempête allait éclater sous peu.

— Bianca, dégage de là, me lance-t-il en entrant.

Est-ce qu'il vient de défoncer la porte ? Sans même me laisser le temps de réagir, il se jette sur Cole et lui envoie une droite digne des plus grands boxeurs. Mon agresseur trébuche dans la baignoire en arrachant les rideaux de la douche au passage, puis se relève sans la moindre grâce. Je suppose qu'il veut se défendre, mais Percy est beaucoup trop en colère pour lui laisser le temps de faire quoi que ce soit. Il abat ses coups sur lui les uns après les autres sans répit. Tout ce que je suis en mesure de voir, c'est la rapidité d'action de Percy, la précision de ses mouvements, et le visage de Cole, déformé par la douleur et le sang.

— Tu veux toujours jouer les violeurs, maintenant ?

— Lâche-moi, pauvre taré !

Cole essaye de se défendre, mais Percy a une emprise beaucoup trop puissante. Pourtant, il n'est pas plus carré, physiquement, que Cole. Mais sa force a l'air d'être démultipliée par la rage qui l'anime. Percy, le garçon calme et aigri qui écrit dans sa chambre, n'est plus qu'une bête. Ses yeux sont ceux d'un animal sauvage prêt à tuer.

Il expédie Cole contre le robinet de la salle d'eau. Le miroir se brise sous l'impact du crâne de Cole.

— Je répète : tu veux encore jouer les violeurs ? Je suis là ! Qu'est-ce que tu attends, chien ?! Je vais m'occuper de toi, tu n'as pas terminé de gueuler.

Comme si la cruauté et l'anéantissement de Cole étaient désormais ses seules boussoles, Percy redouble de créativité pour le faire souffrir. Il lui inflige les pires tourments, sous mon regard médusé. Je ne sais pas quoi faire, ni quoi dire. Je reste pétrifiée, au niveau de la porte de la salle de bain. Incapable de bouger. Ce n'est pas une bagarre, c'est un massacre.

— A-arrête, marmonne Cole. Arrête ! Je t'en supplie !

Percy l'attrape par les cheveux, puis lui écrase la tête contre l'évier de la salle de bain, avant de la lui claquer contre le miroir une fois de plus. Des lambeaux de verre chutent au sol et Percy a l'ingénieuse idée d'en ramasser un à mains nues pour attaquer Cole avec.

Il le plante à une, deux, puis trois reprises. Comme un animal en furie.

— Espèce de porc ! Je vais te donner des raisons de ne jamais oublier mon visage, Kenny.

— K-Kenny ? Mais...

C'est trop. Je suis obligée d'intervenir pour ne pas qu'il le tue. Alors que j'essaye de retenir Percy dans sa folie meurtrière, d'autres invités font irruption, à leur tour, dans la salle de bain. Percy et Cole sont séparés et bien sûr, Jess' appelle une ambulance. En moins d'une minute, à grand coup de rage et de créativité cruelle, Percy a réussi à mettre Cole dans un sale état.

« Il est taré, ce mec », « Qu'est-ce qu'il lui prend ?! », « Appelez la police ! »

Tétanisée, plantée dans le sol du couloir comme un bégonia, je regarde Percy se faire emmener par nos camarades. Dans l'agitation, le brouhaha et la cohue violente, je croise ses yeux : déterminés, glacés, puis, en un éclair, tendres, lorsqu'ils se posent sur moi.

Twins CampusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant