Chapitre 41

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We gonna live forever

[[Tu dois reprendre ta vie tout de suite]]

[[Je ne peux pas. Percy a des problèmes. Je dois rester ici pour l'aider]]

J'ai tout raconté à Bianca par messages. Je voulais qu'elle connaisse ma situation et qu'elle la comprenne, voire, qu'elle rapplique pour m'aider. Normalement, elle devrait être en route.

[[Je ne veux rien savoir, Camilla. Anton Demazio a suspendu ta collaboration. Tu es dans la merde jusqu'au cou, tu pourrais tout perdre !]]

[[Putain, Bianca, tu ne peux pas t'en charger ne serait-ce qu'un tout petit peu ?]]

[[Ce n'est PAS ma vie !]]

[[Alors tu t'es bien amusée et maintenant, tu renonces ?]]

J'essaye de gagner du temps. Je n'ai pas encore été interrogée par les forces de l'ordre, mais je suis la prochaine sur la liste. Je dois me souvenir de tout, dans les détails, et surtout, leur donner une version qu'ils pourront accepter, me concernant. La loi, c'est pour les gens qui ne sont pas de mon milieu et je parviendrai à prouver sans trop de soucis que je suis bien Camilla Estadillas.

[[Je veux récupérer ma vie !]]

[[Tu es en route ?]]

[[Oui. J'arrive]]

Lorsque l'inspecteur me place en salle d'interrogatoire, je suis tout de suite mal à l'aise. Lorsque Bianca arrivera, tout rentrera dans l'ordre. Tout ce que j'ai à faire, c'est leur dire la vérité à propos de Cole et de ce qu'il s'est passé, ce soir-là. Je ne rentrerai pas dans le jeu de sa famille, ou de Vicky. Je ne protège pas les violeurs et ordures de son espèce. J'ai eu mon lot de déconvenues dans ce domaine et je ne suis pas prête de prendre parti pour les oppresseurs.

— Bien. Vous avez déclaré être Camilla Estadillas, c'est bien ça ? Vous parlez de la célèbre chanteuse ? Amusant.

Je tends exactement les mêmes preuves à l'inspecteur qu'à Percy. J'imagine que cela devrait suffire à le convaincre de la véracité de mes propos.

— Je peux ramener une armée d'avocats tellement puissante que vous n'avez pas idée du temps que prendrait une procédure et des emmerdes dans lesquelles la famille de Cole se mettrait s'il décidait de poursuivre la plainte. À votre place, je leur proposerait d'abandonner cette folie s'ils ne veulent pas se retrouver sur la paille, avec la pire réputation de Palm Beach. J'ai de l'influence et je peux facilement parler de toute cette affaire sur les réseaux sociaux. Je suis certaine que ce serait vraiment fâcheux.

Au lieu de se plier à ma volonté comme il devrait le faire, l'inspecteur de police reste extrêmement calme. Il ne semble pas affecté par mes paroles.

— Vous allez libérer Percy, n'est-ce pas ? C'est moi, la victime, dans cette affaire.

— Dans ce cas, c'est à vous de porter plainte mais je doute que vous le fassiez. N'est-ce pas ? Aimeriez-vous vraiment que cette affaire soit rendue publique ?

Je rêve, ou c'était une menace voilée ? Pour qui se prend-il, celui-là ?

— Je crois que vous ne m'avez pas bien comprise, inspecteur.

Il plaque ses mains contre la table, puis me regarde avec un air dédaigneux.

— C'est vous qui ne comprenez pas, madame. Les accusations qui pèsent contre Percy sont très graves et vous n'avez pas l'air d'en prendre la mesure. Je pense, au contraire, que la famille du plaignant obtiendra réparation lorsque nous enverrons monsieur Aiming derrières les barreaux. Là où est sa place.

A-t-il été acheté ? Comment peut-il afficher une telle confiance ? La justice n'est qu'une marionnette que les puissants sont capables de manipuler à leur guise. Je fais partie des personnes capables d'une telle prouesse, alors pourquoi cela m'est-il impossible, aujourd'hui ?

— Je vais appeler mes avocats et je vous jure que Percy va sortir de cellule plus vite que vous ne l'imaginez.

— C'est intéressant que vous parliez de bons avocats et que vous essayiez de m'intimider avec votre influence et votre popularité, madame Estadillas. Justement, il a dit que vous tenteriez sûrement de le faire. Je dois avouer qu'il avait entièrement raison.

— Qui ça, « il », demandé-je en esquissant des crochets avec mes doigts.

L'homme se lève, puis ouvre la porte de la salle d'interrogatoire pour laisser entrer Justin. Il a mon téléphone entre les mains et me sourit avec un air mauvais.

— Salut, chérie. Comment ça va ?

— Justin ?! Mais qu'est-ce que tu... ?!

— Je viens récupérer ce qui m'appartient. C'est à dire : toi. Et de surcroît, je m'assure que le sale type qui a osé te mettre la main dessus finisse là où il mérite. Puisque tu parlais, à l'instant, d'armée d'avocats... Je te rappelle que j'en ai aussi tout un tas à disposition et que je peux garder Percy à l'ombre pendant très longtemps.

Je secoue la tête, médusée par ce qui est en train de se produire. Toute cette scène se déroule sous les yeux d'un membre des forces de l'ordre, qui reste en retrait, silencieux.

— Tu n'es qu'un sale enfoiré !

— Mais, il y a une autre option... Tu sais, j'ai bien compris que tu ne m'appréciais pas. Que tu étais tombée dans les filets de ce moins que rien. Mais je vais me montrer magnanime. Et puisque je ne peux pas t'avoir pour moi, alors, je ferai en sorte d'avoir ta popularité et ton image de marque. J'ai apporté avec moi quelques documents que tu devrais signer, si tu veux que Percy revoie la lumière du jour avant plusieurs années.

— Qu'est-ce que c'est ? Où est Bianca ?

— Oh, je t'en prie... Ne lui en veut pas, sourit-il. Au moment où je l'ai surprise en train de coucher avec ton assistant, elle a tout avoué comme une gamine apeurée, puis m'a confié ton téléphone. Tu as été trahie par ta propre soeur. Mais, Camilla, tu sais ce que j'aime, chez toi ? Tu es une passionnée. Tu es franche, entière, pleine de convictions et tu vas jusqu'au bout des choses. Tout le temps. Si tu veux que Percy soit relâché et que tout le monde soit content, je te suggère de signer les contrats que voici.

À ces mots, Percy fait glisser des documents vers moi.

— Il ne s'agit que de quelques cessions de droit et autres arrangements financiers qui me seront extrêmement profitables. Après tout, j'ai contribué à lancer ta carrière, non ? Tu me dois bien ça...

Je pose mes yeux sur les papiers et j'ai l'impression que les mots se mettent à danser dessus tant ma tête est lourde. Je me suis faite avoir comme une bleue.

— Je vais tout te prendre, ajoute Justin. Jusqu'au dernier dollar. À moins que tu ne préfères que le type qui s'est sacrifié pour toi... Croupisse en prison ? Allez, Camilla, il n'est pas si important que ça et tu le sais. Vas-tu choisir sa liberté, ou ta carrière ?

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