Sain d'Esprit (Laura Woodward - tome 2)

28. Échos de Dunnes

Ysbrydial - len - lyn : nom masc. ou fém., désignant une créature spectrale du folklore dunnite. Invoqué lorsqu'un tort grave a été causé à une famille, l'Ysbrydial se charge de rendre justice en punissant, souvent de mort, les personnes désignées comme responsables.

L'Ysbrydial apparait dans de nombreuses légendes dunnites, notamment Le Loup du Ravin et La Fille-Mousse, ainsi que dans le théâtre traditionnel, en particulier celui de Joseph Tavellan. Dans la vie courante, il s'apparente au mauvais sort et à la malchance, et est cité pour expliquer les menus accidents du quotidien.

L'Ysbrydial a, historiquement, été impliqué dans plusieurs vendettas entre familles sur Dunnes, qui se sont affrontées à l'aide d'esprits vengeurs présupposés.

Apparenté au Kormiki de Saffron, à l'Envoleur de Bryne et au Banshee irlandais. Voir catég. Vengeance.

Laura repoussa doucement son ordinateur et prit une profonde inspiration, qu'elle relâcha.

Un Ysbrydial, donc. Invoqué.

Par qui et comment ?

Elle ouvrit un nouvel onglet et tapa « Sorcellerie Dunnes ».

Des centaines de résultats.

« Ysbrydial Sorcellerie Dunnes pratique ».

Bingo.

L'Ysbrydial est rattaché à sa famille. Son invocation est complexe et ne fonctionne que lorsqu'un tort important a été causé (meurtre, incendie criminel, actes ayant mené à la ruine comme le vol de bétail). Comme il est invisible, il est en réalité impossible de savoir avec certitude si l'incantation a fonctionné. Seules ses retombées sont observables : punition, souvent radicale, des personnes incriminées lors de l'invocation.

L'esprit d'amour et de paix qui a présidé à la création de ce site ne nous permet pas de dévoiler ici les détails de cette invocation, qui ne devrait jamais être utilisée à la légère. Un Ysbrydial libéré ne peut plus être rattrapé.

Pour toute information complémentaire, veuillez nous contacter.

— Ah diable, commenta Laura, à mi-voix.

Quelqu'un avait sciemment fait appel à un esprit vengeur. Un membre de la famille Byatt, probablement. Avait-il agi par superstition, dans une expression culturelle de sa fureur, ou en sachant que les Ysbrydiallen existaient réellement ?

Elle nota de se procurer les interrogatoires qu'Helen avait menés avec les parents de Jason. Peut-être y trouvait-on un indice quand on savait quoi y chercher. Même si dans le fond, ça n'avait pas grande importance : l'Ysbrydial avait été lâché, ne pouvait pas être rattrapé, et le coupable ne serait jamais jugé pour des meurtres commis par un fantôme. Au final, savoir ce dont il retournait avait peu d'impact.

Sauf que cette sorcière n'en savait peut-être pas tant que ça. Qui lui avait enseigné ce savoir surnaturel ? Un autre esprit traditionnel ? Des légendes, une pièce de théâtre ?

Il fallait creuser.

Les trois sites suivants se révélèrent de piètres copié-collé du premier. Le plagiat prospérait allègrement de page en page, avec des variations ténues, un choix de synonyme parfois audacieux, que Laura supposait issu d'une gestion maladroite d'un logiciel d'aide à l'écriture.

Elle finit par afficher le scan un peu flou d'un texte traditionnel, un fragment de légende, la fameuse Fille-Mousse (qui désignait apparemment une femme à moitié plante, et non une adepte du bain ou de la bière).