Rayonnante. Compatissante. Assourdissante.
Après un accident qui la plonge dans le coma, Fabiana s'extirpe de sa léthargie, deux ans plus tard, sans le moindre souvenir de qui elle est, ni de l'événement qui l'a entraîné sur ce lit d'hôpital.
Épaulé...
Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.
♬ Playlist ♬
🎶She Knows - Neyo (Slowed + Reverb)🎶
🎶Bluebird- Alexis Ffrench (instrumental)🎶
Manhattan, New York
Mardi 05 Septembre 2022. (À dix-neuf heures quarante-neuf)
Son ton teinté d'une grande amertume se ponctue de ce même regard meurtrier. Je me glace sur place, ne saisissant pas ce changement d'attitude ni cette question dite avec tant de fureur.
— C'est pour ça que tu as pleuré, pas vrai ? Parce que tu as vu le faible en moi et que tu as eu pitié.
Jae déteste qu'on le trouve faible. Ça lui rappelle une période de sa vie qu'il veut enterrer à jamais.
Le souhait de lui gratifier d'une mine compatissante se peint en moi, cependant, le conseil de Kate concernant son aversion pour la compassion me retient. Je me contente de secouer la tête. Ses sourcils bondissent.
— Vraiment ? balbutie-t-il.
J'acquiesce.
— Si, j'ai pleuré, c'est parce que je me sentais impuissante devant ta douleur. Je voulais te câliner, mais tu déteste ça. Je ne savais pas quoi faire !
Mon cœur se serre. Mes rétines me brûlent encore. Les plis de l'inquiétude qui froissaient son front refont surface, accompagnés de sa bouche pincée.
— Je me sentais tellement inutile ! continué-je de mimer. Je suis inutile.
Un rire tristesse se faufile entre mes lèvres. C'est à mon tour de me détourner de lui. Je le sens s'approcher de moi. Son parfum caresse mes narines. Cette odeur m'aurait grillé encore les neurones si, cette enclume dans ma poitrine ne me broyait pas jusqu'au tréfonds de mon âme.
Slaugh saisit mon menton. Son contact me galvanise. Encore. Pour mon petit plaisir, me toucher lui fait le même effet. Mon cœur s'allège du poids qui continue de le comprimer. La même sensation ressentie, quelques secondes plus tôt, s'abat sur moi, telle une claque prise de plein fouet. Je ne peux me retenir de penser que je suis abonnée à ce sentiment d'impuissance et, qu'il ne me lâcherait jamais. Mon père trouverait que je suis trop pessimiste. Il a raison, cependant, je n'y peux rien. Penser autrement alors qu'incapable, je le suis totalement. Incapable de parler. Incapable hurler quand mes proches ont besoin de mon aide. Et maintenant, incapable d'aider l'une des personnes qui prend une place importante dans mon cœur.
Je suis vraiment inutile.
Tandis que j'expectore un long soupir attristé, Slaugh remonte mon visage vers le sien. Cette même moue teintée de douleur plisse son front. Il me lâche. Un froid glace mon cœur par manque de son toucher. Mon corps le supplie de replacer ses doigts sur moi. Comme s'il avait entendu mon vœu, Slaugh, sans me quitter des yeux, retire ses gants, qu'il pose sur le chevalet à côté de lui, avant de prendre mon visage en coupe. Ses pouces effacent mes larmes. Mes paupières se ferment. Je savoure chacun de ses gestes, comme si c'était la dernière fois.
