𝑭𝒂𝒌𝒆 •° ᵐⁱⁿˢᵘⁿᵍ

8.4

- Je sais que vous allez porter plainte contre moi, Younghoon sourit en sortant une brique de jus de fraise de sa poche, affalé vulgairement sur la chaise roulante de Jisung

- Sérieusement ? Alors pourquoi tu souris ?

Mais le sourire du nouvel arrivant ne faisait que s'étirer encore plus. C'était comme s'il appartenait à une toute autre dimension, comme s'il ne partageait pas la même réalité que les deux autres. Il savait qu'il risquait la prison, et il trouvait encore le temps de se réjouir.

- Je souris parce que... Ça m'amuse de réaliser jusqu'où j'étais prêt à aller juste pour me venger de toi.

Il prit la petite paille de sa boisson et avait commencé à la siroter comme un bébé. C'était une toute autre personne. Mais l'expression "se venger" dérangeait trop le blond. Comment ça, "se venger" ? D'aussi loin qu'il s'en rappelait, il n'avait jamais fait de mal à Younghoon.

- Te venger ? Te venger de quoi ?

Mais l'autre n'avait pas eu le temps de répondre car quelqu'un était entré dans la pièce au même moment.

-  A! Gong-Gyeog-e ! Felix avait pris une position de combat, prêt à sauter sur Younghoon. (Traduction : Oh ! À l'attaque !)

- Felix non ! Jisung était intervenu. Il allait dire quelque chose d'important.

- Important du genre, "je vais te tuer" ? Parce que sinon, on gagnerait du temps en l'attaquant par derrière.

Le blond avait ordonné à son meilleur ami de se calmer par un regard sévère, et Felix s'était empressé de prendre place sur le lit, calmement. C'était juste parce que Jisung venait de sortir d'hôpital. En temps normal, il aurait rétorqué pour chasser Younghoon de la maison.

- J'ai eu une enfance difficile, raconta ce dernier en sortant désormais un Kinder Bueno. J'ai été abandonné dans la rue, adopté par des inconnus, battu et rejeté. Vous n'êtes pas concernés dans les trois premiers cas. Mais pour ce qui est de m'avoir rejeté...

- Quoi ? s'écria Jisung, ne comprenant pas. Nous, on t'a rejeté ? Tes souvenirs sont déformés mon vieux.

- Euh, allô ! Le garçon à la casquette jaune, c'était moi ! Mais vous en aviez tellement rien à foutre que vous connaissiez même pas mon prénom...

- M.D.R !!!

Tous s'étaient tourné vers Felix, qui venait de crier ces trois lettres une par une dans un fou rire.

- Je peux savoir ce qu'il y a de drôle ? Younghoon demanda avec un visage neutre et un sourcil levé.

- Mais genre, t'es le garçon qu'on a rejeté au moins vingt fois en sixième et on le savait même pas parce qu'on s'en foutait de toi, rit le roux en se tenant le ventre. Je me suis même pas rappelé de ta tronche, sérieux.

Younghoon avait beau être un ennemi, et pas qu'un simple ennemi de passage d'ailleurs, Jisung sentait quand même que son ami partait trop loin en se moquant de cette manière. Surtout après avoir appris que c'était en réalité à cause d'eux que l'autre souffrait de troubles mentaux.

- Euh Felix, je ferais pas ça à ta place. Je te rappelle que Younghoon serait capable de te lancer cette chaise roulante en pleine gueule rien que pour te tuer, Minho lui chuchota à l'oreille.

Et heureusement, le roux avait rapidement compris sa boulette. Ils avaient désormais appris qu'il ne fallait pas plaisanter avec ce jeune garçon.

- J'étais maltraité chez moi, poursuivit celui qui avait du chocolat dans la bouche, tout en faisant des grands gestes. Et au collège, il avait aussi fallu qu'on me rejette. Mais le pire, c'est quand j'ai rencontré Juyeon. Je suis tombé sous son charme avant d'apprendre que TU sortais avec lui ! Bon sang de bonsoir !

Il avait commencé à déchirer l'emballage du chocolat, comme s'il déchaînait toute sa haine dans cette action. Et Jisung se sentait mal. Il ignorait si Felix se sentait de la même manière, mais lui, en tout cas, il était mal.

- Younghoon je suis désolé... dit-il calmement, provoquant l'étonnement des deux autres sur le lit. Si on ne te parlait pas, c'était pour me protéger de mon cœur fragile, parce qu'on n'avait rien dit à ce sujet... Felix et moi ne parlions pratiquement à personne à cette époque... Ce n'était pas contre toi... Et on n'aurait jamais pensé que ça te rendrait...

- Fou ? termina Younghoon en riant. Mais je ne suis pas fou ! Ma réalité est juste différente de la vôtre !

Minho commençait définitivement à avoir peur. Mais l'oreiller qu'il tenait fort entre ses mains n'allait pas le protéger d'une quelconque attaque.

- En plus, on parlait pas aux inconnus, rajouta Felix en haussant les épaules.

- Des inconnus ? Pourquoi donc se méfier des inconnus ? Younghoon avait un sourire à en faire trembler plus d'un. Moi, je connaissais toutes les personnes qui m'ont fait du mal. Mes parents, vous deux... Oh que oui, je vous connais vous deux ! En réalité, il faut se méfier des personnes qu'on connait, hein ?

Jisung priait intérieurement pour que quelqu'un intervienne dans la pièce et emmène leur invité loin, très loin. Même en "discutant calmement", il n'était pas très net. On aurait dit Le Joker sans maquillage.

- Maintenant, tu penses que tu es heureux, hein Jisung ? poursuivit Younghoon. Avec ton petit ami, tes amis et tes parents à tes côtés ?

- Bien sûr que je le suis, répondit le blond, sûr de lui.

- Mais le bonheur ne dure pas mon pauvre ! Il ne reste pas éternellement ! Le bonheur n'est qu'une petite pause dans l'inquiétude qui constitue nos vies !

Sur ces paroles, il s'était levé, prêt à partir. Tout était dit. Et il avait d'autres chats à fouetter.

- Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? Minho avait osé lui demander, serrant plus fort l'oreiller dans ses bras.

- Ça dépend. Là, je vais rentrer chez moi. De toute façon, comme ma présence n'a jamais compté pour vous, mon absence ne risque pas de vous affecter. Pourquoi tu me demandes ça ? Tu as peur ?

Minho ne lui avait rien répondu. Il ne savait pas de quelle manière fallait-il parler à Younghoon. Il avait peur de dire quelque chose de déplacé, et de blesser l'autre par la même occasion. Constatant que le noiraud ne s'était pas décidé à lui répondre, celui qui s'apprêtait à s'en aller avait seulement haussé les épaules.

- Un écrivain a dit... Que celui qui craint de souffrir souffre déjà de ce qu'il craint.

Sur ces paroles, il était sorti de la chambre dans le plus grand des silences, laissant le trio dans la plus grande incompréhension de leurs vies. Jisung avait prit Minho dans ses bras, pour le rassurer. Même si, pour tout dire, Minho n'était pas plus apeuré que ça. Le blond profitait juste de l'occasion pour s'approprier un câlin gratuit.

Ils n'avaient rien compris à ce qui venait de se passer...

Mais une chose était sûre...

Ils n'avaient plus rien à craindre de Younghoon...

Et... Bah, tant mieux, non ?

- Vous voulez manger des cookies ?

Le trio partit dans la cuisine, plus ou moins rassurés...